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  • textes philo 1

Vico (Giovanni Battista)

Un penseur italien

Vico Giovanni Battista Philosophe italien

Louis Aimé Martin. Dictionnaire de la conversation 1878

Vico (Giovanni Battista), penseur italien plein d'originalité, né entre 1660 et 1670, était le fils d'un libraire de Naples.

Enfant, il se brisa dans une chute le côté droit du crâne, et ne guérit qu'au bout de trois années de souffrances. Cet accident eut pour résultat de le prédisposer à la mélancolie. Il fit d'excellentes études dans sa ville natale, mais sans pouvoir surmonter le profond dégoût que lui inspirait alors la philosophie. Une séance de l'académia degl'Infurcati à laquelle il assista, et où il se rencontra avec tous les savants et avec les personnages les plus illustres de la ville, lui inspira tout à coup l'amour de la célébrité. Il se consacra à l'étude de la jurisprudence ; mais sa pauvreté l'obligea à demander des ressources de subsistance à l'instruction publique, il se chargea de l'éducation du neveu de l'évêque d'Ischia, Rocco. Il passa neuf années de sa vie dans cette situation, ou, sans négliger jamais ses devoirs, il trouvait encore le moyen de continuer et de perfectionner ses études.

Il revint alors à Naples, où il comptait de nombreux amis, parmi lesquels se trouvaient des princes de l'église, qui admiraient son génie et qui le laissaient dans la misère. On eût voulu qu'il prit les ordres. Il se maria, et ses enfants firent à la fois le désespoir et le bonheur de sa vie. C'était, dit l'éditeur italien de ses œuvres, un spectacle touchant de voir ce philosophe jouer dans sa propre maison avec ses filles, aux heures qu'il arrachait à d'ennuyeux devoirs.

Professeur de rhétorique à l'université de Naples, il se voyait réduit de donner chez lui des leçons de langue latine pour suppléer à la modicité de son traitement (100 scudi). Toutefois, le temps ne lui manquait pas pour ses propres travaux. Déjà il avait publié à ses frais plusieurs mémoires sur des questions philosophiques ; et la science nouvelle été presque terminé, lorsqu'une chaire de professeur de droit vint à vaquer.

Vico crut pouvoir l'obtenir, il avait des titres honorables : " et d'ailleurs, ajoute-t-il en parlant de lui-même à la troisième personne, il s'appuyait sur les services rendus à l'université, dont il était le membre le plus ancien ; puis, ajoute-t-il encore, les travaux de son esprit avaient honoré ses compatriotes, il avait été utile à plusieurs et n'avait fait de tort à personne". Titres comme savant, titre comme honnête homme !

Pauvre Vico ! Innocente créature ! Et il croyait obtenir du pain, car c'était du pain qu'il demandait avec des titres aussi vide de sens à l'oreille du pouvoir ! Que ne s'attachait-t-il à la porte des grands ; que ne se faisait il serf de leurs petites passions ! Mais travailler, mais étudier, mais se rendre digne d'une place pour l'obtenir, il s'agit bien de cela vraiment ! N'importe ! Vico eu l'audace de se présenter.

Son succès ne fut pas disputé ; il entraîna tous les suffrages, et au moment où il attendait sa nomination un grand personnage vint tristement lui conseiller de se retirer, que la place était destinée à un autre. Ce conseil fut reçu comme un ordre, et le pauvre Vico eu la douleur de voir triompher le plus indigne de ses concurrents. Alors le grand homme, sans se plaindre, sans se décourager, rentre dans la solitude pour y chercher les lois de cette providence qu'il reconnaît et qu'il bénit jusque sous les coups dont elle le frappe.

La il achève ce grand ouvrage qui doit révéler au monde savant une science nouvelle ; là, au milieu de sa famille et de ses livres, il jouit des délices de l'étude et des espérances de la gloire ; et ses joies sont si pures, ses contemplations si ravissantes, qu'en épanchant son âme dans l'âme d'un ami, il ne peut s'empêcher de bénir les disgrâces de la fortune, cet abandon, cet oubli des hommes qui lui ont fait connaître le vrai bonheur. Ainsi, les plaisirs intimes attachés à la recherche de la vérité compensaient avec usure pour cette âme expansive les insultes de la fortune et l'oubli des hommes puissants.

Que dis -je ? Ils ne l'oubliaient pas, les puissants de ce monde ; tous, au contraire, venaient à la file sous son humble toit, non pour y verser l'abondance, mais pour solliciter des discours, des vers, des inscriptions, des panégyriques, des épitaphes ; pour se faire flatter vivants et morts par celui dont ils entendaient vanter l'éloquence. Et ce n'était pas de petits hobereaux de province qui venait ainsi mendier ces éloges ; c’était des généraux, des cardinaux, des papes, et des têtes couronnées.

Enfin, l'engouement et l'indiscrétion des solliciteurs furent portés à un tel excès que les hymnes et les discours ne suffirent plus, et qu’on exigea de lui des livres entiers. C'est sous cette influence tyrannique qu' il écrivit l'histoire du maréchal Antonio Caraffa. Cet ouvrage, il est vrai, fut payé d'un applaudissements général ; le Pape clément XI, dans un bref adressé à Vico, le traita d'immortels! Mais rien ne fut ajouté à cet éloge. Le malheureux se voyait loué par les Pape, fêter par les cardinaux, sollicité par le vice-roi, qui en le sollicitant ne manquaient jamais de lui écrire : très illustre seigneur Vico. Et le résultat de ces beaux titres, c'étaient, pour le très illustre seigneur, des infirmités, suite de ses longues veilles, des compliments et la misère !

Tel fut Vico jusque dans sa vieillesse, époque où la fortune, par une amère dérision, dénia lui jeter quelques faveurs. Elle vint pour ainsi dire le surprendre au milieu de ses infirmités les plus douloureuses, sur les bords de sa tombe, pour lui donner le titre d'historiographe du roi. Mais alors ses forces diminuaient tous les jours ; il fut 14 mois sans parler, sans reconnaître ses propres enfants, et ne sortit de cette étape que pour remplir ses devoirs de chrétiens et rendre son âme à Dieu. C'était le 20 janvier 1744. Il avait alors 76 ans.

Louis Aimé Martin. Le dictionnaire de la conversation 1878

 

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Giambattista Vico