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Les émotions

Les émotions vue par le XIXe

Les-emotions-humaines

Les émotions "ébranler, faire sortir de" ..

Ce phénomène de la sensibilité ne serait pas suffisamment défini si on se bornait à le présenter comme l'état où se trouve l'âme quand elle est envahie par un vif sentiment de plaisir ou de peine. Ce qui caractérise essentiellement l'émotion, ce qui la détermine comme fait particulier et sui generis, ce qui lui assigne une place distincte parmi les autres phénomènes affectifs, c'est le fait physiologique qui l'accompagne, ou si l'on veut, qui naît à sa suite. Ce fait consiste dans une secousse intérieure, un ébranlement nerveux, un mouvement remarquable dans l'organe du cœur. En effet, quelle que fût l'intensité du sentiment qui se manifeste dans l'âme, si ce sentiment n'était pas accompagné du phénomène organique dont nous venons de parler, on n'aurait pas le droit de l'appeler émotion.

C'est même ce qui se passe alors dans l'organisme qui a fait nommer ainsi cette sorte de sentiment.

- Émotion vient d'emovere, ébranler, faire sortir violemment de, car il semble alors que le cœur fortement agité soit près de se déplacer par les secousses qu'il éprouve. Ainsi le fait physiologique ne peut être séparé du fait psychologique, si l'on veut qu'il y ait émotion ; de sorte que l'émotion semble un phénomène complexe, c-à-d à la fois physique et moral, une affection vive de l'âme, accompagnée d'une agitation plus ou moins vive dans les régions du cœur. Voilà sa vraie définition. Toutefois, quelle que soit ici la part de l'organisme, elle n'est pas la plus importante, car le fait organique n'est que la suite, le résultat de l'affection morale et le psychologiste n'en tient compte que parce qu'il sert à la caractériser, et qu'il est l'infaillible symptôme auquel on doit la reconnaître : l'affection morale joue le rôle principal dans l'émotion, elle en est l'élément constitutif et c'est sous ce point de vue seulement, que ce phénomène est intéressant à considérer.

Comme les sentiments qui donnent lieu aux émotions sont de deux sortes, les sentiments de peine ou de plaisir, il y a aussi deux sortes principales d'émotions, les émotions agréables et les émotions pénibles.

Les sentiments les plus propres à faire naître les émotions agréables sont :

l'espoir succédant subitement à la crainte, la joie causée par quelque bien inattendu, par une heureuse nouvelle, par une découverte inespérée ; les plaisirs du cœur, comme les épanchements de l'amitié ou de l'amour, la vive satisfaction de la conscience à la suite d'une bonne action, le sentiment religieux porté à un certain degré d'exaltation, les sentiments excités par les sons de la musique, qui sait remuer les passions en leur empruntant leur langage, enfin l'admiration causée par les beautés de la nature, par les chefs d'œuvre de l'art, ou encore par la vue d'une belle action, d'un héroïque dévouement. Si après une longue absence, vous vous retrouvez dans les bras d'un ami, vous éprouvez alors de touchantes émotions. En présence des tableaux frais et riants que la nature déploie à vos regards, c est une émotion délicieuse, pleine de charmes, qui fait battre votre cœur. Pénétrez vous sous les voûtes d'une forêt ou d'un temple antiques, dont la majestueuse élévation, le demi jour, le silence, vous révèlent la Divinité, et sa grandeur empreinte dans ces œuvres imposantes, vous ne pouvez alors vous défendre d'une profonde émotion.

- En envisageant les émotions agréables sous le point de vue de leur plus ou moins de force, on en distinguera deux sortes principales :

  • les émotions douces, celles qui caressent et chatouillent l'âme pour ainsi dire, sans l'ébranler fortement, comme celles qu'on goûte à la vue d'un site gracieux, ou à la suite d'une bonne action accomplie, ou dans les épanchements du cÅ“ur ;
  • et les émotions vives, celles qu'on peut ressentir en recevant inopinément une nouvelle qui nous comble de joie. Les émotions vives causées par un bonheur inespéré, acquièrent parfois un tel degré de force qu'elles portent le trouble dans tous les organes, arrachent des larmes, et peuvent amener l'évanouissement. On les qualifie alors de violentes. Les émotions de cette nature peuvent devenir funestes à ceux qui les ressentent, témoin ce père qui mourut en embrassant son fils qu'il venait de voir couronner dans les jeux de la Grèce.

-Il est à remarquer que les émotions qui ont le plus de prix, sont les émotions douces qui naissent de la contemplation des œuvres du Créateur, ou de la satisfaction de la conscience, soit parce que les émotions trop vives fatiguent l'âme et ne peuvent se prolonger ou se renouveler autant, soit parce que l'objet des émotions douces a lui même plus de droits à nos sympathies.

-Les sentiments qui donnent naissance aux émotions pénibles sont :

la crainte causée par un danger ou un malheur imminent ; l'effroi qu'inspire un horrible spectacle, la douleur qu'on ressent de la perte d'un bien qui vient à nous être enlevé tout à coup, la pitié que nous éprouvons à la vue de cruelles infortunes, enfin l'indignation qu'excite en nous l'aspect de l'injustice et du crime.

Les émotions de cette nature ont, comme les émotions agréables, leurs degrés et leurs variétés. Elles sont, ou simplement pénibles, comme celles que causera le spectacle d'une nature triste et désolée, ou cruelles et déchirantes, comme lorsque nous avons à déplorer la perte d'une personne qui nous est chère, ou terribles, atroces, comme celles du malheureux qui voit tout à coup se lever sur lui l'affreux instrument du trépas.

- Il y a dans les émotions pénibles un fait singulièrement remarquable et d un haut intérêt pour le psychologiste, c'est que toutes pénibles qu'elles sont, l'âme y trouve parfois du plaisir, et même un plaisir si grand, qu'il peut devenir pour elle l'objet des plus vifs désirs. Les sources auxquelles l'homme va puiser le plaisir sont si nombreuses, qu'il peut tirer ses jouissances même de la douleur, c'est là une loi du principe affectif, loi étrange, mais dont l'existence est incontestable.

Ainsi le jeu n'a tant d'attraits pour les hommes possédés de cette passion funeste, que parce qu'il procure à l'âme, de violentes émotions ; car ce n'est pas à posséder de l'or que le joueur aspire autant qu'à sentir en lui cette lutte de crainte et d'espérance qui lui déchire le cœur. Pourquoi la multitude se presse t'elle autour des échafauds si ce n'est parce qu elle trouve du plaisir dans de pénibles émotions ? Bien des gens aiment à affronter les dangers, à mener une vie aventureuse semée de maux, de combats et d'obstacles, non point pour les périls et les combats eux mêmes, mais pour les émotions qu'ils font naître.

- En quoi consiste l'intérêt d'un poème, d'un drame, si ce n'est dans les émotions pénibles que le poète sait exciter dans l'âme du lecteur ou du spectateur, en éveillant les sentiments de terreur et de pitié ?
On éprouve en effet, une souffrance réelle au récit ou à la vue de grandes infortunes, de situations affreuses, car elles font couler nos larmes, nous font trembler et pâlir, mais nous aimons ces souffrances, nous attachons un prix infini à ces tortures de l'âme, c'est ici une réaction de la sensibilité sur elle même, c'est le sentiment pénible qui a l'inconcevable pouvoir d'engendrer un sentiment de plaisir. Quel gré ne sait-on pas à un auteur qui possède le talent de faire battre le cœur avec violence, et de bouleverser l'âme par les scènes terribles qu'il lui présente ?

- Remarquons cependant à ce sujet qu'une œuvre dont le principal mérite consiste à exciter des émotions n'est point aussi belle, ni aussi durable, que celle qui tire son mérite de la peinture vraie des mœurs et des caractères. C'est qu'en effet les situations qu'elle nous offre, toutes vraisemblables qu'elles puissent être, sont néanmoins exceptionnelles, et que d'un autre côté, l'intérêt qu'elles ont pour nous, n'est que de courte durée, parce que les émotions qu'elles procurent ne peuvent se reproduire autant de fois que la même situation nous sera présentée. Car une fois que cette situation nous est connue, nous demeurons presque froids à sa réapparition. La lecture du Misanthrope, serait elle répétée vingt fois, aura toujours pour moi, de nouveaux charmes, et je n'assisterai pas deux fois à la représentation d'un drame dont tout l'intérêt consistera dans le pathétique des situations.

- On pourra m objecter le goût actuel de notre époque, ce besoin d'émotions qui travaille tous les esprits, et qui leur fait préférer à des écrits simples et naturels une littérature qu'on a justement qualifiée de galvanique.

Mais que prouve cette préférence du public ? que les auteurs qui ont adopté ce genre, ont un succès plus mérité ? Point du tout ; elle prouve seulement que le public a besoin d'émotions fortes, que les esprits sont dans un état d'irritation et de fièvre, qui ne leur permet plus d'être sensibles aux plaisirs doux et calmes que procurent des tableaux simples et vrais. Or pourquoi sa sensibilité est elle devenue si exigeante ? pourquoi l'âme ne sent elle plus que ce qui l'agite et la remue violemment ? la cause en est dans la situation même de notre époque, époque de crise et de malaise moral où l'âme, dépourvue de sentiments religieux et de croyances, c-à-d, de ce qui constitue son véritable bien, ne sait où se prendre pour compenser le bonheur qui se trouve dans de nobles convictions, et va chercher alors ces émotions énergiques, ces plaisirs âcres et brûlants, par lesquels elle essaie de se ranimer et de dissiper le froid qui la glace, comme ferait un médecin qui voudrait rappeler la vie dans un corps d'où elle se retire, par l'emploi d'alkalis ou de commotions électriques.

Voyez les Romains : quand l'élément moral eut disparu de leur société, quand ils furent privés des sentiments naturels que leur procuraient les croyances religieuses, le bonheur d'une vie simple, la conscience de leur liberté et l'amour de la patrie, les Romains eurent besoin d'amphithéâtres, ils eurent besoin de voir des bêtes féroces se disputant les membres des condamnés, ou des hommes s'égorgeant entre eux, en un mot, ils eurent besoin d'émotions violentes.

Chez nous, où les mœurs adoucies ne permettraient plus de semblables spectacles, avec quelle fureur nous voyons la foule se précipiter dans les théâtres pour assister à ces drames terribles où le sang et le poison jouent les principaux rôles, et où les auteurs entassent les crimes, les atrocités et les catastrophes de toute espèce ! Or, le peuple serait-il si avide de ces hideux spectacles, et même ne les condamnerait-il pas comme un objet de scandale, capable de flétrir le cœur, et de souiller l'imagination, si les idées morales avaient plus d'empire, si les âmes pouvaient se reposer au sein de croyances nobles et consolantes, si elles pouvaient savourer le plaisir des douces émotions qui naissent de la contemplation de la vérité, de l'amour du beau et de la pratique du bien ?

C M PAFFE

2020

 

Jalousie

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leibniz

Leibniz

CITATIONS

État affectif intense, caractérisé par une brusque perturbation physique et mentale où sont abolies, en présence de certaines excitations ou représentations très vives, les réactions appropriées d’adaptation à l’événement. Au sens affaibli : État affectif, plaisir ou douleur, nettement prononcé.

Petit Robert

 

N’éprouver que ses propres émotions, c’est une triste limitation.

André Gide

 

Ce qui émeut les hommes, ce ne sont pas les choses, mais l’opinion sur les choses.

Épictète

 

Sans émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvement.

Carl Gustav Jung

 

Il y a deux façons de se tromper : l'une est de croire ce qui n'est pas, l'autre de refuser de croire ce qui est

Kierkegaard