Les personnalités humaines
être et devoir être
Les diverses personnalités humaines, construisent l'humanité
Nous cherchons toujours à jeter un pont entre ce qui est et ce qui devrait être ;
et par là donnons naissance à un état de contradiction et de conflit où se perdent toutes les énergies. Jiddu Krishnamurti.
Je tiens à vous avertir, chers lecteurs, cette réflexion n'est pas celle d'un spécialiste. Son but principal est d'éclairer un peu plus ce concept : « l'humanité est destinée à atteindre sa perfection » qui constitue l'axe de notre philosophie. Les termes employés sont souvent inadéquats et les idées schématiques. Il convient donc de lire ce texte avec les précautions d'usage. Il s'agit d'un éclairage supplémentaire et non un cours de psychologie.
Du conflit entre pulsions primates et interdits humains
Un conflit permanent entre instinct et conscience, pulsion
et raison, accompagne la grande ascension humaine. Cette tension illustre notre condition d'homo-sapiens. D'homme à cheval entre, l'animal que nous étions, et l'humain sage que l'humanité cherche, nous semble t-il, à devenir. Cette metamorphose est douloureuse. Elle engendre une lutte sans merci entre le désir d'exprimer ses instincts et l'interdit de le faire. Ce combat crée dans l'esprit une quantité de refoulements. Des contournements, des perversions, des dénis ou des manipulations. De ces luttes naissent des « pathologies » (schizophrénie,
névrose, psychose, narcissisme etc.).
Mis à part quelques rares éclaireurs ayant atteint la sagesse suprême, nous sommes tous les heureux propriétaires d'une ou plusieurs de ces pathologies.
Tout se joue avant six ans
"Tout se joue avant six ans".
Un ouvrage des années 70 avertissait ainsi les parents. Nous pensons un peu la même chose. Une grande partie de ce que nous deviendrons se joue dans la petite enfance. Une infime partie de notre caractère est à relier à l'innée. Une éducation appropriée et suffisamment affective, permettrait donc à chacun d'utiliser pleinement son potentiel. L'avenir, vraisemblablement, ira dans ce sens. Les souffrances qu'un individu subit ou inflige à l'age adulte, sont bien souvent les conséquences de ses six premières années. Lorsque l'humanité sera devenue véritablement humaine, elle donnera à chaque enfant les moyens de s'épanouir. Cette humanité est encore à venir.
Névrosé ou narcissique
Ces 2 types de forces, engendrent, selon nous, schématiquement, deux grandes formes de personnalités. D'un côté le psychisme à tendance « névrosé » et de l'autre le psychisme à tendance « narcissique ». Chacun des deux types s'étendant du « normal » au « pathologique ». Tout être humain selon nous, se situe plus ou moins d'un des deux côtés et ses actes peuvent passer de l'un à l'autre.
Les normes
Le normal et l'anormal
Les 10 commandements
Pour baliser le chemin de son évolution, l'humanité s'est créé des normes subjectives (les 10 commandements en sont un exemple). Tout ce qui se trouve en dehors de ce gabarit, prend alors le nom de transgression, de maladie, d'anomalie, d'anormalité ou de pathologie.
Ces conventions évoluent en fonction de l'évolution humaine. Progressivement les normes injustes, disparaissent. C'est le cas par exemple de l'homosexualité, considérée il y a peu encore, comme une pathologie. D'autres au contraire, font leur apparition. L'abus de faiblesse, les lois de protection de l'enfance font partis de cette nouveauté.
En observant attentivement la progression des interdits nous percevons ce qu'ils cherchent à imprimer à l'évolution humaine. D'un côté, ils visent à étouffer progressivement notre tendance à abuser nos congénères. Et de l'autre, ils contribuent au développement du respect d'autrui et à l'épanouissement de l'amour, des libertés respectueuses, de l'empathie, de la fraternité, de l'entraide, etc.
Narcissique et névrosé
1/ Le monde névrosé est fortement imprégné d'interdits, de morale, de valeurs humaines et de respect d'autrui. Ce monde représente la majorité de l'humanité.
2/ Le monde narcissique, privilégie plutôt la satisfaction de ses pulsions, ses désirs et tendances. Goût du pouvoir, de la notoriété, de la richesse, esprit d'entreprise, désir de domination, font partie de ses grands moteurs. Ce groupe représente une minorité humaine.
Nous parlons bien évidemment de prédominances. Des personnalités narcissiques peuvent apprécier les valeurs phares du monde névrosé et réciproquement. D'autre part, nous devons toujours garder à l'esprit, à propos de ces deux types de caractères, qu'ils sont essentiels à la construction de l'humanité. Comme il faut des dirigeants et des exécutants, il faut de la névrose et du narcissisme pour construire notre monde. Écoutons ces mots de William James à propos de deux tempéraments de philosophes : les tendres d'esprit (tender-minded) et les rudes esprits (tough-minded).. « L'histoire de la philosophie est, dans une grande mesure, celle d'un certain conflit des tempéraments humains [...] ils (les tender et les tough) s'estiment peu. Leur antagonisme a contribué à déterminer l'atmosphère philosophique d'une époque : il en est particulièrement ainsi pour la nôtre. Le philosophe du type « barbare » reproche au « délicat » sa sentimentalité, son manque de vigueur intellectuelle. Le « délicat » se plaint que le « barbare » soit si peu raffiné, si peu sensible et si brutal. Chaque type se croit supérieure à l'autre »
Ces propos montrent l'antagonisme qu'il peut exister entre ces deux formes de personnalité.
Il est également à noter, qu'en fonction de notre caractère nous préférons tel ou tel type psychologiques. Il me semble par exemple pouvoir distinguer chez C G Jung, une préférence pour l'extraverti. Chez moi, jusqu'à présent c'était le contraire. Mais progressivement, et grâce à la lecture de Nietzsche, je commence à rééquilibrer les choses. A apprécier les différentes qualités et leur importance pour l'humanité.
Un choix à faire
L'idéal, bien entendu, est de parvenir à percevoir l'éclat de chaque type psychologique. De n'avoir aucun ressentiment pour découvrir la beauté en chaque chose. Cependant, nous devons également suivre la logique de l'évolution humaine. Et la logique de l'évolution humaine nous engage à valoriser certaines qualités et pas d'autres. Valoriser l'individu capable de frustrés ses pulsions pour ne pas abuser autrui et condamner au contraire l'abuseur, même s'il parvient à abuser dans la légalité. Et ainsi, selon nos définitions du névrosé et du narcissique, nous situerons la normalité plutôt du côté du monde névrosé.
La morale comme frontière
L'actif et le sentimental
Les prédominantes narcissiques et les prédominances névrosées
Les prédominances se distinguent par bien des critères. Les narcissiques seraient plutôt extravertis, les névrosés plutôt introvertis. Les premiers plutôt tournés vers l'action, les autres plutôt intéressés par la réflexion. Mais ce qui distingue véritablement ces deux types de caractères, c'est avant tout, leur rapport aux interdits, à l'éthique et aux grandes morales religieuses ou laïques, universelles.
Les interdits sont les fondements de l'humanité
À la différence des autres primates, l'homme doit obéir à des interdits. La société humaine est bâtie sur des morales religieuses, des éthiques philosophiques et des lois laïques. Grosso modo, ces proscriptions exigent de l'homme qu'il n'abuse pas d'autrui. Interdiction de le manipuler, le maltraiter, le corrompre, le mettre en esclavage, le mépriser ou abuser sa naïveté. Elles recommandent d'être généreux et de porter secours à ses congénères. D'être charitable avec autrui, compatissant lorsqu'il souffre, de s'opposer au racisme, à la xénophobie...
La force de la morale
Globalement, l'éthique humaine, religieuse et philosophique condamne formellement tout abus d'autrui.
Un être humain parvenant à obéir strictement à ces diverses morales, deviendrait absolument et universellement bienveillant envers autrui.
Les carences de la loi
Cela n'est pas le cas avec la loi. Certes, certains articles de la législation proscrivent effectivement l'abus de la naïveté et la maltraitance des innocents. Mais il suffit d'observer la réalité pour comprendre qu'il est facile d'être immoral en toute légalité. Les manipulations politiques, médiatiques ou commerciales, en sont des exemples frappants et permanents.
De la morale à la loi
Des morales religieuses à la législation laïque
La loi pour compenser l'utilisation perverse de la morale
Au point ou nous en sommes de notre évolution, la loi remplace progressivement la morale religieuse. Cette laïcisation des interdits est nécessaire. Elle permet d'écarter certaines règles morales obsolètes ou partisanes. Des règles sur lesquelles pouvait s'appuyer la perversion pour justifier ses méfaits.. Car les morales religieuses ne sont pas non plus parfaites. Certaines permettent de maintenir des perversions ancestrales, des castes moyenâgeuses par lesquelles des dominants plongent sans complexe autrui en esclavage. D'autres, par leurs textes agressifs, donnent aux belliqueux des moyens de justifier leur racisme, leur violence et leur mépris envers d'autres communautés.
Mais il s'agit là d'utilisation perverse du religieux. Car chaque individu éprouve, dans l'intimité de son cœur, le juste et l'injuste. Tout adepte d'une religion connaît le véritable message de Dieu, de Yahvé, De Brahman ou d’Allah.. Tout être humain sait qu'il ne peut justifier ses méfaits à l'aide des livres sacrés. Et s'il le fait, c'est avec l'appui de la perversion ou de la mauvaise foi. Voilà une des raisons pour lesquelles l'humanité passe lentement mais sûrement de la morale à la loi. À terme, le développement du droit empêchera les mauvaises utilisations des textes religieux ou philosophiques.
Le passage de la morale au législatif
Seulement, la période de transition dans laquelle nous sommes, pose un véritable problème à l'humanité. La lutte que se livrent le laïque et le religieux pour fournir les valeurs de la société, s'est soldée par la victoire du laïque. Les « valeurs » du marché se sont imposées. Et comme dans la plupart des victoires, le narcissisme du vainqueur s'est exalté.
Le religieux, tout au moins en Europe, s'est rapidement retrouvé marginalisé par le laïque, raillé et privé d'expression sur la vitrine actuelle : les mass-médias.
En tout cas, la société actuelle refuse toute moralisation pour préfère se fixer sur le droit. Seulement, le droit, comme nous l'avons vu dans l'exemple du dessus, est encore défaillant. Il est encore largement démuni devant certaines manipulations et perversions humaines.
Sans morale, la loi ne suffit pas
Il faut voir les choses comme elles sont et en tirer les conclusions nécessaires. Un système sans morale n'est pas viable dans l'état actuel du droit. L'exemple de la mondialisation est édifiant à ce sujet. La liberté offerte actuellement aux dominants du marché, a engendré d'énormes abus envers les populations humaines.
À mon sens, la loi a encore besoin d'une bonne escorte. Un accompagnement par la morale religieuse et l'éthique philosophique. On ne peut pas laisser le système des valeurs entre les mains du marché. Après 20 ans de ce régime nous pouvons en mesurer tous les dégâts. L'homme est réduit à l'état de consommateurs. Les médias en simple vitrine du marché. Les élites poussées à la superficialité et à la compulsion. Et les pauvres de plus en plus abandonnés.
Les limites du législatif
Il s'agit bien évidemment de préconiser un accompagnement subtil et non pas un retour à l'ordre religieux. Une éducation uniquement basée sur le législatif, ne permettrait pas à l'empathie de se développer. Si l'on éduquait un enfant simplement avec le code pénal, il resterait bloqué dans son narcissisme originel. Il serait incapable de se mettre à la place d'autrui. Incapable de comprendre intimement pourquoi il ne doit pas faire de mal à ses congénères. La plupart des malveillances sont possibles uniquement par manque d'empathie. Et l'empathie s'élabore entre autre, grâce à la morale universelle fourni par le religieux.
Le rapport à la morale universelle, distingue selon moi, les deux grands types de personnalités humaines : névrosé et narcissique.
2001
narcissiques et névrosés |