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Sur AVERROES

IBN ROUCHD

d’IBN ROUCHDLe grand commentaire sur la Métaphysique explique que les substances séparées – et l'intellect agent en est une – peuvent être connues intellectuellement par nous, bien que ce soit difficile. La « jonction» nous unit donc à l'intelligible pur: C'est alors « la béatitude», « le grand but, l'immense bonheur »; l'homme en cette situation fait le lien entre l'actualité de l'intelligible et le sensible, puisque c'est en pensant ce dernier qu'il s'est élevé « de perfection en perfection, de forme en forme». Averroès va jusqu'à dire que, selon Thémistius (IVe s.) il est alors « assimilé à Dieu en ce qu'il est et connaît tous les êtres: car les êtres, et leurs causes, ne sont que la science de dieu». Non que pour Averroès l'intellect agent soit Dieu, mais la jonction à cet intellect élève l'homme au niveau des substances séparées et de l'intelligible pur. Si l'on peut parler ici de mystique, c'est en un sens bien particulier, en rappelant qu'Averroès critique les soufis pour avoir négligé la voie spéculative, et qu'inversement il place la béatitude dans la perfection du savoir: on est alors tenté d'évoquer Spinoza. Mais surtout, dans sa Découverte de la méthode, Averroès, rencontrant le problème de la vision de Dieu, le résout comme il résout toutes les questions de ce genre: le Coran et le Prophète nous ont appris que Dieu est lumière; les esprits simples comprennent qu'ils verront Dieu comme on voit le Soleil, et les savants que la béatitude est accroissement du savoir (cela complète et nuance ses premiers exposés sur ce thème). Ainsi ce dernier exemple montre à nouveau que, pour Averroès, la félicité suprême se formule aussi bien en termes empruntés à la révélation que dans ceux de la philosophie d'Aristote, selon deux modes distincts et qui doivent le rester.

Une biographie du philosophe

voila la biographie proposée sur le site de la BNF

Né à Cordoue en Espagne en 1126, Averroès est initié très tôt par son père, cadi (juge) de la ville, à la jurisprudence et à la théologie. Il étudie ensuite la physique, la médecine, l'astrologie, la philosophie et les mathématiques.

Sa vie mouvementée se partage alors entre Cordoue, Marrakech et Fès. Magistrat influent, il réforme l'administration de la justice à Marrakech. Il devient le médecin attitré de princes influents et échappe ainsi, grâce à sa fonction, aux ennuis que lui valent ses partis pris philosophiques. Il rédige un traité de médecine (Colliget, en latin) qui lui apporte la notoriété.

Mais ce sont ses commentaires sur Aristote qui le rendront célèbre. Il consacre toute sa vie à l’œuvre du philosophe grec. Il cherche à en retrouver le sens originel en la débarrassant de toutes les interprétations faites jusque-là. Il se l'approprie avec assez de pénétration et de puissance pour construire un système qui porte sa marque personnelle. C'est à la question de l'origine des êtres qu'il s'intéresse le plus. Selon lui, Aristote prétend que rien ne vient du néant et que ni la forme ni la matière ne sont créées. Le mouvement serait éternel et continu : c'est la doctrine de l'éternité de la matière. Il distingue en l'homme l'intellect passif et l'intellect actif. Celui-ci se situerait au-delà de l'individu : il lui serait supérieur, antérieur, extérieur car il serait immortel. L'immortalité serait un attribut de l'espèce et non de l'individu. Cette distinction conduit Averroès à séparer radicalement raison et foi, les lumières de la Révélation n'étant accessibles qu'à l'intellect actif; Thomas d'Aquin, en revanche, cherchera à les réconcilier, fondant la théologie comme science rationnelle.

Ces doctrines philosophiques soulèveront des débats passionnés dans le monde chrétien et trouveront presque autant de disciples que d'opposants. La tendance à séparer la raison et la foi comme relevant de deux ordres de vérité distincts risquait de ruiner les efforts de ceux qui voulaient au contraire concilier, à travers Aristote, le savoir profane et la foi révélée. Les principes d'Averroès considérés comme dangereux seront finalement condamnés par l'église en 1240, puis en 1513. C'est dire l'influence considérable du philosophe arabe en Occident, notamment dans les écoles médiévales.

Condamné en son temps par la religion musulmane qui lui reproche de déformer les préceptes de la foi, Averroès doit fuir, se cacher, vivre dans la clandestinité et la pauvreté, jusqu'à ce qu'il soit rappelé à Marrakech, où il meurt, réhabilité, en 1198

2001

Texte repris sur le blog : cercamon

 

Béatitude

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