Plotin, une expérience extatique L'un et l'extase, extrait
La joie qu'elle éprouve n'est pas fausse
Il est impossible de traduire ce que l'on
ressent au contact de l'Un dans l'extase : nous le saisissons assez
pour parler de lui, mais sans que nos paroles l'atteignent en lui-même.
« Nous disons ce qu'il n'est pas, nous ne disons pas ce qu'il
est » « si l'on veut parler de lui avec vérité, on ne peut dire que des négations » « car il
n'est rien de ce dont il est le principe ».
De même que pour voir la nature intelligible, il ne faut plus avoir aucune image des choses sensibles et contempler ce qui est au-delà du sensible, de même pour voir ce qui est au-delà de l'intelligible, il faut écarter tout intelligible. On apprend bien, grâce à l'intelligible, l'existence de ce terme suprême, et pour savoir ce qu'est l'idée, il faut écarter toute intelligible » « il faut s'éloigner de la science et de ces objets, il faut abandonner
toute autre contemplation, même celle du beau » «Â
l'âme doit être dépourvue de forme pour qu'il ne s'y loge aucun obstacle qui l'empêche d'être rempli
et éclairé par la nature première».
L'intelligence, mettant un voile sur les autres objets et se recueillant dans son intimité, ne voit plus aucun objet ; mais elle contemple alors une lumière qui n'est point en autre chose, mais qui lui est apparue subitement, seule, pure et existant en soi-même. Elle ne sait pas d'où cette lumière est apparue. Est-elle extérieure ou intérieure ? Quand elle a cessé de la voir, elle dit : elle était intérieure, et pourtant elle ne l'était pas ».
« Qu'on se figure, d'après les amours d'ici-bas, ce que doit être la rencontre de l'être le plus aimé
: les objets que nous aimons ici sont mortels et caducs... Ils ne sont pas le bien que nous cherchons. Le véritable objet de notre amour est là -bas, et nous pouvons nous unir à lui, en prendre notre part et le posséder réellement
». « En cet état, l'âme peut juger et connaître que c'est bien là ce qu'elle désirait, et elle peut affirmer qu'il n'y a rien au-dessus. Là -bas, pas d'erreur
possible : où trouver plus vrai que le vrai ? La joie qu'elle éprouve n'est pas fausse, et elle déclare que cette
joie n'est pas due à un chatouillement du corps mais au retour à son bonheur d'autrefois ». « Hors d'elle-même et enivré de nectar, elle devient intelligence aimante en se simplifiant pour arriver à cet état de plénitude heureuse. Et une telle ivresse vaut mieux pour elle que la sobriété
».
La preuve qu'on a atteint le bien, c'est qu'on s'améliore, qu'on n'éprouve plus de regrets, que l'on est rempli de lui, que l'on reste auprès de lui et qu'on ne cherche plus rien ». « Tout ce qui auparavant faisait plaisir à l'âme : dignité, pouvoir, richesse, beauté, science, elle le méprise, et le dit. Mais le dirait-elle si elle n'avait rencontré des biens meilleurs ? »
D'autres penseurs ou pensées
Quelques routes vers d'autres extraits relatifs à la béatitude, au nirvana, à l'extase : Althusser, Averroès, Épicure, Janet, Kant, Pic de la Mirandole, Rogue, Sikhs, Van Ruysbroeck, Spinoza, Stein Jean-Jacques rousseau, Valladier, Rousseau.
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