La cruauté
et la conscience Philosophie de l'esprit La cruauté de l'homme et de la société
Il faut à la fois rire, vivre en philosophe, diriger sa propre maison, et encore nous servir de tout ce qui nous est propre, et ne jamais cesser de prononcer les formules issues de la droite philosophie. Épicure
Dans le chapitre précèdent nous avons étudié la relation entre la morale et la conscience. Nous allons à présent nous pencher
sur les rapports qu'il peut y avoir entre la conscience et la cruauté.
J'entends par cruauté, non seulement les tendances perverses permettant de faire souffrir des êtres vivants (ou de commanditer leur souffrance), mais également, l'égoïsme ou la négligence consciente à l'origine de la souffrance des populations vulnérables.
Pourquoi notre espèce a t-elle développé cette cruauté ? Pourquoi
entre le primate naturel que nous étions et l'humain accompli avenir, la perversion a t-elle éclot ? Pourquoi l'évolution a-t-elle enfanté cet ensemble de conduites paradoxales ; la méchanceté, la barbarie, la perversité ? Pourquoi le plaisir de détruire ? Le plaisir de faire souffrir ? Pourquoi le manque total d'empathie dont nous pouvons faire preuve ? Pourquoi cette pérennité de la torture militaire ou étatique ? « conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l'homme semblable à Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la
moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m'élève au-dessus des bêtes,
que le triste privilège de m'égarer d'erreurs en erreurs à l'aide d'un entendement sans
règle et d'une raison sans principe » Rousseau l'Emile.
L'exaltation lyrique de Jean-Jacques Rousseau, met en lumière l'importance de la conscience morale pour la constitution de l'espèce humaine. Cette faculté morale a sorti l'humanité du monde obscur de la nature pour en faire ce qu'elle est aujourd'hui. Elle est le seul grand rempart pour se protéger De cette nouveauté dans le monde vivant qu'est la cruauté. Cruauté et conscience La cruauté, un état psychique de l'être humain Si, comme le prône le libéralisme : dans les affaires on ne peut pas faire de sentiment, et si ce libéralisme transforme de plus en plus ce monde en vaste champs d'affaire, il
y a forcément dans ce monde, de moins en moins de sentiments.
Jmt
On peut rencontrer dans la nature des conduites qui s'apparentent à la cruauté humaine (le chat avec la souris, l'orque avec le phoque). On pourrait faire de ces conduites animales, l'origine de nos monstruosités. Mais en réalité, la persécution, la torture, la perversion, ces inhumanités humaines, sont à mon sens, le résultat de l'évolution
humaine.
Le caractère de la cruauté
Les bases de la cruauté reposent sur un état d'esprit particulier. Il lui faut un manque d'empathie envers la souffrance d'autrui,
un mépris envers ce qui sont considérés comme subalternes, un désir de dominer et d'asservir.
Et nous sommes alors en présence d'une perversion, un narcissisme discriminant. Une conscience donnant du monde une vision étriquée et ségrégationniste.
Cette posture de l'individu ne me semble pas innée mais construite, élaborée par un type d'éducation. Une éducation minimisant les grandes valeurs humaines (bienveillance, pitié, secours au faible, fraternité). Elle est édifié par l'ambiance proposée par la société etc. Chaque communauté, chaque groupe humain, recèle en son sein
un petit pourcentage d'esprits que les circonstances de la vie et l'éducation ont rendu aptes à l'esclavagisme, au racisme, à la torture (à mon sens, moins de 5 % de la population, mais capables, par leur aptitude à accéder au leadership, d'influencer une société tout entière). Un nouveau cheval de bataille
Chaque étape de l'évolution humaine entraîne son lot de combats. Quand les puissants n'étaient soumis à aucune loi, il fallait lutter contre la cruauté directe. Aujourd'hui, cette cruauté a évolué en perversion narcissique. Une perversion capable de rester dans le cadre de la loi et d'utiliser celle-ci pour s'épanouir (c'est le cas de la cruauté produite par le néolibéralisme). Voilà sans doute la nouvelle lutte qu'il me semble important de mener à l'échelle planétaire. Le nouvel esclavagisme industriel
Une lutte par exemple, contre l'esclavagisme légal entretenu indirectement par l'industrie occidentale lorsqu'elle se délocalise dans les pays émergents (Bengladesh,
Inde, Afrique) pour retrouver un esclavage industriel similaire à celui que notre continent à connu au XIXe siècle (alors qu'on attendrait des patrons occidentaux qu'ils luttent énergiquement contre cette infamie).
La sous-traitance de la torture
Une lutte contre la sous-traitance de la torture. Voici une autre des perversions narcissiques capables de rester dans la légalité pour assouvir sa cruauté. Elle permet à quelques dominants occidentaux de réutiliser subtilement la torture (par pays sous-développés, interposés) dans les guerres contemporaines. Méprisant les autres communautés, ces leaders entretiennent ces pratiques abominables au lieu de lutter à leur disparition. Un état d'esprit sans frontières
L'aptitude à mépriser et abuser certains êtres humains, est une question d'individu, non de classe sociale. La cruauté et la perversité, se rencontrent en effet, dans les hautes sphères comme dans les banlieues. Chez les dirigeants comme chez les anciennes victimes. Heureusement, la majorité humaine exalte la bienveillance et le respect d'autrui. Dans tous les groupes, toutes les religions, toutes les classes sociales, des humains ont une vision universelle. Une conscience ouverte et une empathie évasée. Partout des hommes luttent contre toutes formes d'injustice, toutes formes de ségrégations. Des êtres humains combattent chaque jour la violence, la perversité, l'esclavage et la torture. Nous le voyons, la cruauté est un problème d'état d'esprit. Un problème d'évolution de conscience.
Tous les humains qui considèrent d'autres êtres humains comme humainement inférieur, sont forcément en retard par rapport à ceux qui sont capables de les considérer comme des égaux.
Autrement dit, les ségrégationnistes, les racistes, les esclavagistes sont les dinosaures de cette humanité. Le mépris du faible, c'est l'archaïsme d'un monde déjà beaucoup plus loin en évolution.
écrits en 2000
l'origine de la cruauté |