Leaders, dominants et leur caractères
Les dominants et leurs état d'esprit
Dans le sens de l'évolution.
"On peut voir le monde tel qu'il est, comprendre ses fatalités et lutter pour le changer". Jean marc Tonizzo.
Commençons par préciser une chose : Les termes dominants, dominés, leaders, peuple, etc., employé sur ce site pour distinguer des sortes de classes sociales, ne servent qu'a notre démonstration. Les tempéraments humains, les positions sociales, sont fluctuants sont beaucoup plus complexe dans la réalité.
Les leaders (ou les dominants) et le peuple (ou le prolétariat), forment une seule et même paire de bœufs dociles qui tractent, sans le savoir, l'humanité vers son but. Pour l'humanité, les deux bœufs sont identiques, mais inconscients du travail qu'ils réalisent, les deux animaux de trait s'accusent mutuellement d'abuser l'autre et pour le plus grand bonheur de l'évolution sociale.
D'accord, une certaine différence entre classes dirigeantes et classes exécutantes est une nécessité pour l'évolution de la société. D'accord, l'oppression du peuple par les dominants est un puissant moteur d'évolutions sociales (par la révolte qu'elle engendre). D'accord avec la philosophie de Georg Wilhelm Friedrich Hegel pour situer l'opprimé et l'esclave dans une meilleure position que celle de l'oppresseur.
D'accord également pour faire preuve de la plus grande compassion envers la partie des dominants qui abusent des peuples car ils sont bien souvent prisonnier de leur narcissisme. D'accord pour comprendre que leurs excès découle des conditions de la compétition et de leurs éducation. Et d'accord encore pour conseiller d'avoir, envers eux, le plus d'amour et de bienveillance possible.
MAIS !
Il est pourtant du devoir du philosophe de ne pas admettre les choses comme elles le sont.
Il est du devoir de tout homme de bonne volonté de lutter contre l'injustice.
L'humanité a créé le bien et le mal, le juste et l'injuste et cela a un sens. En démocratie, Certains dominants utilisent la manipulation narcissique pour thésauriser les privilèges. Il s'agit d'une évolution par rapport à la tyrannie, la dictature, l'aristocratie. Mais le philosophe ne peut pas se contenter de cela. Il doit travailler à la destruction de cette nouvelle forme d'oppression. Comme nos prédécesseurs face aux autocraties du moment, nous devons lutter contre les perversions actuelles. Nous pensons alors comme Éric Weil que : « le philosophe veut que la violence disparaisse du monde. Il reconnaît le besoin, il admet le désir il convient que l'homme reste animal tout en étant raisonnable : ce qui importe, c'est d'éliminer la violence. »
La responsabilité du philosophe
Aujourd'hui, les philosophes occidentaux n'ont à se plaindre d'aucune dangereuse oppression. Par rapport à leurs ancêtres, leur position est particulièrement enviable. Cela ne les dispense pas de devoirs à rendre à l'humanité. Au contraire, cette relative tranquillité d'esprit, devrait leur fournir plus d'énergie pour critiquer les classes dirigeantes.
Aujourd'hui, les penseurs devraient se charger d'éclairer les manipulations politiques et mercantiles. Comme en son temps le philosophe Nietzsche a eu le courage de le faire envers la religion quand elle était en position dominante. La philosophie contemporaine devrait étudier les artifices dialectiques qu'utilisent les nouveaux dominants. Il lui faudrait éclairer les ruses employées par les leaders actuels pour imposer leur choix au peuple.
Aujourd'hui, l'utilisation de la manipulation verbale est constante à travers la télévision. Et elle passe comme des lettres à la poste. Les penseurs qui squattent les mass-médias sont conformistes quand les penseurs critiques y ont un accès réduit.
Comprendre le pouvoir du dictateur
Jusqu'à présent, cette réflexion sur la psychologie des dominants, a été sous-exploité.
Nous n'avons pas suffisamment réfléchi, par exemple, à la psychopathologie des trois grands dictateurs - Staline, Mussolini, Hitler. Ils ont pourtant largement ensanglanté le siècle dernier.
Nous n'avons pas suffisamment détaillé ce qui a permis à un
Hitler de fasciner tout un peuple. Comment s'est-il hissé aux commandes d'une si grande puissance et en si peu de temps ? Comment un système aussi pervers est-il parvenu a fédérer des millions d'êtres humains derrière son projet criminel ? Pourquoi les grands dirigeants occidentaux ont accepté, et parfois soutenu, l'ascension de ce psychopathe ? Comment laisse-t-on un criminel ayant décrit ses crimes à venir (Mein Kampf), devenir chef d'État.
De la démocratie.
Son sens profond
Le naïf est la norme
Le peuple, dans sa grande majorité, est naïf par nature.
Il accorde spontanément sa confiance. Majoritairement dépourvu de perversion, il ne la voit pas venir chez les dominants.
Autrement dit, et pour le dire trivialement, dans sa majorité, le peuple n'est pas tordu.
Cette limpidité naturelle est une qualité. Elle est essentielle à l'évolution et doit absolument être préservée. Ce sont aux rusés de suivre l'exemple du peuple et non pas au peuple de se pervertir pour ne pas se faire manipuler.
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La majorité humaine est naïve, spontanée, droite, innocente, loyale et honnête. Elle a l'esprit bien tourné. C'est la raison pour laquelle l'humanité se choisit progressivement la démocratie. La «souveraineté du peuple» sous entend la souveraineté de son état d'esprit, de son comportement.
L'humanité n'est pas passée de l'aristocratie à la démocratie, pour rien. Le but est d'entraîner les dominantes vers les qualités du peuple. Ces qualités doivent servir d'exemple au groupe humain tout entier.
Il ne s'agit pas d'endurcir le peuple pour lui éviter d'être abuser par les manipulateurs, mais de travailler sur les manipulateurs. La société doit lutter contre la manipulation pour permettre à la population paisible de garder toute sa naïveté, sa bienveillance et sa spontanéité.
Les horizons de l'humanité
Du père tout-puissant à Dieu
L'évolution des icônes
"Citez-moi les personnalités qu’une nation place en haut de ses sondages de popularité, et je vous dirai l’âme de cette nation". Jmt.
L'homme a besoin d'icônes pour le faire rêver, nous disent les médias.
Certes, l'humanité a toujours besoin de se choisir des héros comme horizon.
Seulement, la figure idéale vers lequel l'homme doit tendre n'a cessé de progresser au cours de l'évolution humaine.
Schématiquement, nous pourrions dire de cette évolution qu'elle suit un axe montant du guerrier jusqu'au saint.
Entre l'icône du père tout-puissant et violent dont parle Freud à propos de la horde sauvage et l'image du Christ ou du Mahatma Gandhi aujourd'hui, l'idéal à atteindre a changé radicalement.
Succédant au père totem et thésaurisateur, les dieux de la mythologie étaient capables du meilleur comme du pire. Capables de bonté, de générosité, d'abnégation mais également de meurtre, de rapt ou de viol. En somme, l'horizon comportemental des Grecs (leurs Dieux), était plus ou moins à l'image de leurs chefs guerriers..
Les choses ont radicalement changé avec l'arrivée des grandes spiritualités. L'hindouisme, le judaïsme, le bouddhisme, le christianisme, l'islam, le taoïsme ou le zen ont fait reculer cet horizon jusqu'à son ultime limite : la perfection.
Brahman et Dieu allaient alors servir de nouveaux modèles pour la majorité humaine. Ils propulsaient, peu à peu, l'amour, la bonté, la justice, la générosité et l'universalité vers leurs points de perfection (on retrouve cet idéal dans la philosophie de Platon).
M.L.King, abbé Pierre, soeur Emmanuelle, Gandhi
Par déclinaison, les êtres humains les plus aptes à incarner ces valeurs supérieures sont devenues des référents aux yeux de l'humanité. Pendant plusieurs millénaires, pour la majorité humaine, les prophètes, les saints, les sages, les ascètes ont servi de but à atteindre ou d'icône à vénérer.
Depuis quelques décennies, ces grandes spiritualités (tout au moins en Occident) ont été plus ou moins marginalisées au profit du marché. Ce nouveau diffuseur de valeur impose depuis ses nouvelles icônes. Les stars, les milliardaires, les héros du stade en sont quelques-unes.
Jusqu'à présent, l'humanité ne s'y est pas trompée. Dans le cœur de la majorité humaine, Gandhi, M.L.King, mère
Térésa, abbé Pierre ou soeur Emmanuelle, font encore office d'horizon. Les valeurs spirituelles qu'ils représentent, semblent encore, être préférés par l'humanité. Mais nous devons tout de même être vigilants. Un retour vers de vieux horizons nous imposerait une forte régression.
Fascisme, nazisme, la régression vers les vielles icônes
D'ailleurs, nous en avons déjà fait l'expérience. Le nazisme, avec son point de mire Arien et grec, et le fascisme avec les romains nous ont ramenés aux valeurs et aux souffrances de ces deux mondes polythéistes. Leurs deux « mimes », Hitler et Mussolini, ont incarné les pires héros des mythologies qu'ils adulaient. Téméraires mais également veules, rusés et menteurs, chargés de haine et de colère, capable de tout ravager sur leur passage et finissant par assassiner leurs propres enfants, leur propre peuple.
Pour évoluer vers le bien, vers l'amour, l'universalité, la paix et la fraternité, l'humanité doit donc préserver l'horizon de perfection qu'elle suit depuis plusieurs millénaires.
Un peuple non manipulé choisit naturellement les personnalités, laïques ou religieuses, les plus proches de cet idéal (M.L.King ou l'abbé Pierre). Le charisme et les actions de ces êtres humains d'exceptions attirent vers eux tous les suffrages.
Mais quand un peuple est manipulé, il peut se retrouver à vénérer des personnalités inverses. Soumis à la propagande, une population peut trouver charismatiques des personnages sans véritable charisme et véhiculant des valeurs inverses à celle de l'horizon.
Le culte de la personnalité
Charme et charme
Les deux formes de dominants charismatiques
Il existe donc deux formes de charisme :
- Le charisme naturel,
- et le charisme construit.
1/ Les dominants naturellement charismatiques
De façon très schématique nous avons d'un côté le narcissisme, de l'autre l'humilité. D'un côté l'esprit de clan et de l'autre l'esprit universel. D'un côté l'amour des puissants et de l'autre l'amour des humbles. d'un côté l'abus du peuple, de l'autre le souci d'améliorer ses conditions de vie.
Les personnalités naturellement charismatiques sont apprécié pour leurs valeurs morales. Elles sont aimées pour leur engagement critique envers les injustices. Si un culte de leur personne s'impose, c'est sans qu'elles aient besoin de le construire.
2/ Les faux charismatiques
Il en va tout autrement du culte de la personnalité imposé par certains dictateurs. Celui-ci est souvent contrefait et manipulé. Il est l’œuvre d'une propagande trompeuse. Ces personnalités n'ont pas les qualités
morales permettant aux grands hommes d'être naturellement aimés.
Ce ne sont pas des attracteurs positifs animés de bonté, de morale, de vrai courage (en
1930 Hitler écrit : qui veut être chef porte l'autorité la plus absolue mais aussi la dernière et la plus lourde des responsabilités. Qui est incapable,
ou trop lâche pour accepter les conséquences de ses actes, ne vaut rien comme chef .... et il se suicide après son carnage pour
éviter d'être juger).
Ces personnalités sont du côté des valeurs archaïques. Pour s'affirmer, elles utilisent la séduction trompeuse et font converger artificiellement tous les regards vers elles. Elles stimulent la petite part perverse qui sommeille chez tout individu (jalousie, voyeurisme, agressivité, sadisme, xénophobie, construction de bouc émissaire, etc.).
Les faux charismatiques brouillent le regard du peuple pour qu'il adhère à leurs choix. Construisent ses exaltations et musellent toute critique. Une fois le mécanisme bien ficelé, ces dictateurs imposent leurs orientation de société. Comme il s'agit systématiquement de très mauvaises options pour le peuple, ce sont les citoyens au final, qui paient les pots cassés.
À la sortie de la dernière guerre mondiale, les peuples allemand, italien et japonais pouvaient en témoigner.
Le narcissisme du marché
Star, Célébrité, VIP
Le culte de la personnalité du marché
Sous un certain angle et sans utiliser la force, le marché s'est imposé avec les mêmes artifices. Il s'est embelli à l'aide de la manipulation et de la propagande. Les monts et merveilles promis aux consommateurs et aux ouvriers lui ont surtout profité et pour le peuple, au contraire, l'existence s'est compliquée.
Évidemment, la dangerosité du marché n'a absolument rien à voir avec celle d'un dictateur. Les cultes qu'il nous impose, sont extrêmement doux par rapport aux cultes réclamé par un Staline par exemple. Le marché, malgré tous ses abus, est largement préférable à n'importe quelle dictature et à n'importe quel système guerrier.
Mais, nous devons regarder tout de même les choses en face.
Même adouci, le marché est un système narcissique. Il fonctionne lui aussi sur le principe du culte de sa personnalité. Il diffuse un flot permanent d'objets imposés tambours battants, pour nous éviter toute prise de conscience (intuitivement, tous les systèmes narcissiques utilisent l'hyperactivité et le brouhaha pour focaliser les attentions et anéantir l'esprit critique et la réflexion).
Même adouci, ce système, comme tous les systèmes dictatoriaux, soustrait l'image du peuple pour y accoler la sienne. Depuis des décennies, les citoyens sont écartés des mass médias (ou simplement utilisés comme faire valoir). La télévision est submergée par tous les symboles éclatants du marché.
Évidemment, nous devons le redire encore une fois, l'emprise du marché n'a rien à voir avec celle des dictatures. Et malgré toutes ses outrances, l'ultra libéralisme actuel accorde une grande liberté à celui qui veut s'en extraire ou s'en protéger. Même si le marché verrouille une grande partie des critiques, il nous reste quand même tout un attirail pour nous en défendre. Même s'il abuse les naïfs (et ce sera condamné un jour), nous sommes libre de consentir à son culte ou pas. Et même s'il a tendance à écarter les icônes spirituelles de l'humanité pour vendre les siennes, il ne nous a pas imposé de les abandonner.
Pourtant une critique du marché me semble absolument nécessaire. Un meilleur partage entre marchandisation et spiritualité devra être fait. Un grand espace devra être réservé à la défense du consommateur.
Alors nous pourrons sans doute dire de la société marchande qu'elle est, et de loin, le système actuel le plus humain et le plus gai pour évoluer.
2001
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