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Téléologie et philosophie du bonheur

De l'avenir humain

beveridge condeDu spirituel au philosophe

La plupart des grandes spiritualités, posent sur l'humanité un regard téléologique. Elles se posent la question du sens et du but de l'évolution.

C'est le cas de l'Hindouisme, du Judaïsme, du Christianisme, du Bouddhisme, de l' Islam ou du Taoïsme. Toutes ces religions considèrent l'évolution d'un point de vue historique. Elles lui attribuent un devenir, une amélioration, une concrétisation. Linéaire ou eschatologique, le monde spirituel penche pour une sorte d’apogée, un état de perfection.

En observant l'histoire humaine de façon large et étendue, on peut facilement adhérer à ces propositions. En tout cas, ces intuitions religieuses sont suffisamment pertinentes pour captiver depuis longtemps de nombreux philosophes, car depuis longtemps en effet, la philosophie partage avec la religion cet intérêt pour la téléologie.

Grèce antique.

Pour les Grecs : le bonheur véritable et le véritable but ultime de cette vie.
Platon : bonheur divin par la contemplation.
Les stoïciens : parfait détachement et abandon à la providence divine.

Dès qu'on réfléchit un peu, on s'aperçoit qu'il n'y a pas tant de méthodes pour obtenir la paix de l'âme. Ce qui trouble cette paix, c'est la souffrance, ce qui cause la souffrance, c'est le désaccord entre nos vœux et la réalité. Il y a trois moyens, en théorie, pour supprimer ce désaccord: ou changer la réalité, en sorte qu'elle corresponde à nos désirs, ou éliminer nos désirs, ou enfin les transformer de telle manière qu'ils s'ajustent au réel.

La première méthode est évidemment impossible, du moins à l'homme. Nous ne changeons pas le réel. Tout au plus pouvons-nous, par des danses orgiastiques, par des drogues, nous mettre en un tel état physique et psychique que nous imaginions le réel autre qu'il n'est. L’antiquité a connu les orgies de Dionysos (Euripide, Bacchantes ) ou de la Grande Mère. Le moderne connaît la drogue. Ces méthodes, entre autres inconvénients, ont celui de ne produire que des effets peu durables. La sagesse en diffère du tout au tout.

Puisqu'on ne peut changer le réel, il ne reste donc que de changer, ou, à la limite, de supprimer le désir. Mais supprimer entièrement le désir est, de nouveau, chose impossible. Un être qui n'a plus aucun désir, c'est un être qui n'a plus aucune forme de vie, c'est un cadavre. Tout ce qu'on peut faire, c'est de distinguer entre les désirs et de ne donner satisfaction qu'à ceux qu'on ne saurait négliger sans mourir. Quels sont ces désirs incoercibles de l'être vivant? « La chair crie: ne pas avoir faim, ne pas avoir soif, ne pas avoir froid» (épicure). On ne retient donc comme désirs nécessaires et naturels que ceux qui tendent à la simple conservation du vivant. Or rien n'est plus facile que de contenter ces désirs. Une poignée de fèves, un peu d'eau, une cape grossière, et voilà le sage, dit épicure, capable de rivaliser en béatitude avec Zeus lui-même. J'ai nommé épicure. Mais, aussi bien, cette élimination progressive des désirs, cette sagesse qui vise à ce qu'on pourrait nommer « l'idéal du minimum» est commune à toutes les écoles hellénistiques où la fin cherchée est l'indépendance du sage: aux cyniques, aux épicuriens, aux stoïciens. Davantage, on la retrouve chez les Pères du désert et d'innombrables ascètes chrétiens. Plus encore, elle est un des dogmes de la sagesse orientale, et ce n'est pas sans raison qu'on a comparé Diogène ou épicure au Bouddha. Bref, bien que très méconnue aujourd'hui, c'est là une tendance profondément enracinée dans l'âme humaine: des milliers d'êtres se sont efforcés d'éteindre le plus possible tous leurs désirs, dans l'intime persuasion qu'il en résulterait pour eux un bien infiniment plus précieux, la liberté intérieure, la paix de l'âme, cet état qui, selon le mot des Anciens, ressemble à la surface parfaitement unie d'une mer sans rides (galènismos ).
Universalis... ...

Platon

Peu de concepts ont échappé à l'esprit perspicace de Platon (et bien sur de Socrate).
Quand les éléments d'une création consciente lui manquait, son intuition géniale l'élaborait. Et le banquet pourrait très bien remplir de modèle simplifié pour décrire l'évolution humaine. Ce dialogue imagine en effet, les progrès de l'amour au sein de l'humanité. Partant de son stade originel et primate, il grimpe d'étape en étape jusqu'à l'amour extatique. Né dans la nature, il s'en détache progressivement, pour finir, grâce à la culture, totalement libéré.

Dans cette œuvre majeure l'homme évolue progressivement. Il délaisse l'amant qui aime l'amant, comme le loup aime l'agneau, pour cet amour authentique qui délivre de la souffrance, du désir et conduit l'âme jusqu'au banquet divin. Autrement dit, en éliminant toutes nos tendances nous devenons l'expression pure de l'amour. C'est le "sans moi" du bouddhisme, le satori, la compréhension, l'éveil, l'illumination. Cet état de bonheur absolu correspond au nirvana, à la béatitude. Une disposition mentale ou n'existe plus d'attache au temps, ni aux monde ni aux êtres qui le peuplent.

Platon écrit encore dans le banquet ; de deux être on devient un seul ....

Aristote

AristoteAristote, dans l'éthique à Nicomaque, s'appuie sur les progrès techniques (médecine, construction navale, stratégie, économie) pour montrer l'évolution humaine vers le bien.

Ces biens sont aussi divers que les activités correspondantes – la santé pour la médecine, le vaisseau pour la construction, la victoire pour la stratégie, la richesse pour l'économie. Il faut donc admettre une hiérarchie des techniques, chacune étant subordonnée à une technique plus haute, dont elle sert la fin. Ainsi la sellerie est subordonnée à l'art hippique, lui-même subordonné à la stratégie, laquelle est subordonnée à la politique (1094 a 10-20, b 3).

La question est alors de savoir quelle est la fin dernière de l'homme. La fin pour laquelle les autres fins sont des moyens. Une fin qui ne serait pas elle-même moyen pour une autre fin. Cette position du problème présuppose un certain type de réponse. Aristote, comme les autres philosophes grecs, postule l'unité des fins humaines. Il ne retient pas un seul instant la possibilité d'un conflit entre des fins techniques (ainsi, s'enrichir ou gagner une guerre) et des fins morales. Ni davantage celle d'un conflit entre des fins également morales*

*comme le conflit qu'avait pressenti l'Antigone de Sophocle entre la piété familiale et le service de l'état.

Le bonheur suprême

Tous les hommes s'accordent à appeler bonheur ce bien suprême qui est l'unité présupposée des fins humaines. Mais, comme le bonheur est toujours en avant de nous-mêmes, désiré plutôt que possédé, il est impossible de le décrire et difficile de le définir.

Saint augustin, compare l'évolution de l'humanité a la vie d'un individu. Sous la conduite de la providence divine. L'humanité passe de la jeunesse (caractérisée par l'absence de loi) à l'âge viril (époque de la loi) pour accéder à celle de la grâce – la croissance spirituelle du genre humain correspondant à la lente maturation du corps mystique du Christ.

La philosophie de l'histoire développée par Joachim de Flore en arrive également a cette conclusion : après l'âge de la crainte (l'Ancien Testament) et celui de la foi (Nouveau Testament) l'évangile éternel devra être le règne de l'amour.

Pic de la Mirandole ; Si tu vois un pur contemplateur, oublieux de son corps et retiré dans le sanctuaire de l'esprit, ce n'est plus ici un animal terrestre ni un animal céleste, c'est une puissance divine revêtue de chair d'hommes.

Roger Bacon, aurait voulu, lui aussi, parvenir à un gouvernement spirituel du monde. Mais l'idéal politique et social de ce franciscain importe moins que son idéal scientifique. C'est l'expérience, nous dit-il dans l'Opus majus, qui nous fait découvrir les secrets de la nature; c'est grâce à la science expérimentale que l'esprit se repose dans l'éclat de la vérité. « Négliger la science, c'est négliger la vertu.» Roger Bacon a été, en outre, le premier à avoir repris l'opinion exprimée par Sénèque (lettre 64) : « C'est pour moi qu'on amasse, c'est pour moi qu'on travaille [... ], mais il restera beaucoup à faire» pour affirmer que tous les âges contribuent à constituer la science.

La doctrine spinoziste qui se présente comme l'itinéraire menant de l'erreur à la vérité, de la servitude mentale à la liberté qu'est la béatitude et cet itinéraire est a la fois une démarche et un effort
Comme pouvoir, comme vie, comme liberté, la substance est le commencement de la réflexion philosophique, c'est-à-dire son principe et son fondement; mais elle en est aussi la fin, entendue comme « souverain bien», puisque la réflexion active sur le monde comme puissance ne peut viser qu'à son propre achèvement comme pouvoir réfléchi et autonome ou, si l'on préfère, comme adéquation à soi-même et à l'être, vécue comme liberté et comme joie. à ce niveau, c'est-à-dire au cœur de la « béatitude», qui est joie par la perfection unifiée du connaître et de l'agir, la substance totale devient substantialité vécue, ou existence substantielle : c'est l'acquiescientia in se ipso.

Descartes déclare que c'est « en usant seulement de la vie et des conversations ordinaires et en s'abstenant de méditer et d'étudier aux choses qui exercent l'imagination qu'on apprend à concevoir l'union de l'âme et du corps». Cela revient à dire que la compréhension de la béatitude se situe en dehors de la philosophie, et on ne peut réaliser cette union qu'en cessant de philosopher.
Nous retrouvons également cette finalité positive dans la réflexion d'A Comte, c'est l'humanité, le Grand-Etre, l'ensemble des êtres, passé, présent et futur qui concourent à perfectionner l'ordre universel.

Kant

kantLe fil directeur de l'explication Kantienne consiste à attribuer aux mouvements de l'histoire dans son ensemble une sorte de nécessité naturelle d'essence finaliste. Ce n'est pas la nature qui réalise la liberté, mais le concept de liberté qui se réalise où s'effectue dans la nature (et nous avons vu que la liberté est un synonyme de la béatitude)..

Même si pour Kant l'idée d'une paix perpétuelle, d'une fédération des états libres et œcuméniques ou règne les droit de l'homme, n'est qu'une hypothèse, elle devient un chemin obligatoire. Pour l'homme c'est un devoir, une règle obligatoire de vouloir l'imposer. D'autre part, c'est la volonté même de la liberté de se réaliser dans l'homme. Il faudrait donc pour empêcher ce processus, une force supérieure à l'évolution naturelle humaine et supérieure également au désir de la liberté à se réaliser.

La nature prépare l'avènement de la liberté en engendrant une structure est une organisation de la vie sociale propres a symboliser, mais aussi à appeler le règne de la raison.

La société est nature pour l'homme, mais une nature qu'il crée et recrée sans cesse, soumis à sa liberté dont elle doit devenir une expression toujours purifiée.
Le véritable bonheur c'est l'accord de la nature sensible et de la nature suprasensible. Cet accord, c'est l'idée du souverain bien comme « totalité de l'objet de la raison pure pratique »

La philosophie kantienne est une philosophie du droit, qui plonge dans la nature et s'épanouit dans la liberté entre.

La nature est retrouvé au moment où l'art et la culture atteigne leur plus haut point de perfection. L'art achevé devient à nouveau nature.

La culture devient la vrai nature de l'homme. Désormais les hommes retrouvent l'immédiat dont il jouissait auparavant dans leur existence naturelle. Mais ce qu'il découvre maintenant ce n'est plus seulement l'immédiat primitif de la sensation et du sentiment, c'est l'immédiat de la volonté autonome et de la conscience raisonnable.


Les philosophes des lumières même s'il choisissent l'évolution technique, morale et sociale comme point d'appuis à leur confiance et à leur soin concluent tous à une finalité positive de l'humanité, déjà Descartes un siècle avant suppose que si nous arrivions à connaître la force et les actions du feu de l'eau de l'air des astres des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme maître et possesseurs de la nature et sachant que tout ce que l'on sait n'est presque rien à comparaison de ce qui reste à savoir, on pourra s'exempter d'une infinité de maladie tant du corps que de l'esprit, et même aussi peut-être de l'affaiblissement de la vieillesse si l'on avait assez de connaissance de leur cause, et de tous les remèdes dont la nature nous a pourvu.

Nietzsche, Teilhard de Chardin

En vérité la terre deviendra un jour un lieu de guérison et déjà une odeur nouvelle l'enveloppe, une odeur salutaire et un nouvel espoir. Nietzsche

Je vous enseigne le surhumain écrit Nietzsche dans le Zarathoustra,
l'homme est quelque chose qui doit être surmonté.
Qu'avez-vous fait pour le surmonter ?
Tous les êtres jusqu'à présent ont créé quelque chose au-dessus d'eux.
Et vous voulez être le reflux de ce grand flot ?
Et plutôt retourner à la bête que de surmonter l'homme.

Une phrase de Nietzsche semble subtilement indiquer le sens pris par cette formidable humanité en route vers son sur-humain. Elle dit ceci : Tel le devenir du bien par le mal !

Teilhard de Chardin. Progressivement l'humanité libère cette immense puissance qui se trouve neutraliser et perdue dans cette agitation sans ordre dont parle Teilhard de Chardin

Nous disons ici qu'elle libère progressivement l'accession facile à la béatitude, au nirvana, cette immense puissance, mais nous pourrions tout aussi bien dire qu'elle conduit aux trois états qui suivent la perception d'un centre animé de convergence universelle (le centre oméga) dixit Pierre Teilhard de Chardin, c'est-à-dire :

  • totalisation de chaque opération par rapport à l'individu ; totalisation de l'individu par rapport à lui-même ; totalisation enfin des individus dans le collectif humain.

Totalisation de chaque opération par rapport à l'individu, c'est-à-dire conscience absolue de chaque acte. Et qu'est-ce qui empêche l'individu d'avoir une pleine conscience de ses actes au moment où il agit ? La fuite de son esprit, soit dans le passé (via les remords les regrets des souvenirs) où la fuite dans l'avenir (projet inquiétude, espérance) ces deux positions du temps attirent l'esprit hors du présent et donc hors de la conscience de l'acte en train de se réaliser hors également de la pleine sensation du corps en train de réaliser.

Totalisation de l'individu par rapport à lui-même, c'est-à-dire mise en coïncidence parfaite de chaque acte avec la conscience de son auteur. Et qu'est-ce qui empêche l'homme d'agir constamment comme lui suggère réellement sa conscience et sa morale (et non pas sa mauvaise foi) c'est la puissance de ses pulsions. Et n'est-ce pas là compression de celles-ci que s'acharnent à élaborer quotidiennement l'évolution du droit, de la justice, des interdits, ainsi que l'éducation ?

Totalisation des individus dans l'humanité, c'est-à-dire non seulement l'accession à la paix universelle donc à l'amour universel d'autrui, de tout les autrui qui composent l'humanité, mais également fusion totale inter individu rendu possible par cette expérience identique à tous, que nous appelons ici béatitude ou nirvana, seule expérience qui dépasse la subjectivité donc la diversité des interprétations.

L'univers évolutif et convergent, où Dieu se révèle d'abord comme l'avenir absolu, à travers un seuil d'extase. Teilhard annonce un ultra-humain, c'est-à-dire un dépassement de la collectivité par elle-même, perspective d'un point Oméga, à savoir d'un point de convergence de l'humanité, annonciateur de la parousie. universalis

Même si cet état de béatitude, ce point Oméga, nous semble encore lointain, c'est vers lui que l'humanité se dirige.

L'existentialisme

Parvenir réellement à l'état souhaité par l'existentialisme, à savoir : que l'être se connaisse antérieurement à toute détermination de lui-même par lui-même, hors de tout signe, concept, jugement, choses, qui sont de la pensée à propos de l'existence, mais ne sont pas de l'existence » ne serait-ce pas parvenir à la béatitude. N'est-ce pas ce que Jaspers appelle « prédéterminisme transcendantal » et Bergson Donnée immédiate » abolir la distinction du sujet de l'objet.

Communier, par cet indétermination avec la conscience de l'univers accéder à cet état ou l'individu fait bloc avec le tout et que l'école appelle le « moi dans le monde » Jaspers
et encore : Il n'est pas possible de préciser formellement le but final de l'histoire ; mais il est possible de préciser un but qui est lui-même la condition à remplir pour que les plus hautes possibilités de l'homme s'ouvrent à lui : l'unité de l'humanité.
Cette unité ne saurait être atteinte par quelque généralisation rationnelle fondée sur la science. Celle-ci, en effet, permet l'accord des hommes sur le plan de l'entendement, et non pas leur être tout entier
(... )
Pour qu'un tel rapport vraiment digne de l'homme soit possible, il faut qu'un espace soit disponible ou ne règne nulle violence. On peut imaginer une humanité unie en vue de sa conquête, au sens d'un ordre où les conditions matérielles de la vie seraient assurées ; et tel est bien le but auquel beaucoup d'hommes déjà consacrent leurs efforts.


2001


le temps

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stein

Il existe un état de repos en Dieu, de totale suspension de toute activité de l'esprit, dans lequel on ne peut plus tracer de plans, ni prendre de décisions et même faire quoi que ce soit, mais dans lequel, après avoir confié tout son avenir à la volonté divine, on s'abandonne à son propre destin.
Edith Stein