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  • extase

Rig-veda

Le livre des Hymnes

cilzo_wolf_wolf2Traduction M Langlois

Le Rig-Véda est le premier de trois livres sacrés qui constituent le fondement de la civilisation religieuse de l'Inde. Composé à une époque immémoriale, c'est le monument littéraire le plus ancien qui ait été conservé. Il représente, dans l'histoire de l'esprit humain, une phase inconnue, et d'autant plus intéressante à étudier qu'elle peut nous révéler le point de départ des principales idées qui ont dominé toute l'antiquité classique. Merveilleuse étude à poursuivre, que celle qui se fait sur un livre, contemporain, dans quelques-unes au moins de ses parties, de ces grands monuments d'Égypte, dont la pierre est encore silencieusement énigmatique ! Les diverses branches des connaissances humaines peuvent y gagner quelque chose. La philosophie du siècle dernier croyait que ce livre, sous les voiles qui le couvraient alors, cachait, contre l'ennemi sacré qu'elle attaquait, une arme mystérieuse et menaçante. L'érudition de notre siècle a pénétré dans l'arche sainte : c'est la gloire de notre âge d'avoir mis à découvert les secrets de l'Inde ancienne, et, quelle que puisse être la valeur réelle de ces trésors antiques, de les avoir livrés sans réserve à l'appréciation de la science moderne. J'estime que ce sera là une mine précieuse et féconde pour l'archéologie, pour la philosophie et pour l'histoire. Ce n'est pas seulement l'origine des antiquités locales que l'archéologue doit y rechercher; c'est aussi la trace du commerce intellectuel qui a existé entre les nations des premiers âges, c'est la preuve des emprunts faits à la pensée d'un peuple primitif. Quant au philosophe, il retrouvera, il suivra avec intérêt, dans ses développements variés, la théorie métaphysique sur laquelle les sages des anciens temps ont fondé une religion et un culte; et, accoutumé à la brillante imagination de Platon, il ne dédaignera pas de contempler les procédés ingénieux par lesquels on sut aussi plus anciennement donner à l'idée incorporelle une forme, un vêtement matériel et poétique. L'historien, débarrassé des allégations gratuites, des suppositions hasardées qu'on lui a fournies jusqu'à présent, ne jugera plus que sur des faits ; car un livre, c'est un grand fait, autour duquel se groupent naturellement des notions de mœurs, des circonstances de temps, des mentions de personnes, tout l'artifice d'une œuvre littéraire, enfin la vie intellectuelle et politique du peuple pour lequel ce livre a été composé.
Cependant, en considérant d'un côté la longue attente et les justes exigences du monde savant, de l'autre la nature et la composition de cet ouvrage, je l'avouerai, j'ai un moment désespéré de mon travail. En effet, le Rig-Véda n'est autre chose qu'un recueil d'hymnes religieux, chantés à l'origine de la société indienne, accumulés par la suite des temps, et conservés dans la mémoire des races sacerdotales. Et ces hymnes religieux, ne peut-on pas leur reprocher de porter l'empreinte de cet esprit mythologique que quelques critiques sérieux repoussent avec une espèce de dégoût ? Elle a sans doute ses défauts, cette mythologie fille ingénieuse de l'antique Orient, cette fée rieuse à double face, cette agréable conteuse à double langage, qui ne rougit pas de mentir pour nous faire accepter la vérité, qui se joue avec les choses graves, et qui philosophe en badinant. Mais si la mythologie n'était que l'exagération d'un langage naturel et vrai sous un autre rapport, ne vaudrait-il pas mieux écouter et tâcher de comprendre ce langage, que de le rejeter avec dédain? Si tous les idiomes, pour rendre une idée métaphysique, sont obligés d'emprunter leur expression au monde matériel, comment s'étonner que le mythe vienne au secours du dogme religieux qui cherche à se traduire aux yeux de l'esprit, et qu'il lui prête l'appui de ses larges et brillantes métaphores? Une religion me semble être la représentation, par le moyen de symboles extérieurs, de l'idée qu'un peuple s'est faite de la nature divine. Le vrai philosophe doit aimer à suivre et à saisir cette idée sous les voiles mystérieux dont l'ont enveloppée les anciens hiérophantes. Voilà précisément le but que se proposera le lecteur de cet ouvrage, soutenu par la curiosité de la science au milieu d'une stérile abondance de merveilleuses fictions et d'une prolixe monotonie d'invocations pieuses, étonné tour à tour ou de la puérile naïveté de la pensée, ou de la poétique magnificence du style; car telles sont les qualités comme aussi les défauts de ce livre. Mais un défaut ou peut-être une qualité de tous ces bardes antiques, c'est de n'avoir aucune suite, aucun système dans leurs inventions. Ils ont une allure capricieuse, qui tantôt admet l'allégorie mythologique et tantôt la repousse, de manière à ne pouvoir cacher leur pensée lorsqu'ils voudraient la déguiser, et à laisser leur fiction tout éclairée d'avance du jour de la vérité. Il y a Un certain plaisir à voir, sous le souffle du poète, toutes ces divinités naître, s'animer, revêtir des formes variables et changeantes. Mais il semble aussi quelquefois que, mécontent de ses conceptions mensongères, l'auteur brise le dieu qu'il a créé, et revient à la vérité philosophique.
Dans la nature il y a un mouvement qui est la vie, une régularité qui est l'intelligence. La vie, l'intelligence, pour l'Indien de ces premiers temps, c'est Dieu ; un Dieu qui n'a pas de nom, que l'on ne désigne que par ses attributs. Ainsi il est cavi, intelligent; il est asoura, auteur du mouvement; il est surtout védhus, c'est-à-dire qu'il existe au sein de cette substance inerte, dont l'origine n'est point définie, qui n'est peut-être qu'une apparence, mais à laquelle il communique son énergie. Dieu est dans tout; mais tout n'est pas Dieu. Le panthéisme est peut-être dans le culte, mais non dans le dogme. En effet, l'homme qui a la conscience de sa faiblesse cherche un appui autour de lui ; et, dans les diverses parties de cette nature qui touche ses sens, il reconnaît l'action de l'être invisible dont le secours lui est nécessaire. Il l'invoque dans la lumière qui l'éclaire, dans le feu qui l'échauffé, dans l'air qui le rafraîchit, dans le ciel et la terre, dans le jour et la nuit. Partout où il voit un rayon de cette clarté, de cette force, de cette abondance, de cette charité dont il a besoin, il adore Dieu. Il n'adore pas l'élément qui semble le receler en son sein ; mais cet élément devient pour lui une chose sacrée : il reçoit le nom de Déva, qui se traduit par le mot Dieu, mais qui n'a point cependant l'acception métaphysique de cette expression. Le mot déva s'applique à tout être qui porte l'empreinte d'une efficacité suprême, qui présente à l'homme le doux espoir du bien qu'il attend, qui enfin resplendit de l'auréole divine. C'est alors que l'imagination du poète s'enflammant avec la promesse d'une reconnaissance à laquelle il ne veut pas mettre de bornes, il divise, il fractionne la nature. De tous les accidents du temps, de tous les points de l'espace, de toutes les parties des éléments, il fait des êtres divins ; il en fait du sacrifice lui-même, du prêtre qui l'offre, de la prière, de la libation, des rites qui le composent. Tout s'anime de la vie qui est en Dieu; tout reçoit une personnalité qui est l'ouvrage de l'homme. Le poète, à son gré, choisit les traits et les couleurs qui peuvent convenir à chacun de ces êtres ; il leur donne un corps, un caractère, une fonction, une famille. Le vulgaire, en les voyant, peut les prendre pour de véritables dieux. Mais le sage, qui les a créés, tout en les chantant leur rappelle quelquefois leur origine; et, distinguant clairement la matière de la substance incorporelle, il leur dit qu'ils ne sont quelque chose que par l'essence divine qui est en eux. J'ajouterai même que souvent, en parlant de leurs appétits un peu grossiers, il ne semble pas beaucoup les entourer de son respect.

J'ai dit quelle était la nature de ces dieux du RigVéda. Enfants d'une imagination poétique, les uns sont nouveaux, les autres sont anciens : on en voit qui semblent monter en faveur, d'autres qui tombent en désuétude. On dirait que quelques-uns se rajeunissent sous un nom nouveau. Ils meurent, ils naissent avec les phénomènes qu'ils représentent; bien plus, ils meurent, ils naissent suivant le caprice dé leur créateur, formes changeantes, périssables de la matière, ou formes plus légères, plus inconstantes encore, issues d'un cerveau de poète. Il n'y a d'immortel, il n'y a d'immuable que l'Être suprême et réel. L'adoration passe à travers cette foule déifiée de vains fantômes, pour monter jusqu'à lui.

(...)


A DIVERS DIEUX.

1. Éveille les Aswins alliés au Matin ; qu'ils viennent ici goûter de notre soma.
1. Nous invoquons les Aswins, ces deux divinités habitantes du ciel, et qui se distinguent par leur habileté à conduire un char brillant.
3. O Aswins, de votre fouet qu'humectent nos libations, que fortifient nos prières, touchez notre sacrifice.
4. Non loin de vous est la maison où vous dirigez votre char, ô Aswins! (la maison) de celui qui vous offre le soma.
5. J'appelle à notre secours Savitri à la main d'or ; ce dieu voit bien le lieu (où l'invoquent ses serviteurs).
6. Célèbre, pour obtenir sa protection, Savitri, enfant des libations. Nous voulons en son honneur accomplir l'œuvre sainte.
7. Nous invoquons Savitri, qui est l'œil des mortels, (Savitri) à qui nous devons et nos demeures et toutes nos richesses.
8. Amis, placez-vous; nous avons à chanter Savitri. C'est lui qui donne l'opulence et qui brille (au ciel).
9. O Agni, amène ici, pour prendre part à nos libations, Twachtri et les épouses chéries des dieux.
10. Agni toujours jeune, amène en ces lieux, pour notre bien, ces épouses divines, Hotrâ, Bhâratî, "Varoutrî, Dhichanà.
11. Que ces déesses, amies des hommes, nous couvrent de leur haute faveur, et nous donnentjla prospérité; que rien ne blesse leur aile (protectrice).
12. J'appelle ici Indrânî, Varo unânî, Agnâyî ; je les vénère, et les invite aux libations de soma.
13. Que le grand Ciel et la Terre agréent notre sacrifice, et qu'en récompense ils nous comblent de leurs biens.
14. Par leurs prières les sages, dans ce lieu où siège Gandharva, recueillent le lait du Ciel et de la Terre.
15. O Terre, sois poumons une habitation large et fortunée: donne-nous bonheur et gloire.
16. Que les dieux nous protègent toute cette région d'où Vichnou s'est élancé, (excité) par nos sept genres d'invocations.
17. Oui, d'ici Vichnou s'est élancé; trois fois il a foulé un sol empreint de la poussière de son pied.
18. Vichnou, sauveur invincible, gardien des devoirs sacrés, en trois stations a fourni sa carrière.
19. Considérez donc les actes de Vichnou, par lesquels cet ami, ce compagnon d'Indra, indique (à l'homme pieux) le moment des sacrifices.
2o. Les pères de famille éclairés examinent constamment la haute station de Vichnou; leur œil est toujours comme tendu vers le ciel.
21. Et cette haute station de Vichnou, les prêtres vigilants la célèbrent par leurs hymnes et les feux du sacrifice.
Auteur : Médhâtithi; mètre, Gâyatrî.

Quelques routes vers d'autres extraits relatifs à la béatitude, au nirvana, à l'extase : Althusser, Averroès, Épicure, Janet, Kant, Pic de la Mirandole, Rogue, Sankara, Sikhs, Van Ruysbroeck, Spinoza, Stein, Valladier, Rousseau.



vers carnassier

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