Technologie et idée de progrès
La science et la philosophie.
Sans progrès, il n'y a pas de paix possible. Sans paix, il n'y a pas de progrès possible. Kofi
Annan
Selon notre théorie l'humanité est destinée à atteindre sa perfection.
Ce concept s'articule donc autour de la notion de progrès. Cette notion a bien souvent été contestée par la philosophie moderne et contemporaine. « Il est en effet difficile de donner un contour précis à cette formule comme l'écrit Lalane. Autrement dit, difficile de déterminer la direction et le sens de ce mouvement ».
L'idée de progrès
On peut associer l'idée de progrès à celle de changement. De marche en avant.
Cela suppose un mouvement positif d'un état inférieur vers un état supérieur. Ce point de vue implique donc un jugement de valeur et une réflexion sur la finalité de ce mouvement. Jugement de valeur et anticipation du futur, dépassent dès lors, la stricte connaissance rationnelle des choses. Autrement dit, le progrès sort du cadre défini par la science. Le savant est un « douteur » qui met en quarantaine tout ce qui n'est pas démontré vrai, écrit Blondel.
La philosophie est différente de la science
Que la science stationne au niveau de l'expérimentation et du phénomène; c'est parfaitement légitime. Qu'une partie de la philosophie* adopte ce point de vue;
c'est normal.
*La philosophie des sciences par exemple, où la phénoménologie.
La méthode scientifique doit elle pour autant devenir la règle de la philosophie ? Je ne le pense pas. L'étendue du champ philosophique, est différente de celui des sciences dites exactes. Son envergure déborde les cadres de la rationalité. Il englobe tous les horizons possibles. Ceux de la connaissance scientifique, de la religion, de la psychologie, et même celui de la naïveté dont peut-être, cette théorie fait partie.
Le domaine du philosophe s'étend du phénoménal au transcendantal, de la science jusqu'à Dieu. Et dans l'espace philosophique, il y a la place pour la phénoménologie mais également pour l'anticipation. Les réflexions sur l'avenir humain, appartiennent donc pleinement aux amis de la sagesse. La philosophie a donc « le droit » me semble-t-il, d'envoyer ses antennes vers le futur.
La négation du progrès.
Conservateurs, sensibles, narcissiques
Le courant conservateur.
Différents types d'état d'esprit, contestent l'existence d'un progrès humain. Pour certains, le passé est supérieur au présent et à l'avenir, "c'était bien mieux avant" disent-ils Conclusion naturelle des âges où s'affaiblit la souplesse d'adaptation. Réaction logique des esprits où apparaissent la frustration de ne plus avoir 20 ans et ses performances et le sentiment d'être dépassé par le temps. Voilà les raisons sans doute, de cette forme de pessimisme. Le dominant chimpanzé renversé par son prétendant, doit probablement penser la même chose.
Le courant hypersensible.
Révolté par le mal extrême, certains en viennent à considérer notre espèce, comme étant en régression. Il s'agit d'une réaction normale. Le génocide, l'esclavage, la torture et la guerre, sont des réalités.
Tous ces « scandales », quand on en ignore le sens, font douter de l'existence d'un progrès positif. Mais en regardant l'évolution humaine dans sa totalité, ce n'est plus la même chose. Les maux, malgré leur violence, apparaissent alors en forte régression.
Ce n'est pas le mal qui augmente dans l'humanité, mais notre sensibilité au mal qui se développe.
Le courant narcissique
Le narcissisme est une position psychique marginale mais très influente. On la retrouve bien souvent dans le cheminement du racisme. Il est présent dans le mépris du faible et la xénophobie. Il s'appuie sur le progrès pour dominer et mépriser les autres cultures. Cette posture bien évidemment pervertit totalement l'idée de progrès. Il s'agit tout simplement d'un complexe de supériorité.
Ce complexe est naturellement plus prononcé dans les civilisations dominantes. Il suffit d'observer aujourd'hui le comportement du libéralisme tout-puissant pour s'en convaincre ou la façon dont les médias traitent, depuis 30 ans, les autres cultures*
* le peu de cas accordé par les télévisions de masse aux êtres humains vivant dans les pays technologiquement sous-développés, nous donne l'ampleur du narcissisme médiatique.Lévi-Strauss écrit à ce
propos : « l'Occident, maître des machines, témoigne
de connaissances très élémentaires sur l'utilisation
et les ressources de cette suprême machine qu'est le corps humain. Dans ce domaine, au contraire, comme dans celui connexe des rapports entre le physique et le moral, l'Orient et l'Extrême-Orient possèdent sur lui une avance de plusieurs millénaires; ils ont produit ces vastes sommes théoriques et pratiques que sont le yoga de la ville, les techniques du souffle chinois et la gymnastique viscérale des anciens maoris ». Évidemment, il n'existe aucun barème pour mesurer les civilisations entre elles. Leurs différences face au progrès sont avant tout un outil de construction. Ce qu'une culture gagne d'un côté, elle le perd bien souvent de l'autre. Se dire humainement supérieur à un autre groupe, n'est donc qu'une perversion. Une perversion à ranger du côté du racisme et de la xénophobie.
Un progrès général
Bien souvent, le progrès technique s'épanouit
au détriment du spirituel. Des cultes primaires (luxe, pouvoir, richesse), s'imposent aux dépens des valeurs supérieures (altruisme, humilité, partage, fraternité, égalité etc). Mais inversement, la rigueur spirituelle, freine bien souvent le progrès et l'émergence des valeurs sociales (égalité de la femme, libération de l'ouvrier, etc).
De l'évolution
Progrès du vivant et de l'humanité
1/ progrès du vivant
Les sciences actuelles font démarrer la vie à partir
de l'assemblage de quelques molécules qui ont engendré les premiers micro-organismes (ultravirus, cellules). Cette vie archaïque s'est différenciée et multipliés, jusqu'à donner l'écosystème actuel. Nous pouvons parler d'un progrès allant du simple, vers le plus complexe. De l'unité vers la diversité. De l'immobilité vers le déplacement. Du réflexe vers la raison, etc..
2 / Les progrès humains
C'est exactement la même chose avec l'humanité. L'évolution de notre espèce (entre ses origines primates et l'homme actuel), nous semble vérifiable. La somme de nos connaissances a progressé. La maîtrise, la complexification et le nombre des outils aussi. La richesse de notre langage, la diversité et l'abondance de nos interdits, ont grandi. L'envergure de nos transports, la façon de nous soigner, l'espérance de vie, ont augmenté.
La maîtrise des pulsions, la simplicité des relations, la complexité de nos organisations sociales, ont progressé. La morale, l'aptitude à se projeter dans l'avenir ou à stocker les connaissances du passé, se sont développées. L'expression des sentiments, la force créatrice, le rapport à l'esthétique et à la beauté, ont également grandi.
La perversion de la technologie
Déviance de l'objet par l'instinct criminel
La technologie dévastatrice
La perversion de la cité commence par la fraude des mots. Platon
Évidemment, en voulant démontrer le côté positif du progrès, ses horreurs apparaissent également. Au siècle dernier, en s'appuyant sur les découvertes technologiques, l'homme a commis les pires carnages. Cette folie donne, bien entendu, une mauvaise image du progrès.
La faute à l'homme
Mais la technologie n'est pas responsable des comportements humains. Le véritable problème de l'homme, c'est l'homme. La domination, le goût du pouvoir, la clanicité, le racisme, sont encore aux commandes dans l'humanité. La pulsion criminelle permet à l'individu de maltraiter ses congénères et d'utiliser la technologie à cette fin. L'ascendant des tendances sur la conscience, renvoie une partie du progrès vers le "mal". Et pourtant, même si nos comportements restent encore primaires, la violence et l'injustice refluent dans l'humanité.
Une diminution progressive
D'un côté, l'objet et le progrès adoucissent les hommes, de l'autre, ils accroissent l'ampleur de nos débordements. Pourtant, au final, le « bien » l'emporte. L'organisation humaine est ainsi faite. Le mal est contenu dans un système autobloquant. Plus il s'exprime, plus les ligatures qui l'enserrent, se resserrent.
Lorsque cet épuisant travail de maîtrise sera achevé, le progrès aura perdu toute sa dangerosité. Ce principe est inhérent à notre métamorphose. Il est le fruit de notre transformation. Il durera jusqu'à la prise en main des tendances par la conscience. Autrement dit, jusqu’à l'acquisition par l'homme de la pleine maîtrise de ses pulsions.
2001
technologie suite
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