Sikhs, Revue de l'Orient Une vision du XIX e siècleLe Punjaub ou pays des Sihks, plus connu en Europe sous le titre de royaume de Lahore, et tout récemment annexé aux possessions anglaises de l'Inde, tire son nom des cinq fleuves qui le sillonnent ou le limitent dans leurs parcours: ces fleuves principaux divisent le Punjaub en cinq zones, de la forme d'un secteur, connues sous le nom de Doabs.
Borné au N.-O. par l'Indus, et au S.-E. par le Sutleje, le Punjaub proprement dit figure assez exactement un triangle dont le sommet est placé à Mithenkole, à la jonction de ces deux fleuves, la base étant formée au N.-E. par les chaînes de vastes montagnes appartenant à l'Himalaya ou Caucase hindou. Pecha'wer et la Déjarat conquis sur les Affghans sont les seules provinces qui appartiennent aux Sihks au-delà de l'Indus, en dehors du triangle dont nous venons de parler.
Le climat, la nature du sol et le caractère du pays varient infiniment dans cette vaste contrée, qui s'étend depuis les déserts brûlants du Scinde jusqu'aux montagnes neigeuses de l'Affghanistan et du Cachemir. Le Punjaub contient une population de cinq millions d'habitants, qui rendent un revenu d'environ trente-cinq millions de notre monnaie par an; les fleuves qui le traversent sont, pour la plupart, navigables à quelques centaines de milles au-dessus de leur point de jonction, et l'étendue de la navigation intérieure atteint environ 670 lieues.
La secte des Sihks fut fondée par un gooroo (ou prophète), du nom de Nanac, qui florissait vers la fin du quinzième siècle de notre ère. La religion de ce peuple consistait à l'origine dans un pur déisme : les Sihks croyaient à la transmigration des âmes, et considéraient la vache comme un animal sacré ; aujourd'hui encore ils font usage de tous les aliments solides ou liquides, sauf la chair de bœuf. La liberté de renoncer à leur caste, l'admission des prosélytes et le devoir religieux de se consacrer au métier des armes distinguent suffisamment ce peuple des autres Hindous; les Sihks se permettent à l'occasion les plus grossières débauches, et professent pour les mahométans la haine la plus invétérée; leur livre sacré porte le nom de Grunth; leur cri de guerre est : Victoire au gooroo!!!
Vers la fin du dix-huitième siècle, le Punjaub fut ravagé à plusieurs reprises par les incursions des montagnards affglians, jusqu'au moment où une confédération des principaux chefs des tribus sihks mit un terme passager aux soudaines agressions de leurs farouches voisins. Néanmoins, le pays des cinq fleuves ne commença à figurer dans les annales de l'Hindoustan que sous son dernier souverain, le fameux Runjet-Singh, fils d'un chef de rang élevé.
Né en 1780, et proclamé à la mort de son père en 1794, le jeune Runjet-Singh grandit dans la plus profonde ignorance et les orgies les plus sauvages; à dix sept ans, il fit assassiner sa mère, alors régente, pour saisir plus tôt les rênes du pouvoir suprême.
Lors des deux invasions que le souverain de Cabool, Shah-Zemaun, opéra dans le Punjaub, en 1795 et 1797, on vit les chefs sihks se retirer devant l'ennemi; Runjet-Singh profila de sa retraite forcée au-delà du Sullej pour lever des contributions dans les environs de Sirhind, au S.-E. de ses Etats.
(repris d'internet)
2001
Le Shikisme
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