L'évolution du questionnement
L'interrogation
Au centre de l'évolution humaine
La science seule, est incapable de répondre à toutes les questions et, malgré son développement, elle ne le sera jamais. Claude Lévi-Strauss
Qui sommes-nous ? ...
D'où venons-nous ? ...
Ou allons-nous ? ...
Voila schématiquement les trois grandes énigmes que l'humanité doit résoudre. Les mythes et les religions, à partir de ces questions initiales, nous ont fournit les premières réponses métaphoriques. La philosophie et la science les ont ensuite rationalisé*.
*Depuis la naissance de la pensée, les hommes attirent leurs arguments vers la vérité et la lumière.
Trois grandes missions
Au début de ce chapitre, nous avons déterminés trois grands « chantiers » que l'humanité a entrepris depuis sa naissance :
- la maîtrise progressive du comportement
- la maîtrise idéale de l'environnement
- la résolution du questionnement.
Dans les deux premiers chapitres nous avons étudié les 2 premières tâches. Intéressons-nous à présent à la question de l'évolution progressive du questionnement.
De la réflexion,
Une particularité humaine
La réponse est oui, mais qu'elle était la question ? Woody Allen.
Il suffit d'observer un chimpanzé face à la mort d'un des siens, pour s'écarter de tout mauvais anthropocentrisme.
Il suffit d'observer un éléphant face au crâne d'un pachyderme, pour comprendre que nous ne sommes pas les seuls à nous poser des questions. Il suffit d'observer l'oeil du dauphin ou de la baleine, pour écarter l'hypothèse d'un « homme supérieur », détenant l'exclusivité du questionnement existentiel. Ce simple examen engage d'ailleurs à un immense respect envers les autres formes vivantes. Ce n'est pas encore le cas, mais l'humanité avance dans ce sens.
Les traits particuliers de l'humanité
Nous ne sommes donc pas les seuls « existentialistes » du monde vivant. Mais si d'autres espèces sont confrontés aux grandes questions métaphysiques, c'est sans doute unique de s'interroger avec autant d'insistance* et unique d'apporter autant de réponses. C'est encore unique de faire du questionnement, une philosophie, un métier, un art de vivre. L'incroyable complexité de nos interrogations et leur influence sur notre évolution, voilà bien un comportement typiquement humain.
* Il suffit de parcourir l'internet (Wikipedia) pour mesurer toute l'énergie déployée par l'homme devant ses énigmes. Aucun des domaines du monde (domaine matériel, animal, végétal, humain) n'est vierge d'interrogation et de réponses.
S'interroger avant d'agir
Spécificité de la culture humaine
Dans l'abîme sans fond mon regard a plongé.
De l'atome au soleil j'ai tout interrogé. Lamartine
Le questionnement est donc au centre de l'essor humain. Il est notre impératif. Être un être social et conscient d'être mortel, induit irrésistiblement des interrogations métaphysiques.
Le monde de la culture
À un moment de son évolution, l'homme s'est posé des questions et se les ai transmise. Il entrait alors dans le monde de la culture. La mythologie, la religion, la science et la philosophie, sont nés de ce questionnement. La vie franchissait alors une nouvelle étape dans « la montée progressive de l'esprit vers un esprit supérieur ». L'individu ne réagissait plus seulement aux stimuli extérieurs. Il pouvait poser entre ceux-ci et son acte, un temps de réflexion.
Le temps de réflexion Il n'y a rien de caché qui ne doive être révélé, ni de secret qui ne doive être connu. Matth. X. 26.
Ce temps de réflexion (entre stimuli et action) est limité chez les espèces primaires (poissons, reptiles). Il prend son essor chez les mammifères, pour s'épanouir chez l'homme ou il ne cesse d'augmenter. Des millénaires de réflexions séparent le coup de dents du chimpanzé, de la justice humaine. Des milliers d'années séparent la copulation basique du tantrisme, le reniflement de la diplomatie.
Bien sûr, nous n'avons pas encore atteint notre perfection. Bien souvent nos pulsions abolissent le temps d'analyse. Souvent la mauvaise foi embrume le questionnement. Le déni, pour préserver ou augmenter ses privilèges, bride l'apparition des réflexions empathiques. Pourtant, sans être « parfaite », l'espèce humaine dispose déjà d'un cortex capable de réfléchir. Elle possède une intelligence suffisante pour s'interroger avant d'agir. Nous détenons donc déjà le matériel nécessaire d'une évolution consciente et respectueuse.
L'interrogation et la sérénité
L'extase à la fin du questionnement
L'apparence requiert art et finesse ; la vérité, calme et simplicité. Kant
Dans un premier temps, l'homme utilise le questionnement pour s'adapter de mieux en mieux au monde. Il lui permet de construire l'humanité matérielle et de domestiquer ses pulsions animales.
Mais sa destination va bien au-delà des contingences techniques. Au-delà de l'intérêt philosophique même. L'interrogation conduit l'être humain vers les rives magiques de la spiritualité. Aux questions métaphysiques, l'humanité ne cesse d'apporter des réponses toujours plus profondes. Ces réponses dirigent notre esprit vers le cœur des choses, vers l'âme de la création. L'intermède nihiliste que nous sommes en train de vivre, ne changera rien à cette irrépressible avancée vers les hauteurs spirituelles.
La recherche de sérénité
La puissance de notre questionnement éclaire de plus en plus le monde*. Plus il y a de lumière au-dessus de l'homme, plus il devient serein. En gagnant en quiétude, l'humanité métamorphose progressivement son rapport à la vie et à la mort.
* Certaines questions sans réponse devaient terroriser les hommes préhistoriques. Les grecs leur ont apporté des significations rassurantes et s'en sont libérés.
De nombreux mystères dont les grecs avaient peur, ont été éclairé depuis. Aujourd'hui, ils n'impressionnent plus beaucoup de monde.
Répondre à nos interrogations, est donc bien plus spirituel que ce qu'il n'y paraît.
La ruse spirituelle
Chaque éclairage d'une zone d'ombre, augmente le taux de sérénité de l'humanité. Il accroît son degré de tranquillité et de philosophie*.
* Et même si l'évolution déroule en permanence de nouveaux questionnements sous nos esprits, les réponses qui en découlent nous apaisent de plus en plus.
Sérénité et quiétude, conduisent peu a peu le genre humain vers le bonheur. Tout homme, nous dit la philosophie, aspire au bonheur. L'interrogation humaine, par les réponses qu'elle apporte, est donc avant tout, un générateur de bonheur.
2002
de la peur à la quiétude
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