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  • les émotions

La dépression, mélancolie, vue par le XIXe

Les affects, la mélancolie

Depression, melancolie, schema des causes

MELANCOLIE en médecine

La mélancolie [en latin melancolia, dérivé des mots grecs melas, noir et de cholê bile] maladie nerveuse encore appelée manie, mélancolie, monomanie. De temps immémorial, on a donné ce nom à un délire partiel sans fièvre, accompagné d'une tristesse profonde et d'une crainte continuelle et imaginaire. Cette dénomination doit son origine à une opinion de Galien qui plaçait ce siége des affections morales tristes, dans les altérations de la bile devenue noire. M. Esquirol, qui a proposé de substituer le mot monomanie à celui de melancolie, fait observer avec raison que rien n'est moins technique que le terme de mélancolie, et qu'il doit être abandonné aux poètes et aux moralistes obligés à moins de sévérité que les hommes de science dans la peinture des passions tristes.

Les causes de la mélancolie, maladie commune chez les peuples civilisés, sont nombreuses, et dérivent pour la plupart, d'un trouble apporté dans les affections de l'ame et dans les facultés intellectuelles : les agents physiques et le dérangement des fonctions n'interviennent ici que d'une manière secondaire. Parmi ces causes, il faut comprendre l'inquiétude, la honte, les remords, les chagrins cuisants, l'amour contrarié, le désespoir causé par la perte d'un objet chéri, ou par des revers inattendus, la perspective de malheurs probables, l'amour propre vivement blessé, le ressentiment profond d'une injure, d'une calomnie, de l'injustice des hommes ; la haine implacable, la colère concentrée, l'envie, la jalousie, l'ambition déçue, la soif de l'or, de la vengeance, la superstition, les terreurs paniques de l'ignorance du fanatisme, etc. Diverses circonstances sont susceptibles de favoriser le développement de cette maladie : telles sont la jeunesse, l'âge des passions fougueuses, l'âge mûr, ou celui de l'ambition, de l'avarice, des inquiétudes, de toute espèce le tempérament, bilioso-nerveux, qui fut celui des plus célèbres mélancoliques : Pascal, Zimmermann, J-J Rousseau, Gilbert, Pétrarque, le Tasse, le Dante, Young, Tibère, Louis XI, etc.
Les femmes sont plus disposées que les hommes à la mélancolie, et chez elles l'amour propre outragé, les chagrins d'amour, les scrupules religieux, et surtout la jalousie, sont les causes les plus fréquentes de la maladie qui nous occupe. Les climats chauds y prédisposent plus que les climats froids et tempérés; l'absence du pays natal produit, surtout chez les montagnards, une sorte de mélancolie connue sous le nom de nostalgie. Comme les autres aliénations d'esprit, celle-ci est héréditaire ou transmissible des parents aux enfants.
- Les symptômes de la mélancolie sont une grande excitabilité nerveuse et spasmodique, un sommeil troublé agité par des rêves effrayants, un air triste, rêveur, taciturne, interrompu par les accès d'une gaîté convulsive, des terreurs pusillanimes, etc. Le mélancolique recherche la solitude, aime l'inaction, répugne au travail, est d'une susceptibilité et d'une défiance étrange, même envers ses amis; il suspecte les meilleures intentions et vit toujours dans la crainte des événements les plus sinistres; enfin il est dominé par une idée exclusive, délirante, et toutes ses déterminations prennent un caractère subordonné au délire prédominant dont il est affecté, quoique d'ailleurs sur tout autre point, son intelligence soit intacte.
Les variétés de la mélancolie sont multiples et bizarres, ainsi des mélancoliques sont persuadés que le démon est logé dans leur corps, ce sont les démonomaniaques possédés ou ensorcelés des temps d'ignorance, d'autres se croient transformés en quelque personnage éminent, en Dieu même, tandis qu'on en trouve qui s'imaginent être métamorphosés en bête, c'étaient ces derniers qu'on appelait autrefois lycanthropes, hippanthropes, selon qu'ils se croyaient transformés en loup, en cheval, etc. On rapporte à ce sujet dans les Lettres édifiantes, que des bonzes firent croire à un pauvre Chinois, qu'il devait être changé après sa mort, en un cheval de poste destiné à porter les ordres de l'empereur dans les Champs Élysées, ce malheureux fut tellement frappé de cette prédiction qu'il perdit le sommeil, s"imagina être sellé, bridé et entendre les coups de fouet, qu'on lui donnait, il se réveillait tout en sueur doutant s'il était cheval ou homme, etc.
Les fastes de l'art contiennent l'histoire d'un grand nombre de religieuses hystériques et mélancoliques qui se croyant transformées en chien ou en chat, poussaient des cris qui ressemblaient à des miaulements, à des aboiements, de ce nombre furent les ursulines de Loudun, que le malheureux Urbain Grandier fut accusé d'avoir ensorcelées, les convulsionnaires de Saint Médard, etc.
La durée de la mélancolie est très variable, quelquefois elle reste stationnaire pendant plusieurs années sans changement appréciable, sa terminaison coïncide parfois avec le développement de quelque phénomène insolite, comme l'établissement d'un flux hémorrhoïdaI, des éruptions cutanées, etc. Le mélancolique devient maniaque quand surtout il habite avec des fous, d'autres fois sa monomanie change seulement d'objet sans qu'on en connaisse la cause. La mélancolie se complique souvent avec l'hystérie l'hypochondrie, l'épilepsie, la fièvre lente, nerveuse, etc.
Quelques lésions assez mal déterminées de l'encéphale et des viscères abdominaux, sont les seules traces que laisse cette maladie quand les malades viennent à mourir. Si on excepte quelques purgatifs, quelques exutoires qu'il peut placer à propos, le médecin n'a guère recours, dans le traitement de la mélancolie, qu'à des moyens hygiéniques combinés, tels que l'isolement dans une maison de santé, des voyages, des distractions appropriées, des moyens de surprise qui, excitant vivement les sensations, font sortir le malade de sa torpeur. On a aussi imaginé quelques heureux expédients propres à frapper fortement l'imagination des mélancoliques, tel est un argument pressant une démonstration sans réplique qui force le malade à faire un raisonnement qui détruit ses illusions.
Un malade qui au rapport d'Actius, s'imaginait n'avoir pas de tête, revint de cette idée par suite du poids insupportable d'un coffre de plomb qu'on lui faisait porter. Les exercices, les travaux manuels, des distractions appropriées, un retour inespéré aux lieux qui virent naître le mélancolique, une grande émotion due à quelque heureux événement, ont souvent opéré des cures inespérées. Une dame que je connais, tombe dans une mélancolie profonde chaque fois qu'il survient un événement important dans sa famille et revient à la raison par l'effet que produit une autre commotion.
Les médecins de l'antiquité, s'étaient beaucoup occupés du traitement des mélancoliques, ils prescrivaient pour neutraliser les influences délétères des humeurs noires, une foule de médicaments, et particulièrement les préparations d'ellébore, nous les avons depuis longtemps abandonnées. Mais d'un autre côté, ils avaient une foule de pratiques hygiéniques excellentes, ils envoyaient les malades dans certaines îles fortunées, et dans d'autres lieux, qui étaient pour eux une source d'émotions salutaires, et de distractions capables de frapper fortement l'esprit préoccupé d'idées exclusives.BRICHETEAU

MÉLANCOLIE en morale.

La signification précise de ce mot, ne peut être déterminée que si on la rapproche de ses deux synonymes : tristesse et chagrin. Tous trois désignent l'état pénible où l'âme est jetée par les maux qu'elle éprouve et qui exclut le sentiment de la joie. Mais la melancolie est absorbante, la tristesse accablante, le chagrin poignant, en d'autres termes, la mélancolie marque une douleur plus concentrée, la tristesse une douleur plus grave, le chagrin une douleur plus vive.
La mélancolie rend sombre, taciturne, rêveur, la tristesse afflige, serre ou navre le cœur, consterne et suspend plus ou moins l'exercice de nos facultés, le chagrin pique, aigrit, tourmente, on est miné rongé par le chagrin. Il y a donc défaut d'expansion dans la mélancolie, absence de gaîté dans la tristesse, et mauvaise humeur dans le chagrin. La melancolie peut aller jusqu'au spleen, la tristesse jusqu au désespoir, le chagrin jusqu'à la rage. Dans la melancolie on est malheureux et par les peines qu'on a, et par celles que l'on n a pas, on veut toujours prévoir des choses funestes, dans la tristesse, la pensée ne s'applique qu'à des peines réelles, mais elle en conçoit toute l'étendue et l'exagère, quelquefois dans le chagrin, le dépit et l'exaspération, empêchent souvent l'esprit d'en apprécier convenablement le sujet. Quant aux causes de ces états, la mélancolie a des prédispositions dans le tempérament. Platon, dit Fénelon, fut naturellement melancolique et d'un génie fort méditatif, et La Fontaine dit, en parlant d'un lièvre
Le mélancolique animal
En rêvant à cette matière
Entend un léger bruit etc
La tristesse provient de malheurs, sinon toujours irréparables, au moins très grands dans tous les cas, et le chagrin est l'effet de certains désagréments de certaines contrariétés. On lit dans Fénelon : " Darius était fortaffligé de lamort de celle qu'il aimait le mieux de toutes ses femmes, Démocrite, pour le consoler, lui promit de la faire revivre en cas que Darius lui pût fournir, dans ses états, trois personnes à qui il ne fût jamais rien arrivé de désagréable. Darius n'ayant pu venir à bout de remplir cette condition, le philosophe prit sujet de là de lui faire connaître qu'il avait grand tort de s"abandonner à la tristesse, puisqu il n y avait aucun homme dans tout le monde, qui fût exempt de chagrin. Au regard du spectateur, la mélancolie se fait deviner, la tristesse se fait voir, le chagrin se fait sentir, la mélancolie a quelque chose de plus solitaire de plus intérieur, la tristesse se manifeste d'ordinaire par des signe sans équivoques, le chagrin est maussade, acariâtre. Le seul remède contre la melancolie, ce sont les divertissements et les dissipations, pour ne point succomber sous le poids de la tristesse, il faut de la constance, beaucoup de philosophie et quelquefois l'action du temps seule, est efficace.
Sur les ailes du temps la tristesse s'envole. LA FONTAINE.
ll faut beaucoup d'empire sur soi même et une grande égalité d'âme pour résister à l'action dévorante du chagrin.

Le dictionnaire de la conversation 1833 BENJAMIN LAFAYE.

 

2020

 

La jalousie

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