Judaïsme, mère des monothéismes
Judaïsme, christianisme islam
Vaincre l'antisémitisme, soigner sa victime, la libérer des peurs que 2000 ans d'antisémitisme ont engendré.
Des siècles de rejet, de discriminations, de pogroms, de ghettoïsation, de conversions forcées, de violences de toutes sortes, d'antisémitisme récurent, s'inscrivent naturellement dans l'esprit d'une communauté. Si la force de vie, l'esprit de résistance, l'espoir de voir changer les choses, permettent d'éviter toute victoire du désespoir, il n'en reste pas moins que ces violences font porter un poids tragique dans le cœur des victimes et chez leurs descendants. A ce poids de violences infligées au peuple juifs durant toute son histoire, est venu s'ajouter la terreurs finale du XXeme siècle, la tentative de son assassinat.
Cette tentative d'assassinat qu'est la Shoah, est finalement le résultat tellement prévisible de 2000 ans de haine laissée au grand vent. La conséquence de ces siècles de persécutions abandonnées à la tolérance, de cette absence de réflexion et de reconnaissance pleine et sincère pour cet antisémitisme viscéral et pour la quantité de maltraitances précédentes offertes à l'impunité. Avec le recul, nous pouvons comprendre que la tentative de meurtre sur le judaïsme par le nazisme était inéluctable comme quand on laisse une victime à la merci d'un bourreau sans remord et toujours impuni.
Toute tentative d'assassinat laisse des traces profondes dans l'inconscient de celui qui en a été victime. Le peuple juif, empli de sensibilité, ne fait pas exception à cette triste règle. Toutes les violences subies se transmettent de générations en générations. Toutes l'inquiétude, le sentiment de danger, la poussée vers l'exode (même dans des périodes clémentes), restent inscrits au fond des âmes, et resteront inscrit tant que l'assassin n'aura pas pris conscience de la monstruosité de ses actes, tant que la fille n'aura pas pris le courage de regarder en face son désir de matricide ...
Autrement dit, au regard de l'histoire, c'est au christianisme de rassurer définitivement le judaïsme. C'est à la fille, devenue toute-puissante, qu'il revient à comprendre pourquoi elle a nié, pendant 2000 ans, la spiritualité de sa mère. Pourquoi, elle a refusé de reconnaître, durant tous ces siècles,  l'apport considérable de sa génitrice à sa propre spiritualité ? Pourquoi cette fille a-t-elle régulièrement passé ses nerfs, ses angoisses, ses culpabilités, en culpabilisant ou en violentant sa propre mère ?
Une question de symbole
Bien entendu, durant ces 2000 ans, le christianisme n'a pas été homogène. Des chrétiens ont choyé, aimé, dialogué et compris la beauté du judaïsme, d'autres l'ont défendu au péril de leur vie. Mais aujourd'hui, il s'agit de symboles. L'antisémitisme ne disparaîtra pas sans cette reconnaissance absolue, fondamentale et irréversible, par les grands chefs de la communauté chrétienne, au premier rang duquel se trouve le pape.
Seule cette reconnaissance affective, sentimentale de la fille envers sa mère, peut définitivement venir à bout de cet antisémitisme.
Un antisémitisme qui rampe et émerge régulièrement, comme pour rappeler sans cesse au peuple juif, victime d'assassinat, que sa communauté a bien raison de maintenir sa vigilance et sa mémoire, car cela pourra toujours se reproduire, comme nous le ressentons aujourd'hui encore. L'humanité ne peut laisser perdurer cette angoisse plus longtemps.
Chrétiens, soyez chrétiens
A mon sens les chrétiens, ont entre entre les mains la possibilité de libérer définitivement l'esprit de leur mère. Leur mère c’est le judaïsme. Elle l’est et le  restera toujours.
Le christianisme à dans les mains,  la possibilité de libérer définitivement celle qui a apporté à l'humanité, la beauté du monothéisme, l'idée de ce Dieu transcendant, unique et universel au monde. Cette communauté mère qui lui a offert les lois, la base de ses livres sacrés et la naissance de Jésus.
Les chefs de l'église
Le sommet de l'église doit le reconnaître haut, fort et aux yeux du monde entier. Comme Jésus Christ l'a enseigné, le christianisme doit abandonner tout orgueil pour reconnaître pleinement cette mère afin de l'aimer comme un enfant doit aimer sa mère, de tout son cœur. Reconnaitre ses fautes, n'est pas un aveu de faiblesse, mais un symbole de puissance.
Au vu de l'histoire, et des livres sacrés, c'est à la fille symbolique de faire le premier pas. Le pas définitif vers sa mère pour que celle-ci puisse pardonner. C'est à la fille de s'expliquer pour que sa mère puisse enfin la serrer dans les bras. C'est à la fille d'offrir à la mère, l'assurance et la garantie affective que la violence ne se reproduira plus.
Un exemple à imaginer
Prenons un exemple. Imaginons une famille habitant une petite ville et contrainte d'y rester. Elle a été victime d'une tentative d'assassinat de la part de certaines personnes qui détenaient le pouvoir dans cette petite ville. La loi a jugé les quelques personnes coupables de la famille bourreau et la famille victime a été dédommagée pécuniairement. La famille victime pourrait croire l'histoire finie, la violente rangée aux oubliettes, mais il n'en est rien, les excuses des assassins ont été légères et leur haine toujours la, affleurant dans la ville ... Régulièrement des mots, des regards, des démonstrations sournoises de cette ancienne violence resurgit.
Pouvons nous imaginer la peur que doit vivre cette famille victime ? L'effort qu'elle doit faire pour la surmonter au quotidien et faire bonne figure ? L'effroi qui peut la saisir à chaque résurgence d'hostilité envers elle ?
Il est normal ainsi, qu'en attendant cet étouffement définitif de l'antisémitisme par sa fille, par ses filles, la communauté juive ne laisse plus aucun mot, aucun acte, aucune violence antisémite, sans contestation, sans dénonciation, sans combat ni sanction. Car sous ces actes qui peuvent sembler moins grave ce sont 2000 ans d'histoire qui se montrent toujours prêt à regermer.
2001 La shoah
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