Gandhi, Soeur Emmanuelle Dévaluer l'élite abusante De la tendance à la conscience,
histoire d'une prise de pouvoir
Vivre tous simplement pour que tous puissent simplement vivre. Gandhi
L'homme, semble t-il, fonctionne en grande partie par mimétisme et exemplarité. Depuis toujours il place à l'horizon des icones dont il apprécie les vertus et qu'il s'efforce de ressembler ou de ne pas perdre de vue. Dieux et héros grecs servaient sans doute à cela, les saints, les sages, ont pris le relais. A l'heure de l'ultra libéralisme et de la télévision, les modèles semblent en passe de changer.
Lors des 3 décennies précédant la dernière guerre mondiale, le spirituel et les valeurs morales traditionnelles ensemençaient encore la société occidentale. La présence des valeurs morales et sociales de la religion et du communisme, obligeait le capitalisme de l'ouest à une certaine retenue éthique. Les médias valorisaient alors les actions des Abbé Pierre, Soeur Emmanuelle, mère Teresa, Gandhi, Martin Luter King, et ce sont eux qui remportaient années après années les sondages de popularité.
Pour bien comprendre notre analyse, gardons à l'esprit que des Abbé Pierre, des Sœurs Emmanuelle, des Gandhi, des Martin Luter King, des humains capables d'incarner les grandes valeurs humaines, il en existent un même pourcentage dans chaque religion et communauté et c'est la même chose pour les humains involontairement capables d'incarner les valeurs inverses.
A partir des années 80, l'idéologie communisme capitulait. Elle sombrait sous les coup de butoir du capitalisme qui en profitait pour noyer avec ses valeurs les plus généreuses de partage, d'égalité etc. L'ultra libéralisme qui naissait de cette nouvelle hégémonie prenait en main les médias qu'il transformait en vaste marché d’où il excluait le religieux, le social, bref tout ce qui n’agit pas de valeur pécuniaire. C'est à ce moment que les icones plébiscité par le peuple se sont mise à changer. Les footballeurs, les chanteurs, les comédiens, ont commencés à devenir l'horizon des modèles à suivre (ce qui arrangeait bien le marché).
De l'incorruptible sous l'ère du marché
La
phrase : « tout exercice de pouvoir corrompt » est généralement juste. Elle mérite simplement quelques précisions.
S'il est vrai que
le pouvoir pervertit effectivement tous les humains corruptibles (autrement dit, la plupart d'entre nous), fort heureusement, quelques esprits ont la force d'y résister. Il servent alors d'icône à l'ensemble humain. L'humanité a d'ailleurs la charge de les donner en exemple.
Si la corruption du pouvoir est si facile, c'est parce qu'elle parle aux tendances abusantes. Pour y résister, la conscience doit donc dominer les tendances. Rares sont les leaders ayant atteint ce degré de puissance cérébrale. Seuls les sages, les saints, les justes y parviennent.
Il existe une quantité de bonnes raisons pour un dominant de céder à la corruption. Surtout quand une société en transpire les accélérateurs par chacun de ses pores (vénalité, célébrité, luxe, narcissisme).
Avant l'entrée en toute puissance du néolibéralisme dans les années 80, le communisme servait de garde fou au capitalisme qui devait alors rester humble. La vague hippie contestait également l'évolution par antagonisme et les excès des valeurs marchandes de la société de consommation. Depuis l'extinction de ces deux forces d'oppositions, le marché s'est accaparé les médias et avec eux rentre dans les esprits comme dans du beurre.
De nos origines primates
On ne peut pas prendre du darwinisme, ce qui nous arrange en laissant ce qui nous contrarie. L'humanité découle de la nature et en porte encore les stigmates. Bien de nos réactions puisent leur source dans le comportement animal. Selon la nature de notre enfance, nos réactions sont plus ou moins proches de ce passé naturel. Il existe une grande différence entre l'état d'esprit de l'esclavagiste et l'état d'esprit de l'abolitionniste. Une grande différence entre le leader véritablement démocrate et le leader clanique. Entre un dominant universel et un dominant favorable aux castes. Entre Soeur Emmanuelle et Adolphe Hitler. Et cette différence marque notre proximité ou notre éloignement d'avec certains mœurs de la nature (domination, prédation, agressivité) encore présent dans les comportements humains sous forme évolués de pulsions transgressantes, de perversions ou de psychopathologies.
L'évolution est ainsi faite, il faut de tous pour faire notre monde. Certains hommes travaillent au développement de l'égalité et du respect entre individus. D'autres au contraire, semble condamnés par leur éducation, leur caractère ou les circonstances de la vie, à former des clans
destinés à thésauriser les privilèges au dépens du plus grand nombre (comme les mafias). Les premiers posent une certaine distance avec les lois de la nature. Les seconds reproduisent simplement le fonctionnement des castes de dominants primates. Ils vivent à l'écart du groupe, le pillent, l'utilisent, et prennent des attitudes agressives quand leurs privilèges sont remis en cause.
Même les actes de charité dont parfois ces dominants abusants peuvent faire preuve, ne prouvent pas leur évolution mentale. Les dominants chimpanzés abandonnent eux aussi,
une partie du butin lorsqu'ils sont repus (encore une fois cette façon critique d'exprimer un point de vue est uniquement destiné à faire bouger des lignes qui depuis le début des années 80 semblent évoluer dans le sens contraire de l'évolution) Les vrais dominants humains Soeur Emmanuelle, Abbé Pierre, Gandhi... M.L.King, Mère Teresa C'est bête d'être heureux sans les autres.
Henri Grouès, dit abbé Pierre
L'élite discriminante, celle dont les pulsions priment sur la conscience, est l'archaïsme de la domination. Les véritables dominants, bien positionnés dans le sens de l'évolution humaine, utilisent leurs tendances naturelles (également en cour dans la nature) pour le bien du
plus grand nombre. Et principalement pour celui des plus fragiles, conformément aux lois, à la morale et à l'éthique humaine. L’abbé Pierre, Soeur Emmanuelle, Gandhi en sont quelques symboles.
La société humaine, pour continuer de s'extraire de la nature au profit de la culture, doit y penser. Il lui faut choisir les bons exemples à offrir à l'ensemble. En donnant à suivre les Bernard Tapie plutôt que les Soeur Emmanuelle, elle construit une société d'état d'esprit Tapie.
La ruse de la raison
Mais ne l'oublions pas, la lutte entre tendances primaires et supérieures (entre égoïsme
et générosité, entre thésaurisation et partage), est un moteur de construction. C'est la ruse de la raison dont parle Hegel. Comme l'universalité et la générosité, l'égoïsme et
l'esprit de clan sont aussi nécessaires à l'évolution de l'humanité tant que nous les considérons comme des fatalités à dépasser.
Car pour évoluer
vers toujours plus d'humanité, les tendances primaires doivent s'effacer progressivement devant les tendances supérieures. L'humanité en évolution, a donc la charge d'être aujourd'hui moins égoïste qu'hier et bien plus que demain.
Pour cela, il est nécessaire de contester en permanence l'égoïsme et les tendances discriminantes. il est vital
de résister aux réactionnaires avides de revaloriser les pulsions primaires (c'est le cas du néo-libéralisme actuel). Nous devons également nous opposer à toutes les castes favorables à l'amplification et au durcissement des hiérarchies. Nous devons lutter contre les tentatives de restaurer les aristocraties. Contre tous les mécanismes qui accentuent les écarts et anéantissent l'idée d'égalité; valeur fondamentale de l'humanité.
écrit en 2001
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