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Le sentiment d'injustice.

Injustice, justice,

galère Grecquerévolte et fatalisme.

Le plus grand mal, à part l'injustice, serait que l'auteur de l'injustice ne paie pas la peine de sa faute. Platon

Sans la présence de ce que nous appelons "le mal", le sens de l'humanité apparaîtrait comme une évidence, mais sans sa présence, il n'y aurait pas d'humanité.

Face à la présence du « mal » l'être humain avance souvent deux attitudes paradoxales :

  • La révolte contre un événement que l'on estime injuste.
  • Le fatalisme qui pousse à accepter les choses comme elles viennent. A accepter la vie telle qu'elle s'offre et le « mal » tel qu'il est.

La révolte peut engendrer des réactions comme la lutte, la vengeance, la haine, le ressentiment, la violence, l'incapacité au pardon, etc.
Le fatalisme peut conduire à la résignation. A l'absence de combativité. A une certaine immobilité de la société.

Mais les deux postures apportent également leurs lots de qualités à l'humanité. Si le groupe humain était suffisamment intelligent et efficace, il utiliserait le meilleur des deux réponses.

Séparément en effet, chacune des deux positions est incohérente avec les grands principes de l'humanité démocratique contemporaine, mais utilisées ensemble, elle peuvent apporter une solution.

La révolte face au mal

Paie le mal avec la justice, et la bonté avec la bonté. Lao-Tseu

Certains aspects de la révolte, sont extrêmement positifs pour l'humanité. La société occidentale par exemple se rebelle face aux mal. Cette insurrection l'aide à améliorer sa législation, sa technologie, sa médecine etc. En ne cédant pas à la fatalité, l'homme exige de l'État qu'il lutte contre les injustices. Les grands mouvements sociaux, les associations de victimes, les syndicats, sont nés de cela.

Du côté négatif, cette difficulté à admettre les choses telles qu'elles sont, s'accompagne bien souvent d'un radicalisme exagéré. Ce radicalisme engendre de grandes difficultés à pardonner, à comprendre les motivations de la transgression. Il assombrit l'image du coupable, avec le risque d'en faire un bouc émissaire. Il survolte enfin les systèmes archaïques (vengeance, loi du talion, état policier, enfermement à outrance), au lieu de soutenir l'éducation, la prévention, la pédagogie, la psychologie...

Le fatalisme face au mal

Certains aspects du fatalisme, sont également positifs pour l'humanité. Cette résignation permet en effet, d'accepter plus facilement des choses irréversibles (le bon sens populaire l'a d'ailleurs très bien compris avec des phrases comme : « ce qui est fait est fait » « la vengeance ne ramène personne à la vie » etc.). Elle imprime à la société une sorte de placidité, de flegme et de détachement agréable à vivre.

Mais le fatalisme a également ses 2 mauvais profils. Sous certains angles, il freine l'évolution de la société. Il empêche les réformes. Maintient des principes archaïques comme la caste où le clan. Il contribue à justifier la guerre et la violence comme moyen d'évolution et conduire ainsi à accepter l'inacceptable.

Pour un fatalisme créatif.

L'idéal : l'évolution des mentalités.

dessin d'une geishaY aurait-il une posture médiane idéale ?

Face au mal, il existe bien entendu, une position intermédiaire entre le fatalisme et le refus.. Une position opposé à la vengeance individuelle ou étatique.

Une position permettant d'accepter sans violence que la justice fasse son devoir (c'est pourquoi il est fondamental d'avoir une justice nationale et internationale efficace et juste).

Une position existe permettant de comprendre comment et pourquoi le mal se produit. Une posture désireuse de travailler sur les causes des maux, sur leurs mécanismes.

Un nouveau genre de société.

Pour adopter ce genre de position face au mal, il faudrait :

  • Des médias réinvestis dans leur rôle éducatif, capables d'enseigner les grandes règles de justice et d'éclairer les véritables causes du « mal », des médias capables de valoriser le pardon pour libérer l'humanité des forces négatives, capables d'expliquer aux citoyens la logique des circonstances atténuantes (au lieu de pousser à jeter la première pierre sur celui qui faute et sans s'interroger).
  • Il s'agirait de créer de véritables structures de soutien psychologique. De les étendre à chaque victime d'un mal (et pas uniquement lors des grandes catastrophes).
  • Il s'agirait de créer un véritable organisme de prévention de la délinquance. Un organisme conscient de l'importance de l'éducation et des valeurs diffusées par la société.
  • De proposer un travail psychologique, éducatif et social authentique aux délinquants. Leur permettre de ressentir l'intérêt d'engager son énergie dans la voie positive. Un tel engagement diminuerait rapidement les risques de récidive (puissant générateur populaire du sentiment d'injustice).
  • Il s'agirait enfin de lutter contre toute impunité, des puissants comme des misérables, d'offrir en contre partie, des sanctions justes, humanistes et éducatives. Des sanctions alternatives à la prison, chaque fois que cela est possible.
  • Et avant tout, bien entendu, nous devrions améliorer rapidement les conditions de détention. Il faudrait imaginer des structures plus humaines, vouées au « rétablissement » et à la réinsertion. Il parait tout de même aberrant d'envoyer des « durs » dans des structures encore plus dures. Plus dures que les durs endroits qui les ont formé. Et leur donner en plus, les plus doux des délinquants, en pâture.

La réalité.

Nous n'en sommes pas encore là. Ce traitement idéal du « mal » est loin des conditions pratiques humaines. L'homme a encore besoin des mauvaises émotions pour vivre.

haine et désir de vengeance, protègent parfois l'homme d'une souffrance trop intense. Et comment ne pas trouver injuste l'abus d'un enfant ? Le viol, la torture ? Pourquoi le destin, la vie, choisit ses victimes d'une façon paraissant tellement arbitraire ? Pourquoi le sort semble s'acharner sur telle famille, tel groupe humain ?

Peut-être trouverons-nous quelques clés d'apaisement en réfléchissant à l'idée de juste et d'injuste. En nous penchant sur l'apport positif du mal et sur la responsabilité réelle de la société ou de la communauté dans l'expression du mal. Parfois dans sa valorisation et sa récidive.

L'exemple de la mort

Juste, injuste, sentiment d'injustice

peinture du moyen Age, représentation de la pesteLa vérité jaillira de l'apparente injustice. Albert Camus

Il serait illusoire de penser pouvoir faire disparaître dès à présent le sentiment d'injustice de l'humanité. Cette émotion fait partie des puissants moteurs de l'activité humaine.

Prenons un exemple.

Le plus grand événement vécu bien souvent comme une injustice, semble être la mort. Le bon sens populaire nous dit "égaux" face à elle. Il a raison dans la mesure où chaque être humain est mortel. Et il est vrai que nous n'avons pas à subir l'injustice de vivre à côté d'êtres humains qui seraient immortels. Pourtant, certains d'entre nous vivent plus longtemps que d'autres. Certains meurent très vieux, d'autres très jeunes.
Certains meurent de mort naturelle, d'autres de mort violente, etc. Nous pouvons donc estimer tout cela très injuste.

Mais que serait alors un monde juste face à la mort ? Un monde où tout être humain, au Nord comme au Sud, mourait au seuil supérieur de l'espérance de vie (autrement dit selon les statistiques françaises, 83 ans pour les femmes et 79 ans pour les hommes).

Et si c'était le cas, certains d'entre nous ne trouveraient-ils pas injuste ce décalage entre hommes et femmes ? Et quand bien même, ce décalage serait aboli, d'autres n'estimeraient-ils pas injuste également de connaître l'année de sa mort ? Ne diraient-ils pas qu'il s'agit là d'une véritable torture, une véritable injustice ?

L'exemple de la différence

Considérons à présent le sentiment d'injustice lié a la mort comme aboli. En aurions-nous fini avec le sentiment d'injustice ? L'homme ne trouverait-il pas injuste d'être différent de son voisin ? De n'avoir pas les mêmes qualités (même s'il bénéficie lui-même de qualités personnelles) ?

Il faudrait alors, pour abolir tout sentiment d'injustice, une ressemblance absolue entre les hommes. Un monde de clones ayant exactement les mêmes qualités et les mêmes activités. Les mêmes sensations, les mêmes destins et les mêmes vies. Des sosies parfaits vivant dans un monde sans différences et sans souffrance.

Un tel monde évidemment ne peut pas exister. Il serait stérile. Et quand bien même nous le ferions exister, il serait malgré tout porteur d'injustice. En effet, chaque clone occupant un endroit unique du monde, aurait une vision unique de ce monde. Son point de vue serait alors différent des autres, donc susceptible d'activer un sentiment d'injustice.

L'injustice créatrice

Le sentiment d'injustice est enfant de la différence et sans différences il ne peut y avoir d'humanité. L'injustice semble donc bien être un outils ponctuel mais fondamental pour construire la société humaine. C'est donc notre sentiment d'injustice, notre vision de l'injustice, qu'il serait bon d'adoucir, d’atténuer, de faire évoluer.

Bourreau et victime

Le maître est esclave de l'esclavage.

tete en bronze antiquitéLa place de victime supérieure à celle de bourreau.

Le monde est iniquité ; si tu l'acceptes, tu es complice, si tu le changes, tu es bourreau. Jean-Paul Sartre

Un autre cliché anime bien souvent le sentiment d'injustice. C'est l'idée selon laquelle, le bourreau serait plus heureux que sa victime. Le prédateur que sa proie. Le riche plus heureux que le pauvre. L'abuseur que l'abusé..

Rome contre les chrétiens

Si c'était le cas, les romains n'auraient jamais abandonné leur « bonheur » face à des chrétiens asservis. Ils n'auraient jamais adopté les valeurs des résignés qu'ils martyrisaient. Les empereurs avaient le choix entre la toute puissance du bourreau et l'humilité de la victime.

Pourquoi ont-ils choisit d'épouser les valeurs d'amour des dominés en orientant l'occident dans ce sens ? Pourquoi la Rome dominatrice s'est-elle laissée séduire par la grande vague d'amour chrétienne ?

Tout simplement parce qu'il y a un plus grand bien d'être dans la peau de l'opprimé que dans celui de l'oppresseur. Tout simplement parce que le sentiment intime, l'état d'âme de la victime est psychiquement plus honorable et valorisant que celui du tortionnaire.

Le maître et son esclave.

S'il y avait plus de bonheur à être maître qu'esclave, l'esclavage se serait imposé. Si le maître était plus heureux que ses serfs, le servage serait devenu la valeur suprême. Mais ce n'est pas le cas. La conscience humaine, en évoluant, convertissait de plus en plus d'esclavagistes. Elle leur montrait tous les inconvénients de la domination.

La rigidité mentale qu'elle exige. Le mépris, le dédain, la suffisance qu'elle réclame. L'appréhension, l'anxiété, les soucis, la paranoïa qu'elle nécessite. La dureté, la perversion, la crainte et les remords qu'engage cette toute-puissance.

Si les bourreaux étaient plus heureux que leurs victimes, l'égoïsme plastronnerait. Il paraderait, fier de lui, contemplant avec délice ses dégâts. Mais lentement l'inverse s'impose.

L'influence des penseurs.

Dans l'humanité, le bien triomphe progressivement sur le mal. La douceur sur la force, l'intelligence sur la pulsion. La conscience sur l'inconscience. S'opposant aux désirs de Frédéric Nietzsche, le spirituel prend le pas sur le guerrier. Et ainsi, les coups de butoirs des philosophes et des spirituels inversent les exigences de la nature. Les Socrate, les Saint-Augustin, les Thoreau où les Martin Luther King, éclairent progressivement l'absurdité de la domination. Les plaisirs malsains de l'abus d'autrui, laissent la place aux bonheurs de l'esprit clair et juste.

Rare est le mal jubilé

Ils ne sont pas nombreux les résistants aux grands fleuves de l'évolution humaine. Seuls quelques cas pathologiques savent jubiler de leur égoïsme et de leur instinct de domination. La plupart des êtres humains regrettent le mal qu'ils font aux autres. Ils s'excusent rapidement quand, sans le vouloir, ils maltraitent un congénère.

Nous sommes une foule sentimentale, pétri d'idéal, pour reprendre la belle chanson d'Alain Souchon. Bien sur, nos névroses et les valeurs du système nous conduisent parfois à envier des postures narcissiques. À désirer l'aisance d'un patron voyou, l'indifférence d'un chef mafieux, l'absence d'amour d'un acteur porno. On les applaudit, on les flatte, augmentant du coup leur narcissisme et leur sentiment de toute-puissance (jusqu'à leur pitoyable chute)

Mais la majorité humaine, au fond, n'échangerait pas sa place. Rares sont les sensibles à s'aventurer dans ces vies insensibles et discriminantes. S'ils y survivent, il reviennent un jour ou l'autre à leur véritable nature.

N'est pas insensible qui veut !

La majorité humaine dispose d'un état d'esprit fraternel, généreux, et amical. Elle est ouverte sur le monde et respectueuse d'autrui. Seule une petite minorité d'entre nous, peut agir froidement en bourreau. Une minorité seulement, parvient à mépriser suffisamment autrui pour en faire un objet à son service. L'homme élevé dans la générosité, la fraternité et le respect d'autrui, est malheureux dans ces rôles.

Qui aimerait vivre l'existence d'un tortionnaire ou d'un esclavagiste ? Qui aimerait vivre, dans un état d'esprit narcissique considérant les femmes comme des objets ? Les étrangers comme des esclaves ? Les pauvres avec dédain ? Leurs employés avec arrogance ? Les ouvriers avec mépris ? Qui serait prêt à abandonner sa gentillesse pour endosser l'habit du « méchant » ?

Désobéir à l'ordre inique

La position de bourreau est inférieure à celle de victime. Si c'était l'inverse, le collaborationnisme pendant la dernière guerre, aurait impliqué une majorité humaine. Ce ne fut pas le cas. Seule une infime minorité de la population française y céda.

Le terme « collaborationniste » serait dû à Marcel Déat, dans L’œuvre du 4 novembre 1940. Le collaborationnisme ne se contente pas de pratiquer la collaboration, mais de l'encourager, de la promouvoir, d'en faire un thème politique. Il est le fait des partis politiques et de la presse collaborationnistes. Ces serviteurs pourtant ostensibles de l'ennemi n'hésitaient pas à se qualifier de « nationaux ». Les Allemands eux-mêmes, qui ne les prenaient pas très au sérieux, les utilisèrent surtout pour accroître leur pression sur le gouvernement de Vichy. Les « collabos » n'étant qu'une poignée d'hommes isolés et méprisés par la masse du pays (quelque 2 % de la population) Source Wikipédia.

L'homme désire être bon. Parfois sa hiérarchie exige de lui le contraire. L'humanité doit à présent regarder cela en face. Le collaborationnisme n'impliqua effectivement qu'une minorité de Français. Seulement, quelques individus à la tête de l'État, ont ordonné le pire a leurs congénères. Sur les 76 000 juifs déportés de France, 40 % ont été arrêtés par la police française. L'humanité doit absolument réfléchir à cela. L'homme doit apprendre à désobéir aux ordres iniques. Cette instruction doit devenir une matière à part entière de l'éducation.

La responsabilité de la société

L'éducation, la maltraitance,

tableau contemporainles valeurs de la société au cœur du problème

Quel plus terrible fléau que l'injustice qui a les armes à la main. Aristote

Le « mal », avons-nous dit, se donne parfois à ressentir comme une véritable injustice. C'est le cas par exemple, quand une victime innocente croise la route d'un psychopathe. On peut effectivement ajouter cela au compte de l'injustice.

On peut aussi atténuer ce sentiment en éclairant les responsabilités incontestables du système. Certes le hasard ou la destinée joue un rôle dans notre rencontre avec le « mal ». Mais la société a également une grande part de responsabilité. Il suffit d'analyser l'existence d'un tueur en série, pour déterminer les négligences de la communauté. La plupart du temps, ces passages à l'actes, sont précédés d'un nombre considérable de signes avant-coureurs.

Vers l'efflorescence de la psychologie.

Mais évidemment, avant l'heure ce n'est pas l'heure et avec des "si", nous mettrions Paris en bouteille. Nous avons fait d'énormes progrès, mais il en reste encore beaucoup à faire.

Nous commençons à dépister très tôt les traumatismes d'enfance et à les soigner. Nous savons déceler les carences affectives, les déficiences empathiques, les exagérations narcissiques et apprenons doucement à les réparer. Nous commençons également à prendre au sérieux les premiers actes cruels ou violents. à déchiffrer le niveau de dangerosité de certains individus.

2001

combattre le mal

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democrite

Tu supportes des injustices ; console-toi, le vrai malheur est d'en faire.

Démocrite