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Les vocations de l’œuvre d'art

Le beau, le bien

Bauhaus, art, De la nature à la culture

Il est difficile de déterminer toutes les implications de l'art pour la société humaine. Mais sa présence au centre de chaque civilisation et de chaque culture, est permanente. L'art irrigue le phénomène humain depuis que l'homme s'est constitué une humanité. Cette constance suffit à habiller l'impulsion créatrice d'un pouvoir transcendantal et mystique et donner à l'art quelques sens.

 À partir du moment où l'homme s'est mis à fabriquer des objets, il leur a incorporé, une certaine esthétique. Le désir d'embellir est né de la réunion entre un esprit heureux de sa liberté créatrice et la beauté naturelle de son environnement. Ainsi, dès ses débuts, l'art envahit le conscient et l'inconscient de l'humanité. L'esprit de l'homme baigne dans un flot perpétuel d’œuvres d'art (dégradées par le côté usuel de l'objet). Tout notre environnement, chaises, tables, bâtiments, publicité, automobile, éclairage, route, paysage et cités, contient en substance, des intentions artistiques et donc mystiques (même si celles-ci se retrouvent, au final, vides de tout mysticisme).

Un Mondrian sur une bouteille de shampoing, le Bauhaus en chaises ou en bureaux, Ben dans le cartable des écoliers, fabriquent un environnement culturel. Et cet environnement pousse en permanence le mental au-dessus du corps. Cette présence indéfectible et persistante au côté de l'évolution humaine, permet à l'homme de dégager progressivement son esprit des appels puissants du corps et des pulsions.

La sensibilité de l'artiste

De tous ces objets usuels, comme de tout œuvre d'art, jaillissent invisiblement et silencieusement, toutes les qualités inhérentes à l'artiste, sa sensibilité, son amour des belles choses, sa conscience professionnelle, son désir d'agir pour les autres etc., bref toute son humanité.

Au niveau de l’œuvre d'art proprement dite, ces vertus sensibles sont offertes au regard et au sentiment du spectateur. Non seulement ces qualités sont données à regarder, mais elles sont également données à envier grâce à la puissance magique, esthétique et technique de la prouesse accomplie.

L’œuvre d'art est donc dans un premier temps destinée à favoriser (par l'attrait et l'envie suscité), l'émergence de la sensibilité, du questionnement, du goût pour la beauté, le symbole, l'intuition, la réflexion ou l'analyse.

L'instinct du beau, la nature

L'attrait pour le beau existe également dans la nature.

Bauhaus, art et designL'intérêt de l'homme pour l'art et la beauté, ne sont pas tombés sur l'humanité comme un météore sur la Voie lactée. Ces valeurs ont une origine, et cette origine, à mon sens, se trouve dans la nature. De l'attrait d'un oiseau pour la couleur sidérée d'un fruit, au désir suscité par la crinière d'une lionne sur un lion, nous pouvons trouver quelques origines.

C'est pourquoi le plus beau dos argenté chez les gorilles ou les plus belles roues chez le paon, suscite tant d'attention et de suffrages dans leurs espèces respectives. Seulement il y a une grande différence entre l'attirance pour un certain « beau » dans la nature, et l'attirance humaine pour le beau. Le désir du beau chez l'animal, met principalement en jeu le corps et les instincts. Sa destination est essentiellement pratique (satisfaire un besoin). Chez l'homme au contraire, cette attirance pour la création artistique est du domaine du psychique, de l'esprit. Autrement dit, l'amour humain pour le beau, transcende l'attirance libidinale en attirance spirituelle et conceptuelle.

Des valeurs de la nature à celles de la culture

En contestant les valeurs de la nature (domination, thésaurisation des privilèges etc.) l'homme a fait émerger les valeurs de la culture. Si l'instinct place, dans la nature, le dominant au centre de la beauté, la résistance à ces instincts, place dans la culture, « l'esprit » au centre du beau.

La dégradation de l'image du dominant traditionnel humain par la spiritualité, a engendré une sorte de désintérêt pour les rétributions liées à cette dominance (orgueil, égoïsme, narcissisme). A partir de là, l'homme a cherché les rétributions positives qu'offrait la société à l'artiste. Les dominants traditionnels continuaient à rechercher les sensations liées aux formes de pouvoir classique, mais l'art, offrait aux dominés, la possibilité d'atteindre des plaisirs équivalents, et finalement supérieurs, à travers la créativité.

De la faiblesse, le monde évolue

Sous un certain angle, il s'agit de la revanche des dominés sur les dominants. De la prise de pouvoir par les dominés, du système des récompenses. Autrement dit encore, c'est par le "faible", que la société humaine rompt avec la nature rythmée par les dominants.

D'une certaine façon, Nietzsche a raison de considérer le « renoncement du faible à exprimer tout son désir de puissance » comme l'origine de la morale et de la spiritualité. Mais le philosophe de Röcken, ne relie pas ce renoncement à la création de l'art. Le philologue allemand ne voit pas que ce qui empêche le « faible » de vivre son désir de toute-puissance, est également le moteur essentiel de la création artistique, donc de l'artiste (dont il fait pourtant l'une des qualités du surhomme avenir).

2001

Nietzsche et l'artiste



kandinsky