Biographie métaphorique n° 7
Bio imagée de l'auteur
Schopenhauer
Le génie.
Le génie est la volonté la plus haute expression de cette connaissance libérée de la volonté.
Les formes inférieures de la vie sont entièrement constitué de volonté sans connaissance; en général, l'homme est surtout volonté, faible est sa connaissance; le génie est surtout force de connaissances et faiblesse de volonté.
« Le génie réside en ce que la faculté de connaître a été développé au-delà des exigences de la volonté », ce qui demande la transmission d'une certaine force de l'activité reproductrice à l'activité intellectuelle.
« La condition fondamentale du génie est une prédominance anormal de la sensibilité et de l'irritabilité sur la puissance reproductrice ».
De là vient l'hostilité entre le génie et la femme, qui représente la reproduction et la sujétion de l'intellect à la volonté de vivre et de faire vivre. « Les femmes peuvent avoir beaucoup de talent, mais point de génie, car elle reste toujours subjective ». Chez elles, tout est personnel et envisagé comme moyen d'atteindre leurs buts personnels.
D'autres parts :
Le génie n'est pas autre chose que l'objectivité la plus parfaite, c'est-à -dire la direction objective de l'esprit, ce qui revient à perdre complètement de vu nos intérêts, notre volonté, nos fins ; nous devons pour un temps sortir absolument de notre personnalité, n'être plus que pur sujet connaissant, oeil limpide de l'univers entier… dès lors, l' expression géniale d'une physionomie consiste en ce qu'on y peut voir une prépondérance marqué de la connaissance sur la volonté, en ce que l'on y trouve la marque d'une connaissance exempte de tout rapport avec une volonté, c'est à dire l'expression d'une connaissance pure. Au contraire, dans les physionomies communes, l'expression de la volonté est prépondérante, c'est à dire qu'elle ne se dirigent que d'après des motifs d'intérêts personnels.
Libéré de la volonté, l'intellect peut saisir l'objet tel qu'il est ; le génie nous met en face du miroir magique dans lequel tout ce qui est essentiel et significatif nous apparaît réunit et mis en lumière de la façon la plus claire, tandis que ce qui est accidentel et étranger est laissé de côté ! La pensée perce à travers la passion comme le soleil perce à travers les nuages, il révèle le fond des choses; derrière ce qui est individuel et particulier elle saisit l’ « Idée platonicienne » ou l'universel essence donc elle est une forme - tout comme le peintre aperçoit dans la personne dont il reproduit Ies traits, non seulement l'image et le caractère particulier, mais une certaine qualité universelle et une réalité permanente révélée par l'individu qui n'en est que l'image et le symbole. Le secret du génie consiste donc à percevoir clairement et impartialement ce qui est objectif, essentiel est universel.
C'est ce rejet de l'équation personnelle qui laisse le génie si mal adapté dans le domaine de l'activité volontaire, pratique et personnelle. En voyant si loin, il n'aperçoit pas ce qui est proche ; il est imprudent et « bizarre » ; et alors que sa vue est fixé sur une étoile, il tombe dans un puits. De là , en partie, le caractère insociable du génie; il pense à ce qui est fondamental, essentiel, éternel; les autres pensent à ceux qui est temporaire, spécifique, immédiat ; son esprit et le leur n'ont pas de points communs et ne se rencontrent jamais.
« En général un homme est sociable dans la mesure où il est pauvre intellectuellement et vulgaire. » L'homme de génie à ses compensations et n’a pas autant besoin de société que ceux qui vivent dans une perpétuelle dépendance de ce qui est en dehors d’eux. « Le plaisir qu'il retire de tout ce qui est beau, la consolation de l’art, l'enthousiasme de l' artiste … lui permettent d'oublier les soucis de l' existence, » le « dédommagent des souffrances qui augmentent pour lui en proportion de la lucidité de sa conscience, et le console de vivre en solitaire au milieu d'une race d'hommes toutes différentes. »
Il arrive toutefois que le génie réduit à l'isolement sombre parfois dans la folie ; l'extrême sensibilité qui le fait souffrir par l'imagination et l'intuition contribue avec la solitude et l’inadaptation, à briser les liens qui rattachent son esprit à la réalité. Aristote avait raison : « les génies de la philosophie, de la politique, de l’art de la poésie ensemble tous doués d'un tempérament mélancolique ». Le rapport direct entre le génie et la folie se voit dans la biographie des grands hommes, tels que Rousseau, Byron, Alfieri, etc. « au cours d'une enquête minutieuse dans les asiles d'aliénés, j'ai découvert des cas individuels de malade qui étaient incontestablement doués de grands talents et dont le génie se manifestait clairement à travers leur folie ».
Cependant c’est chez ces demi-fous, ces génies, que se rencontre la véritable aristocratie de l’humanité. « Dans le domaine intellectuel la nature est hautement aristocratique. Les distinctions établies par l'intellect sont bien plus grande que celle qui existent en n’importe quel pays du fait de la naissance, du rang, de la fortune ou de la caste ».
La nature n'accorde le génie qu’au petit nombre, car ce don généralisé serait incompatible avec les visées normales de la vie, qui réclame l'application à des tâches déterminées et immédiates : « c'est le vœu de la nature que même les savants soient des cultivateurs du sol : en fait, c'est d'après cette norme que les professeurs de philosophie devraient être estimés ; leurs œuvres se trouveront alors répondre à tout ce que l'on peut raisonnablement attendre ».
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Vers la préface
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