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Le mal est à l'origine de l'humanité

Théorie et pratique face au mal

chagall, moise tables loisEn théorie

La conscience est la lumière de l'intelligence pour distinguer le bien du mal. Confucius

En théorie et selon la mecaniqueuniverselle, "tout jugement porté sur une action, est subjectif". Il ne peut reposer sur aucune base solide.
Donc en théorie, les philosophes sophistes ont raison d'écrire : « tout se vaut ».
Donc en théorie, Spinoza voit juste lorsqu'il considère le « mal » comme une réalité illusoire. Mais pour la pratique, c'est une autre histoire.

En pratique, l'homme doit juger les choses. Il doit attribuer diverses valeurs aux événements. En pratique il doit croire à la réalité du mal. En pratique, la société humaine doit suivre la philosophie de Socrate exhortant l'homme à juger ses actes.

Les choix de l'humanité

L'humanité ne se trompe pas dans ses choix. Constitué sous la poussée humaine, le lit de l'évolution est forcément le meilleur pour atteindre la mer. C'est pourquoi l'histoire de la philosophie choisit tel courant plutôt que tel autre. C'est pourquoi la ligne directrice de la philosophie refusa d'adopter comme morale, celle des sophistes lui préférant la morale socratique.

Elle suivit Socrate et Platon pour qui « l'être est » et la morale est nécessaire, au lieu de suivre Gorgias et Protagoras, pour qui : « rien n'est ; et si c'est, c'est inconnaissable, et si c'est connaissable, c'est incommunicable».

Non pas que les sophistes aient torts. Ils ont même probablement raison. Seulement l'humanité, pour se constituer, avait absolument besoin de conviction et d'une base morale telle que Socrate la conçoit. Il lui fallait distinguer les actions en « bien » et « mal », et choisir des deux, le bien.

Tout vient à point

Dans l'absolu, les choses se déroulent probablement « par-delà le bien et le mal », comme l'affirme Nietzsche. Mais si l'humanité a créé ces deux notions c'est qu'il fallait qu'elles existent. L'homme s'est doté des valeurs de bien et mal, des notions d'autorisé et d'interdit et cela a du sens.

En effet, imaginons notre espèce agissant subitement sans s'interroger sur ses actions. Imaginons les hommes réagissant aux choses, sans jamais s'interroger sur leurs actes. Sans se demander si tel comportement appartient au domaine du « bien » ou à celui du « mal ». Sans se demander s'il doit ou non agir de telle ou telle manière. L'humanité retournerait alors tout simplement vers son stade premier, celui des « primates naturels ». Notre espèce reformerait sans doutes de petites troupes, abandonnerait toute idée de progrès, oublierait toutes ses spiritualités et retournerait à l’obéissance stricte de dominant tout-puissant, comme dans la nature.

Le mal a un sens

Il est un moteur de perfection

igmar Polke (né en 1941 mort en 2010 à Cologne), artiste allemand contemporainUn verrou anti retour

Dans un premier temps, les valeurs de « bien » et de « mal » servent à « stabiliser » l'humanité. Elles nous permettent d'exclure tout retour vers nos origines primates naturelles. Mais leur mission ne s'arrête pas là. Si leur seule vocation était de conserver l'humanité en état, ces valeurs de bien et de mal n'auraient pas évolué.

Une fois l'humanité consolidée, le bien aurait cessé de progresser et le mal de régresser. Ces deux notions se seraient figées dés l'acquisition par l'homme de ses grandes lois morales issues des premières grandes religions, comme l'hindouisme et le judaïsme.

Le sens majeur du bien et du mal

Seulement l'humanité à dépassé ce stade. Depuis l'apparition de ces deux valeurs fondatrices, notre espèce à continué de les « travailler ». La prohibition du mal s'est développée, sophistiquée et affinée. L'impunité dont jouissait l'homme (la toute puissance du fort sur le faible) n'a cessé de se réduire.

Le bien au contraire, a trouvé de multiples voies d'expansions. L'éducation, la politique, la religion, la laïcité, la solidarité, l'éthique, la morale, l'amitié, l'amour... évoluent. En évoluant, ces facultés orientent notre espèce dans une direction bien précise.

A travers l'évolution de ces deux notions, ou plus précisément, à travers le sens assigné par l'homme à chacune des deux valeurs (le mal vers le bas et le bien vers le haut), il est permis de saisir le véritable engagement de l'humanité.

Le bien et le mal sont des valeurs inventées par l'homme et pour l'homme. Elles sont subjectives, anthropocentriques et ne peuvent donc pas en théorie expliquer le monde. Mais elles sont fondamentales pour notre humanisation. La dévaluation progressive du mal au profit du bien, érige forcément le bien comme valeur suprême.

La nécessité des préjugés

Juger le bien et le mal

aruch Spinoza, né en 1632 à Amsterdam mort en 1677 à La Haye,  philosophe néerlandaisIl avait fermé les yeux pour ne pas voir le mal sur cette terre et c'est ainsi que le mal l'a trouvé, sans défense. Ernst wiechert

En théorie (comme nous l'avons vus plus haut) le « bien » et le « mal » sont des réalités illusoires.

Ce sont des préjugés comme le pense Spinoza. Des ruses de la raison pour reprendre une formule de Hegel. Des illusions nécessaires et servant de guide à l'évolution, comme je l'affirme moi-même, non sans prétention.

La position de Spinoza à propos du bien et du mal, est fondamentale pour l'intelligence humaine. Mais la présence même de ces deux valeurs dans l'humanité, rend leur remise en cause absurde. C'est comme dire « il aurait mieux valu que je ne sois jamais né ! ».

L'option de l'absence du bien et du mal en effet, n'existe pas et n'existera jamais. Ces deux notions se sont imposés à l'humanité par delà la volonté humaine (comme la plupart des éléments constitutifs de notre espèce d'ailleurs).

Et les préjugés sur la conduite humaine font parti de l'ossature même de notre société.

A la naissance des jugements

Être et devoir être. Vers l'idéal.


L'idéal comme horizon.

En quittant les primates naturels, l'homme s'est imposé des jugements sur ses actes. Il a ainsi projeté une sorte « d'humain idéal » à son horizon. Dés lors, notre espèce n'a cessé d'avancer vers cet archétype.

Depuis cet acte fondateur, l'être humain navigue entre ce qu'il est et ce qu'il voudrait être.

Entre son comporte effectif et la façon dont il devrait se comporter. De là est né l'insatisfaction. L'insatisfaction d'être potentiellement corruptible, et la mise en accusation de cette faiblesse.

Jusqu'à présent, cette projection d'un idéal humain, a « tiré » l'humanité vers le haut. Nous pouvons même dire qu'elle « a fait de l'humanité ce qu'elle est ».

De l'idéal tribal à l'idéal religieux

L'archétype de l'homme idéal n'a cessé d'évoluer au cours du temps. L'époque néandertalienne en utilisait vraisemblablement un bien différent du notre. Les organisations tribales (comme celle des Grecs présocratiques) avaient le leur (à l'image du rusé Ulysse). Mais cet idéal a atteint son apogée indépassable avec les grandes religions et philosophies. Le sommet à atteindre devenait alors le saint, le parfait, le sage. L'homme inoffensif, entièrement maître de ses tendances, de ses désirs et de ses pulsions.

L'homme idéal pour le religieux

Quelques grandes religions englobent aujourd'hui la presque totalité des êtres humains. Elles disposent toutes d'un modèle d'individu parfait. Pour l'hindouiste, le bouddhiste, le juif, le musulman, le chrétien, cet idéal existe et l'homme peut et doit chercher à l'atteindre. Il lui faut "simplement" cultiver sa force intérieure. L'accroître jusqu'à ce qu'elle devienne supérieure à ses pulsions.

Pour les grandes religions, cette volonté intérieure et morale, doit être capable de résister à toutes formes de « mal », et par là, se vouer exclusivement au « bien » et à l'amour absolu.

Parvenu à ce stade, l'être humain devient l'équivalent de la divinité. Il ne fait alors plus qu'un avec le principe créateur.

La période matérialiste

Aujourd'hui, après 30 ans de néolibéralisme forcené (et de façon plus large, depuis l'ère de la grande industrialisation) cet idéal est difficile à apercevoir.

La grande sagesse ne fait pas bon ménage avec le commerce du plaisir. Le mercantilisme actuel, grand dealer de charme, tient à distance ces idéaux (c'est pourquoi, les mass-médias occidentaux, devenus pour la plupart des instruments du marché, délaissent ou se moque des expériences transcendantales spirituelles)

Pourtant, malgré l'attitude et les valeurs proposées par le nihiliste du marché (qui a du sens puisqu'ils sont), la majorité humaine idéalise encore « l'être » sur l'avoir, le bonheur sur le plaisir. On ne pervertit jamais un peuple, mais parfois on le trompe dit un philosophe. Le peuple conserve précieusement cet idéal au fond de son cœur et en point de mire.

Le retour de l'idéal

D'après André Malraux, le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. Je partage tout à fait ce point de vue. De nombreux indices penchent d'ailleurs pour un retour du spirituel (mais les religions y font le plus grand obstacle). Ce retour au spirituel vient contrebalancer les 20 années d'évolution insensées mises en place par les décomplexés de la mondialisation.

Ce "néo spiritualisme" fait vaciller les vieux totems de la horde sauvage dont parle Freud et qui ont été élevé par le marché... Il vise à abattre les nouveaux occupants de nos petits écrans. Des dieux primitifs, pétris de nihilisme, d'orgueil et de héros insensés (animateurs, présentateurs, célébrités, « empereurs » de l'industrie et de la finance).

Le mal comme nécessité.

Le premier interdit est à l'origine du bien et du mal

Sandro Chia (20 avril 1946 à Florence) peintre italien contemporain, un des artistes du mouvement Trans-avant-gardeÀ la racine, l'interdit.

Si le « mal » était une sorte de « pièce hétérogène », il serait effectivement aberrant. S'il ne parvenait pas à se situer dans le processus d'évolution, alors il le rendrait effectivement absurde.

Mais le « mal » à un sens. Son rôle est majeur pour la construction du bien et de l'humanité.

La transformation d'un primate naturel en êtres humains, demandait à notre espèce de s'interdire certains comportements. Elle devait bannir certains actes légitimes dans la nature (comme la prédation, la domination, l'agressivité etc.). À chaque action l'homme devait attribuer un jugement de valeur (bien ou mal, autorisées ou interdites, normales ou anormales).

La naissance de l'être humain

Parce qu'un jour, nos ancêtres se sont mis à juger leurs actes, nous sommes aujourd'hui des « êtres humains ». Parce qu'ils ont posé des interdits sur certaines actions, l'homme a créé les structures de l'humanité.

Depuis le début de son histoire, notre espèce apprend à maîtriser de mieux en mieux son comportement. Cette longue discipline a autorisé notre sortie des « lois » de la nature. Elle nous a ouvert à la méditation, à la réflexion et au raisonnement.

En amplifiant continuellement le nombre des interdits, en faisant en permanence évoluer le droit, la législation, le système des punitions, l'homme devient de plus en plus humain.

Par l'évolution du droit nous dévaluons progressivement l'aptitude primaire à s'affirmer aux détriments d'autrui. Le législateur, le politique, le système répressif, sont les grands acteurs de cette évolution ... Mais n'oublions pas également le transgressant comme nous allons le voir dans le prochain chapitre.

2001

mal et liberté

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ernst wiechert

Il avait fermé les yeux pour ne pas voir le mal sur cette terre et c'est ainsi que le mal l'a trouvé, sans défense. Ernst wiechert