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Le pessimisme de sens

Aux sources du nihilisme

Le chat de Geluck le pessimisme et l'optimismeLa chute du religieux

Curieusement, il n'y a pas comme la lecture de Cioran pour rehausser ma joie et mon moral. Jmt

Dans cet univers sans clef encore apparente, la conscience humaine a jaillit. Devant toutes ces questions profondes, l'idée d'un principe créateur, s'est rapidement imposée.

Les dieux, puis Dieu ont ainsi longtemps tenu le devant de la scène. Puis la science est apparue. Grâce à elle, nos connaissances se sont développées.
A chacune de ses grandes découvertes, la certitude des religions vacillait. Progressivement, le pragmatisme scientifique a fait régresser les métaphores des livres sacrés. Sorties de leur contexte historique, les intuitions religieuses ont progressivement été discréditées (le créationnisme, par exemple, était d'avant-garde à l'époque de Moïse).

La téléologie, la religion et la science

Mais rendons à la science ce qui lui appartient. Depuis plus de deux millénaires, elle représente la meilleure hélice de notre évolution. Grâce à elle, l'homme sort peu à peu de l'obscurité. Grâce à elle, nous avançons vers la condition d'humain. Mais la science a également ses limites. Par exemple, elle est incapable de nous dire ou va l'humanité. Passé, immédiat et court terme, sont ses domaines. Le sens et le long terme lui sont encore hors de portée. Autrement dit, la réflexion téléologique appartient toujours au domaine de la religion et de la philosophie.

L'apport du religieux

La majorité humaine est par nature optimiste. Elle l'est parce qu'elle ressent intuitivement qu'il existe un sens au monde. Si la plupart trouve du sens, c'est aussi parce qu'elle se rattache à l'une des grandes religions humaines*. Les religions offrent des chemins aux vivants, des logiques à la création et des rôles à l'homme.

* La presque totalité de l'humanité est rattachée à une de ces religions : Hindouisme, judaïsme, bouddhisme, taoïsme, shintoïsme, christianisme, islam, panthéisme.

Philosophies et religions, essaient d'éclairer également les grandes questions métaphysiques ; le mal, la souffrance, la mort. Elles proposent à leurs adeptes une direction pour le monde (direction linéaire ou circulaire). Elles lui fournissent une finalité positive (individuelle ou universelle) et une logique pour leurs actions.

Le nihilisme et le pessimisme

Si la science s'abstient de réfléchir à la finalité humaine, le nihilisme radical, refuse, lui, toute idée de finalité. Pour cet état d'esprit, deux options se présentent :

  • Le monde est absurde et l'existence dénuée de sens.
  • Ou bien, le sens est introuvable, il n'a pas d'importance, et il faut s'occuper uniquement de l'existence.

Il s'agit d'une pensée plutôt minoritaire. Les véritables nihilistes, comme Nietzsche, qui osent atteindre leur pleine liberté, sont aussi rares que les extatiques. Ceux là parviennent à dépasser le pessimisme pour gambader dans les grandes prairies de l'absolue responsabilité. Mais la plupart du temps, le nihilisme maintient l'homme dans une sorte de pessimisme.

Quoi qu'il en soit, nihilisme et pessimisme ont leur intérêt et leur importance. Ils obligent les convictions à s'affiner, la philosophie et la religion à devenir de plus en plus logiques et raisonnables.

Quand le narcissisme nihiliste est aux commandes

Le philosophe Nietzsche avait raison, à son époque, de s'attaquer aux téléologies religieuses. Elles conduisaient l'homme à négliger son présent pour un avenir post-mortem radieux. Mais nous ne sommes plus dans ce cas de figure. Le leadership est passé du tout spirituel au tout corporel et nous pouvons tirer les conclusions des décennies de retour à l'immédiat et au corps déifié (depuis 1980). Surtout quand l'utilitarisme est aux commandes. Un tel monde, vide de sens, conduit fatalement à l'absurde et au chaos.

L'obligation du sens

Le pessimisme philosophique lui-même ne peut pas faire l'impasse d'une direction. Si le monde n'a pas de sens, c'est à l'homme de l'inventer écrit Jean Paul Sartre. Mais, que la philosophie propose un sens éthique à l'existence (l'existentialisme) où un sens jouissif (Sade), c'est toujours un sens.

Aucune philosophie ne suggère d'agir à l'envers de l'humanité, d'agir en insensé. Même les grandes pensées pessimistes (comme celle d'Emil Cioran par exemple) acceptent la norme. Elles montrent, par l'exemple de ses auteurs, qu'il faut vivre dans le sens que préconise la société. Se conduire de façon sensée et agir dans la direction générale de l'humanité et pour l'humanité.

Au final donc, la plupart des pessimismes révèlent plus un type de personnalité ou de réactions aux évènements, qu'un point de vue réflechit engendrant un comportement en cohérence avec ce pessimisme. Leurs propos sombres, me semble t-il, sont contredits par leur existence.

Aux sources du pessimisme

Diverses sources.

Narcisse se mirant dans l'eauIl peut s'agir d'un mouvement de révolte.

Bien souvent, le pessimisme s'avère être une réaction hypersensible face à l'inconscience, à la surdité et à l'égoïsme humain. Un écœurement devant l'attitude compulsive de certains pouvoirs (laïques ou religieux). Bien souvent il devient alors un instrument de critiques et de combat.

Il peut s'agir d'une attitude de défense. Submergés par l'allure de l'évolution, certains individus peuvent penser que le monde était mieux avant. Cette attitude régressive engendre évidemment une certaine forme de pessimisme.

Cela peut être un mouvement réactionnaire. L'individu est alors hostile au progrès humain. Il milite pour un retour vers des mœurs anciennes. Ce pessimisme peut travailler à l'amélioration de la société (écologie) où son aliénation (le colonialisme). Dans ce dernier cas, il cherche à réduire les avantages et les libertés du peuple. Le bénéfice, bien entendu, est destiné à l'élite clanique. Ce nihilisme est alors en lien avec le narcissisme.

Le pessimisme narcissique. Ce type de pessimisme est utilisé par le narcissisme pour justifier ses malversations. Nous le retrouvons dans ce genre de propos : « l'homme est un loup pour l'homme et il en sera toujours ainsi ! ». Ou encore : « l'homme est fondamentalement mauvais ». Ou bien : « si tu ne manges pas autrui, c'est autrui qui te mangera ». il s'agit là de fausses morales désireuses de se faire passer pour de véritables morales. La morale humaine ensemence les comportements du plus grand nombre, et elle est tout autre. La majorité des hommes sont des agneaux pour les autres hommes. Les loups sont rares dans l'humanité. Et ces derniers s'appuient justement sur ces fausses morales pour justifier leurs forfaits.

En résumé, la majorité humaine est plutôt optimiste sur l'avenir humain et la petite minorité pessimiste, agit comme un aiguillon pour l'évolution positive de l'humanité.

Le pessimisme comme moteur

Étendre le temps

Jean Marc Tonizzo, oeuvre d'art, danseur nord sudDe l'homme à l'humanité

"Je ne puis concevoir intégralement ce que je suis. L'esprit est donc trop étroit pour se contenir lui-même ? C'est sur moi-même que je m'épuise. Je suis devenu pour moi même une terre de difficultés et de sueurs accablantes." Saint Augustin

Il y a plusieurs façons d'appréhender le monde :
A la mesure de quelques générations autour de la nôtre ou à l'échelle de l'histoire humaine toute entière. Sous la vision étroite de quelques décennies, la violence de l'homme a de quoi rendre nihiliste. Les régressions ponctuelles peuvent donner de l'évolution, une image vide de sens ou évoluant vers le pire.

L'illusion de la régression

Ce sentiment inconfortable engendre un certain pessimisme qui génère à son tour, de la souffrance. Pour diminuer cette souffrance, l'homme doit lutter contre les injustices à l'origine du pessimisme. Tel est le grand mécanisme de l'évolution humaine. À travers lui se constitue notre progression et notre progrès. Même s'il existe effectivement des périodes de régression, l'humanité ne cesse de s'améliorer. L'humain se bonifie. Et par-delà ses insoutenables barbaries, son égoïsme cruel et ses affaiblissements éthiques et moraux, il se dirige vers la sagesse.

L'espèce humaine ne va pas de plus en plus mal. C'est l'homme qui devient de plus en plus sensible au mal. Il y a longtemps, l'homme a créé ses premières lois et leur a permis d'évoluer. Depuis, le mal est condamné à régresser sans cesse jusqu'à disparaître tout à fait.

Il s'agit d'un mécanisme simple :

  • Le mal s'exprime. Il transgresse les interdits, engendre de la souffrance.
  • La société crée des lois pour faire régresser ce mal.
  • L'humanité devient plus sûre.
  • La sensibilité humaine, l'empathie, le confort augmentent.
  • Devenu plus sensible, l'homme ne supporte plus certains abus qu'il tolérait auparavant.
  • Il légifère. Créer de nouvelles lois.
  • Et ainsi de suite.

Ce mécanisme alimente sa propre activité. Plus la sécurité et la paix augmente dans la société, plus la sensibilité de l'être humain se développe. Plus sa sensibilité augmente, moins il supporte le mal (qu'il soit subit par lui-même ou par ses congénères). Et au final, la sensibilité, les lois, la morale, la justice, l'égalité et l'éducation progressent dans l'humanité.

Nous sommes encore une fois en présence de la « ruse de la raison » chère au philosophe Allemand Friedrich Hegel.

Tout sert au progrès

La transgression oblige la société à créer toujours plus de lois pour s'en défendre. De ce fait, elle enrichit l'instrument destiné à sa propre extinction. Notre sensibilité, en progressant, rend notre confrontation au mal de plus en plus insupportable. L'homme est alors condamné à lutter contre celui-ci et jusqu'à sa complète disparition. Sous cet angle, le pessimisme et la sensibilité font parti des collaborateurs de l'évolution vers la perfection.

Même la manipulation

Pour être complet, nous pouvons ajouter la manipulation politique, au rang des instruments inconscients d'évolution. La plupart des partis politiques alimentent la peur chez les électeurs pour se hisser au pouvoir et s'y maintenir. Il s'agit là, bien entendu, d'une attitude parfaitement immorale. Un abus pur et simple de leurs concitoyens et de la démocratie. Évidemment, la manipulation perverse a ses revers de médaille. Si elles renforcent l'État policier, elle intensifie du coup, la surveillance des dominants. Mais surtout, en jouant sur l'insécurité, ce type de pouvoir est contraint d'agir sur cette insécurité*. Sans cela, il perd rapidement toute sa crédibilité.

* Finalement, ce type d'État perd toujours sa crédibilité car il oppose systématiquement à la violence, la violence. Et en démocratie (à la différence des dictatures) les violences s'additionnent.
 

2001

 
régression
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Emmanuel Mounier, philosophe français, créateur de la revue esprit

Un homme a subi quelques déceptions, il se donne un système pessimiste de l'univers qui le rend malheureux, mais il préfère le maintenir plutôt que de se réconcilier avec le monde sur un nouvel équilibre.

E. Mounier