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Néo libéralisme et sens du progrès

La mondialisation détruire pour construire

pauvretéCoup de frein sur la philosophie de l'histoire

De nombreuses raisons ont stoppé, au XXe siècle, les recherches prospectives sur l'avenir humain. Elles ont empêché les philosophes modernes et contemporains, d'approfondir les réflexions entreprises par Kant et Hegel à propos du devenir humain. Les folies nazies ont évidemment une place majeure, dans cette stagnation, comme nous venons de le voir, mais aujourd'hui, ce qui limite la réflexion prospective, ce sont les nouvelles "valeurs" qu'imposent l'ultra libéralisme et son représentant : le marché.

Un libéralisme d'immédiat et de court terme

Après les horreurs de la guerre, le libéralisme, bien gendarmé par le communisme alors florissant, à apporté à la société humaine, ce dont elle avait alors besoin : la liberté, le progrès social et technologique. Après la victoire des libéraux sur les communistes, le libéralisme s'est transformé en ultra-libéralisme, autrement-dit en un libéralisme tout puissant, narcissique, hyper-pragmatique et thésaurisateur. N'ayant plus que la vision du profit en tête, il maintient à présent sous l'eau, tout ce qui se rapporte au social, mais également au philosophique et à l'eschatologique. Le principe de la mondialisation (commencé dans les années 80) avait pourtant de quoi remettre en scène cette réflexion téléologique. Mais certaines de pratiques, inconscientes, nihilistes et inéquitables de ce nouveau libéralisme, ont assombri au contraire, l'idée d'une évolution positive. Les abus dont le marché s'est rendu coupable, les régressions morales, sociales, humaines et spirituelles dont il "enrichit" l'occident depuis plus de 20 ans, les risques qu'il fait courir à la planète par sa surdité, obscurcissent bien entendu, la pertinence de l'évolution.

Ce sentiment de régression n'est pas une chimère. Sur certains points, l'humanité occidentale à bel et bien régressé. Mais il s'agit d'une régression ponctuelle. Une régression locale, nécessaire (puisqu'elle a lieu) et concernant certains versants seulement de l'évolution. Dans sa globalité, l'humanité quant à elle, continue de progresser vers le « bien ».

L'optimisme né de la critique

Vision pessimiste, neutre et optimiste

  1. Il existe une vision pessimiste de l'avenir humain : le monde n'a pas de sens, l'homme est « mauvais » et court à sa perte.
  2. Une vision neutre : la vie n'a pas de sens a priori - Jean-Paul Sartre - L'humanité est, et sera, ce qu'en fait l'homme. Il est inutile de se poser la question de sa finalité.
  3. Et une vision positive que l'on retrouve dans les grandes religions eschatologiques et dans une certaine philosophie : le monde a un sens à priori et l'humanité est destinée à atteindre sa perfection.

Nous défendons ici la voie numéro 3.

Les monstruosités du XXe siècle, le nihilisme, la mise en quarantaine du spirituel et à présent, les affres de la mondialisation, ont éteint, chacun leur tour, les lumières de ce chemin positiviste. Chacun de ces événements détient une clef du problème. Le mauvais comportement du libéralisme, depuis les débuts de la mondialisation, en est une. Pour utiliser cette clef, nous devons comprendre pourquoi certains dominants, lorsque l'occasion s'y prêtes, sont amenés à abuser la société humaine.

La contestation nécessaire

Toute doctrine en place (communisme, libéralisme, mondialisation etc.) a besoin d'un contre-pouvoir suffisamment fort pour lui éviter de sombrer dans la « toute puissance ». Autrement dit, la plupart des systèmes leaders ont besoin d'opposants pour limiter leur volonté d'hégémonie.

La tendance à l'autocratie

Bien évidemment, certains caractères de dominants ne supportent aucune limite à leur expansion. Leur désir de puissance veut jouir en toute impunité des plaisirs apportés par cette toute-puissance. Ce type d'état d'esprit est un formidable moteur d'action pour l'humanité, mais il travaille aussi, instinctivement et sans relâche, à neutraliser les contestations et à démolir les oppositions. Ce trait de caractère se retrouve, bien entendu, chez tous les dictateurs mais également dans ce nouveau système libéral animé par le narcissisme.

De la dictature au narcissisme

Le narcissisme du marché

cheri samba kinshasaÀ mon sens, la mondialisation et son idéologie (le néo libéralisme) sont dans ce dernier cas de figure. A partir du moment où le capitalisme a gagné son combat contre le communisme (fin des années 80) son narcissisme s'est exacerbé. Il a engendré un désir d'omnipotence, une vision grandiose de lui-même, un manque d'empathie pour le peuple, une surestimation de ses capacités, un besoin d'être admiré, une exploitation des autres pour parvenir à ses propres fins, une agressivité, un machisme et un comportement sourd, hautain et arrogant et les télévisions de masse qui sont devenu le nouveau bras armé du marché, reflètent parfaitement cet état d'esprit.

L'orgueil de la victoire chez l'humain

Ivre de son triomphe sur le communisme, les ultralibéraux ont défoncé progressivement tous les contre-pouvoirs. Ils n'ont eu de cesse de les affaiblir (les syndicats) de les absorber (les médias) de les corrompre (les intellectuels) de les disqualifier (les communistes, les verts, les fonctionnaires) ou de les écarter du paf (les spirituels, les religieux, les citoyens maîtrisant l'art de la critique). Bref, depuis la fin de l'empire soviétique, le marché n'a cessé de réduire à néant toutes les forces d'oppositions possibles...

L'irrésistible évolution vers l'excès

Débarrassé de tous ses garde-fous, le marché a poussé son expansionnisme jusqu'à son comble. En l'espace de 20 ans, il a transformé la télévision populaire en simple supermarché, les journalistes en diffuseur de ses produits et de son idéologie et les spectateurs en vulgaires consommateurs compulsifs. En 20 ans, parce qu'ils ne rencontraient plus de critiques et qu'ils avaient une vision grandiose d'eux-mêmes, les dominants emblématiques du marché ont propulsé leurs salaires vers des sommets ahurissants et proprement honteux, sans se préoccuper de morale ni de l'effet que ça avait sur l'humanité. Pendant le même temps, toujours parce qu'il ne rencontrait pas d'oppositions conséquentes, le marché a augmenté les prix de ses produits et fait stagner ou régresser le salaire des employés.

Autrement dit, durant la période où les classes riches s'enrichissaient outrageusement, les classes pauvres s'appauvrissaient discrètement et les écarts se creusaient. Nous faisions tout simplement face et en sourdine, a une régression démocratique au profit d'une nouvelle forme d'aristocratie et tout cela bien dissimulé sous la tourmente et les trémoussement engendrés par le marché et les médias.

Un processus instinctif et inconscient

Toutes les grandes périodes d'abus sont ponctuelles. Un grain de sable où leurs propres excès viennent nécessairement les interrompre. Cela peut être un accident (une crise, une révolution, etc), le réveil des oppositions où l'apparition d'une nouvelle force critique (aujourd'hui, le net). Un retour vers l'éthique se met alors en place. Il restaure peu à peu une révolte contre les abus, écrase les désirs de toute-puissance et permet au système dominant de retrouver sa déontologie.

La rigidité des dominants

Évidemment, cela ne se fait pas sans mal ni sans résistance. En effet, lorsque les dominants narcissiques ont acquis des privilèges (même injustement gagnés), il leur est extrêmement difficile de faire machine arrière. Ce type d'état d'esprit qui anime l'ultra libéralisme actuel, est tout simplement incapable d'apercevoir l'intérêt général ni l'obscénité de sa conduite. La plupart du temps malheureusement, il ne plie qu'à l'épreuve de force. Mais avant de céder, il résiste énergiquement à toute tentative de rétablir un peu de justice et d'égalité, ce qui épuise tout le monde (loi, politique, organisations de citoyens, etc.).

Un mécanisme qui a du sens.

Les autocrates démocratiques sont un progrès

Picasso à la cigarette, photographieL'expérience du XXe siècle et la puissance du système démocratique, semblent nous avoir, fort heureusement, mis à l'abri à présent d'un retour des dictatures. Les démocraties sont capables à présent de s'organiser rapidement pour les combattre ou les neutraliser.

Mais bien évidemment, dans les sociétés démocratiques, la mentalité autocratique n'a pas disparu. Elle a tout simplement évolué pour s'adapter à ce nouveau monde démocrate. La domination dictatoriale a laissé sa place à la domination démocratique par la ruse et la manipulation.

Cette mutation est un progrès énorme pour l'humanité. C'est comme si nous étions passés d'une société de criminels à une société d'illusionnistes. La manipulation narcissique, en effet, utilise principalement les faiblesses de son adversaire, tout en restant dans la légalité (les systèmes dictatoriaux, au contraire, transgressent systématiquement la loi et utilisent sans état d'âme le crime pour assouvir leur désir de toute-puissance). Évidemment le monde n'est pas encore parfait. Ces nouveaux dominants narcissiques, lorsque la société les laisse faire, sont capables de manipuler les lois, le droit, les médias, la démocratie, pour se transformer eux aussi en criminel. Mais s'ils y parviennent, c'est uniquement à cause de la faiblesse des contre-pouvoirs.

La manipulation narcissique est un révélateur

Un système ne devient pas autocratique, manipulateur, corrupteur et tout-puissant par hasard. Son irruption dans L’aristocratisation se produit en général quand il n'y a pas d'opposition en face et ce mouvement obéit à une logique. Son émergence révèle toutes les faiblesses de la société. Elle sanctionne tous les manques de vigilance et de solidarité.

Par exemple, à la chute du communisme, le marché est tombé dans la toute-puissance. Ce n'est pas un hasard. Il a tout simplement profité de l'effondrement critique et physique d'une gauche stupéfaite (même si elle était au pouvoir). Les plus manipulateurs du marché n'ont alors eu qu'à appuyer sur le ressort de la culpabilisation et de l'humiliation pour écraser tout ce qu'il restait du potentiel critique initié par le communisme et le socialisme durant tant d'années.

En prenant le pouvoir, le marché a également éclairé la vulnérabilité des organismes chargés de protéger le peuple (médias, syndicats, intellectuels, partis de gauche, etc.). Il a mis à jour l'avidité, la corruptibilité, la lâcheté, la crédulité, bref, toutes les faiblesses humaines que partagent comme les autres, toutes les corporations dont on s'attend toujours à plus de rigueur mentale. Le marché, en ce sens, nous a révélé toute la force du narcissisme sur la faiblesse de l'esprit humain.

Pour combattre ce fonctionnement

Même si l'autocratie veloutée du marché à un sens, cela n'empêche pas qu'il faut la combattre. Même s'il est bien sûr, préférable d'être manipulé par un système narcissique plutôt qu’écrasé par un système dictatorial, l'humanité a la charge de lutter contre toute oppression.
Une bonne raison à cela. Quand il ne rencontre pas d'opposition, un système narcissique avance jusqu'à l'anéantissement de toute résistance. Sa limite, il ne la trouve pas en lui-même mais en celui qu'il abuse.

Autrement dit, si l'ultra libéralisme actuel ne rencontrait aucune résistance, il envahirait tout simplement l'ensemble des pans de la société. Du lieu de culte à l'école, de l'hôpital au tribunal, et nous serions alors submergés par son offensivité. Si ce procédé d'évolution narcissique (donc sans empathie) ne rencontrait aucune résistance, il ferait travailler ses ouvriers occidentaux au pas de course du dimanche au dimanche, en les maintenant à la limite du seuil de pauvreté comme il le fait dans ses entreprises délocalisées.

Il est donc essentiel aujourd'hui de combattre cette nouvelle forme de domination. La façon dont elle aliène l'être humain étant extrêmement subtile, il est nécessaire de comprendre ses techniques et ses procédés.

Stresser, solliciter les pulsions, les désirs, culpabiliser, discréditer, flatter, humilier, appâter, rendre dépendants, sont peut-être quelques pistes sur lesquelles nous devons nous pencher.

2001


le retour des leaders narcissiques