Xenophon, une biographie du XIXe siecle
Biographie de Xenophon.
XÉNOPHON, l'abeille d'Athique
Athénien célèbre comme philosophe comme militaire comme historien, était fils de Gryllus, il naquit en 445 ans avant J-C et mourut en 356. On ne sait rien du reste, ni de ses parents, ni des circonstances de sa première jeunesse. Il devait avoir atteint 15 à 16 ans lorsqu il fit la connaissance de Socrate.
Diogène de Laërte raconte que philosophe rencontrant ce jeune homme, fut frappé de sa beauté modeste, il lui barra le passage avec son bâton et lui demanda où l'on pourrait acheter les choses nécessaires à la vie : " Au marché répondit Xénophon". Socarte lui demanda de nouveau - "Où peut on apprendre à devenir homme de bien". Comme le jeune Athénien hésitait à répondre - "Suis moi, lui dit Socrate et tu l'apprendras". Dès lors il devint son disciple.
M Letronne relève un fait consigné dans Philostrate. Selon cet auteur, Xénophon aurait encore reçu des leçons de Prodicus de Céos pendant qu'il était prisonnier en Béotie. M Letronne conjecture que la prise d'Orope, doit être l'événement militaire où Xénophon fut fait prisonnier. Socrate lui aussi porta les armes puisqu'il se trouvait à côté de Xénophon à la bataille de Délium, et qu'il lui sauva la vie. On ignore ce que fit Xénophon jusqu'à son départ pour l'armée de Cyrus, mais il doit avoir pris part à la guerre du Péloponèse et y avoir fait son apprentissage militaire, puisqu il déploya dans l'Asie mineure, une expérience consommée.
Xénophon fut exilé de sa patrie sous prétexte de son dévouement au parti dorien. Ce fut après la bataille de Coronée (393 avant J-C). Là , le capitaine athénien avait assisté au triomphe d'Agésilas sur les confédérés de Thèbes, Corinthe, Argos, et Athènes et soit, cette disgrâce fût motivée d'avance, soit qu'elle eût déterminé, ce qu'on ne faisait que suspecter, il s'établit des rapports politiques entre Xenophon et le gouvernement lacédémonien, suites de l'amitié qui l'unissait au roi Agésilas. Des terres lui furent données en Élide et l'illustre exilé, passa une partie de ses jours à sa maison de campagne de Scillonte, près d Olympie : il composa divers ouvrages philosophiques politiques et historiques. Le style Xénophon brille moins par l'énergie, l'élévation, que par la pureté et une grâce facile, mais ses écrits sont d'une lecture attachante.
Si la comparaison ne devait pas être fort limitée entre deux hommes d'un caractère et d'une époque si différente, on pourrait dire que le style Xénophon, a quelque chose de voltairien, tant le tour en est aisé, limpide et correct sans effort.
- Le caractère politique de l'historien, et ses tendances viennent d être indiquées ; son récit de la bataille de Leuctres où il semble avouer à regret la victoire remportée par les Thébains sur sa patrie adoptive, est encore un indice de ses affections.
Comme moraliste, Xénophon était l'élève de Socrate et cette morale ressort de tous ses écrits. Comme son style est sans ambition et exempt de toute emphase, de même il reproduit fidèlement la doctrine de son maître et ne l'altère jamais par l'envie de philosopher lui même, de revêtir un caractère à lui, ce qui est loin d'être un défaut pour un chef d'école, mais qui convient moins à celui qui prétend retracer la doctrine d'un autre. Sous ce rapport on retrouve l'esprit de Socrate dans les œuvres philosophique de Xénophon plus que chez Platon, que son génie entraînait à s'individualiser presque partout, et à renchérir sur les idées du maître.
Les écrits de Xenophon
Les écrits de Xénophon se divisent en œuvres historique et en œuvres philosophiques. Les Premières sont les Helléniques ou continuation de l'histoire grecque, à partir du point où en est resté Thucydide, jusqu'à la bataille de Mantinée, l'Anabase ou expédition de Cyrus le Jeune contre son frère Artaxerce, expédition à laquelle l'historien prit une part glorieuse, la Cyropédie ou l'éducation de Cyrus, et enfin l'Eloge d Agésilas nouvelle expression de ses sentiments politiques. Ce fut à Scillonte qu'il rédigea ses Helléniques, mais il ne termina l'Anabase et la Cyropédie qu'après son établissement à Corinthe, car le désir de mettre un terme à un exil qui dura trente années, le détermina à se rapprocher de sa patrie, afin de dissiper les préventions qui s'étaient élevées contre son patriotisme et que son séjour non interrompu sur les terres lacédémoniennes aurait perpétuées.
M Letronne place à la troisième année de la 104 olympiade la fin de l'exil de Xénophon, âgé alors de 80 ans, et qui cependant finit ses jours à Corinthe. Là , les progrès de l'âge, et les maux inséparables de la vie, ne ralentirent pas sa puissante activité. Il s'était marié et avait eu deux fils nommés Gryllus et Diodore, il apprit que Gryllus avait perdu la vie en combattant à Mantinée après avoir, disait-on, blessé à mort Épaminondas. Cependant il achevait dans la retraite, sa Cyropédie et composait l'un de ses meilleurs traités, celui des Revenus de l'Attique.
Les ouvrages non historiques de Xénophon sont :
- 1 les Entretiens mémorables de Socrate
- 2 l'Apologie de Socrate
- 3 le Banquet des philosophes
- 4 Hiéron, dialogue entre le roi de Syracuse et Simonides, dans lequel il compare la vie malheureuse d'un prince, à l'existence tranquille d'un simple citoyen
- 5 De l'economie, traité de morale appliqué à la vie rurale et domestique
- 6 Sur la connaissance des chevaux
- 7 Sur les devoirs d'un officier de cavalerie
- 8 Traite de la chasse
- 9 Des revenus de l'Attique, livre dont nous avons déjà parlé et qui fut comme un tribut de reconnaissance, payé par l'auteur à ses concitoyens qui l'avaient rappelé dans leur sein
- 10 De la republique de Sparte et d'Athènes, deux petits ouvrages qui ne sont peut être pas de Xénophon, selon les uns, mais que le célèbre Bœckh persiste à lui attribuer.
Nous ne consignerons point ici une analyse sèche et décolorée des diverses œuvres de Xénophon. Disons seulement que ses Helléniques qui font suite à l'histoire de Thucydide, comprennent un intervalle de 48 ans divisés comme chez celui-ci, en saisons, car les indications passagères d'olympiades et d'archontats, ont été évidemment interpolées. L'Anabase, ouvrage bien supérieur aux Helléniques, est divisée en sept livres et contient toute l'histoire de l'expédition des Grecs à la suite de Cyrus, et de leur retraite après sa mort jusqu'au moment où Xénophon eut réuni ses troupes à celles de Thymbron. Ceci comprend la première période de cette expédition, la plus intéressante, et qui dura deux années, la seconde comprend un intervalle de huit mois. Dans l'Anabase où Xénophon parle de lui-même fort peu, et avec une extrême modestie, il fait preuve des plus rares talents, comme général, comme écrivain, et parsème son ouvrage de documents géographiques extrêmement précieux. La Cyropédie a passé aux yeux de la plupart des savants, moins pour une histoire, que pour un roman historique, dans lequel l'auteur s'attache à tracer l'idéal d'une bonne éducation pour les jeunes gens de haute naissance, et accusant les Perses de son temps d'être dégénérés, les dépeint tels qu'ils étaient jadis ou plutôt tels qu'il voudrait les voir encore.
Quant aux grands faits historiques de la Cyropedie, ils se ressentent de l'optimisme que Xénophon a voulu répandre sur ce livre, la mort de Cyrus et d"autres événements, sont racontés par lui, tout autrement que par Hérodote, mais la probabilité historique est du côté de ce dernier. Dans Xénophon, nous l'avons dit, le moraliste n'aspire pas à la profondeur, il semble reproduire les pensées et jusqu'aux paroles de son maître Socrate, dans un style pur, élégant, correct.
Il est resté fort au dessous de son condisciple, et, on pourrait dire de son rival Platon, car si ces deux génies ne sont pas allés jusqu'à l'animosité, il régna du moins entre eux une froideur évidente, puisque Platon ne cita jamais Xénophon, et que Xénophon, nomme à peine une fois ou deux, en passant, celui qui dut être l'ami de sa jeunesse. C'est que ces deux hommes sentaient toute la différence de leur façon de voir et d'écrire, l'un était la critique vivante de l'autre.
Toutefois si Xénophon est inférieur à Thucydide comme historien, à Platon comme philosophe, il faut se rappeler que pour juger Xénophon, on ne doit point se borner à considérer en lui l'écrivain, l'écrivain rempli d'une pureté, d'une douceur qui l'ont fait surnommer "l'Abeille attique", on remarquera que toute la gloire de Thucydide, tout son génie, se concentre dans son œuvre historique, que Platon est tout dans le philosophe, mais que Xénophon fut à la fois, moraliste, grand guerrier, grand écrivain, et que dans cette existence multiple, on doit juger et apprécier l'homme qui répartit ses forces sur plusieurs objets. Aux yeux de la postérité, il vaut mieux sans doute primer dans un seul art, et occuper la première place, mais si l'on assiste par la pensée à l'existence d'un grand citoyen, si l'on suit les mouvements de sa vie publique et privée, et qu'on le voie suffire à tant de travaux divers toujours avec gloire, on reconnaîtra dans Xénophon trois renommées qui se corroborent mutuellement, on admirera le philosophe rempli de conviction, l'écrivain modèle de pureté,et le capitaine qui a conquis une place glorieuse parmi tant de célébrités guerrières dont la Grèce nous a légué le souvenir.
Dictionnaire de la conversation et de la lecture. F GAIL
2020
Socrate
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