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Le mal et le bien, de l'instinct à la morale.

L'homme et le mal dans l'humanité

la peste, gravure médievaleLe mal n'est pas autre chose que l'inadéquation de l'être au devoir être. Hegel encyclopédie.

Dans son dictionnaire de la langue philosophique, Paul Foulquié définit ainsi le mal : ce qui contredit nos tendances, soit sensibles (maux ou souffrances d'ordre physique et d'ordre moral) soit rationnelles (fautes ou péchés, désordre et imperfections). Contraire au bien.
A : mal subit (la souffrance).
B : mal commis. La faute morale, le péché.

On peut voir le « mal » de deux façons différentes. Nous pouvons philosopher autour de cette notion, ou le ressentir dans notre chair.

  • D'un côté nous avons le mal en acte. La violence, la cruauté, l'humiliation, bref, tout producteur de sensations physiques ou psychiques douloureuses.
  • De l'autre le mal en concept. Autrement dit, l'étude des « mauvaises conduites » (les guillemets sont là pour rappeler le côté parfois subjectif de ces notions), des comportements dits négatifs et la recherche de leurs remèdes.

Les spirituels, les juristes, les philosophes, sont chargés de réfléchir à cette valeur négative. L'État, la justice, la psychologie, etc., s'occupent de la thérapeutique.

Précisons tout de suite une chose. Le mal sous sa forme théorique, est une invention humaine. Il est le fruit de la conscience morale et de l'aptitude à juger. En acquérant ces deux facultés, l'homme a distingué ses actes en bien et mal.

Cette disposition est unique dans le monde animal. Nous étudions, nous analysons, nous réfléchissons de plus en plus à la question du mal.

La conscience introspective

La capacité à conceptualiser

king kongLe mal, est une spécificité humaine.

Le monde animal n'est pas conçu pour s'interroger sur ses actes. Lorsqu'un primate naturel agresse un congénère, il semble indifférent à la souffrance qu'il engendre. Il perpétue un mécanisme instinctif. Un processus basé sur la survie et laissant peu de place à la bienfaisance et à la compassion. De ces comportements réflexes dépend toute l'organisation du groupe.

Introspection ou immédiat

Le défaut de conscience introspective, a quelques avantages pour le monde animal. Il lui permet de coller à l'immédiat. Grâce à lui, par exemple, nos cousins primates peuvent vivre pleinement l'instant présent. Leur esprit n'a pas besoin de se projeter dans l'avenir ou dans le passé, ni de s'interroger sur la droiture de leur conduite.

Ce n'est plus le cas de l'humanité. Notre espèce est capable à présent de consulter le passé, l'avenir et la conformité de ses actes. De là notre énorme progression comportementale.

Depuis quelques dizaines de millénaires l'homme doit (ou devrait) réfléchir avant d'agir. Il a un code moral et législatif à respecter. Lorsqu'il transgresse les règles, il lui faut rendre des comptes à la société. Rendre des comptes à sa victime et prendre conscience de la souffrance qu'il inflige.

En somme, l'humanité pousse le transgressant à sortir de son narcissisme. Grâce à ce pouvoir analytique, le « mal » régresse en permanence.

Quitter l'immédiat pour un nouvel immédiat

En contrepartie, la faculté de s'interroger empêche l'homme de jouir pleinement du moment présent. Pour s'interroger sur soi, on doit en effet quitter la réalité immédiate.

Autrement dit, les promenades intérieures se font un peu au détriment des promenades extérieures.

Mais cette perte « d'immédiateté » (immédiat tel que le connaissent les animaux), travaille en secret chez l'homme à un nouvel immédiat. Un immédiat absolu et affranchi des pulsions naturelles.

Aux origines

  • Le mal comme fait, découle de certains comportements primates (prédation, domination, agressivité, thésaurisation des privilèges etc). Dans leurs migrations humaines, ces agissements deviennent ; le vol, l'abus d'autrui, la violence, l'égoïsme, l'injustice sociale, etc.
  • Le mal comme jugement, résulte de notre évolution cérébrale. Cette spécificité tire son origine d'une sorte de « morale instinctive » déjà présente dans la nature (cette sorte de morale prohibant par exemple l'inceste, la maltraitance des petits, la prolongation de la violence après l'acte de soumission, etc).

Pourquoi tant de cruauté

Une spécificité humaine

crucifixionL'essence de l'idée de juste, c'est d'offrir une issue au sadisme en affublant la cruauté du masque de la justice. Bertrand Russell

L'homme peut-il faire l'impasse de l'anthropocentrisme ? Peut-il éviter d'utiliser sa conception du mal comme référence universelle ?

Je ne le penses pas encore. Dés lors, quelques questions se posent.

Pourquoi, entre les primates naturels et l'homme, le mal diminue en quantité mais semble augmenter en cruauté ? Comment sommes nous passé des « injustices » de la nature, à la perversion et au génocide ? Pourquoi notre évolution devait-elle inventer la torture, le machiavélisme ou l'assassinat de masse ?

Quelques éléments de réponse

En moyenne, un être humain subit quotidiennement moins de violence et d'abus qu'un primate naturel. Nous vivons sous la protection d'un bouclier de lois empêchant un grand nombre de passages à l'acte. Dès notre plus jeune âge, nous sommes inclus dans un système éducatif et normatif. Ce tamis dévalorise les « mauvaises » actions pour valoriser les « bonnes ».

Cette métamorphose a 3 effets : Le passage de l'instinct du bien à la morale apprise / Le développement de notre intelligence / Le développement technologique.

1/ Avec le premier effet, l'homme perd ses interdits naturels au profit des interdits enseignés.

Par exemple, Dans la nature, la violence du dominant cesse aux premières manifestations de soumission du dominé. C'est ce que nous appelons ici « l'instinct du bien ».

Cet instinct n'existe plus chez l'homme à l'état d'instinct, il est devenu un code moral (l'interdiction par exemple de frapper un homme à terre). Si l'enseignement de ce code moral est défaillant *, tout les excès sont alors permis (et il me semble nécessaire que cet enseignement s'accompagne d'un bon développement affectifs).

2/ Le développement de notre intelligence, est à double tranchant. Cette faculté peut rentrer au service du bien où du mal.

Au service du mal, elle peut devenir un instrument de perversion et de cruautés.

3/ Le développement technique peut également survolter le mal. Le siècle dernier nous en fournit de nombreux témoignages.

Une grande partie des horreurs de la première guerre mondiale ont été commises grâce au nouvelles technologies. La barbarie nazie s'est également appuyée sur la technique et l'augmentation exponentielle du progrès pour commettre ses atrocités.

S'il multiplie les capacités de construction, il multiplie également les capacités de destruction et de violence.

Le mal comme pathologie

Transformer un singe en homme

voleursSouffrante humanisation.

La métamorphose d'un psychisme primate en psychisme humain, est un travail long et laborieux. Il s'agit de désimprègner notre esprit de certains comportements abusants, autorisés dans la nature.

Ces pulsions primaires sont encore très fortement ancrées dans le caractère humain. Il s'agit de les remplacer par les valeurs humaines supérieures comme la conscience morale.

Cette longue transformation, soumet le psychisme de l'homme à des conflits innombrables et douloureux.

Difficile métamorphose

Les tendances primates sont encore très présentes dans la personnalité humaine. La tendances à la domination, à la thésaurisation des privilèges, à la prédation, rythment notre évolution.

Ces forces premières acceptent mal d'être contraintes ou interdites d'expression par notre conscience ou par la peur du gendarme. Leurs griffes débordent couramment nos volontés et nos idéaux éthiques.

Ces pulsions nous font commettre des actes qu'inconsciemment ou consciemment nous regrettons (des pulsions qui poussent le petit délinquant, le PDG ou l'écrivain à dérober un scooter, des millions ou une idée à ses congénères).

Tout cela fait de nous des êtres bien souvent contradictoires. Des êtres souffrants du décalage entre ce qu'on voudrait être (l'idéal moral) et ce que nous sommes réellement.

Le moteur de la cruauté

Cette lutte entre les pulsions primates et les interdits humains, génère des frustrations et des conflits psychologiques. Parfois, à ces conflits, s'ajoutent une défaillance affective, une intelligence froide, et une libre utilisation du progrès.

Nous avons alors tout le cheminement éducatif du dictateur, de l'esprit capable d'imaginer les pires cruautés, l'assassinat de masse ou le génocide. Cette capacité au mal (caractéristique de l'espèce humaine) prend naissance à la naissance des interdits.

Vers l'anéantissement du mal

Aujourd'hui, le mélange entre l'intelligence froide et le progrès technologique est relativement dangereux pour l'humanité. L'éducation humaine est encore défaillante. Mais ce passage est ponctuel. Parallèlement, la conscience humaine est en train de s'élever. Les moyens de surveillance également. Le principe de responsabilité devient enfin une réalité. Un jour, la morale enseignée, remplacera complètement la morale naturelle. Les lois humaines deviendront la véritable nature de l'homme (comme l'instinct est la véritable nature animale). Et le mal sera enfin débordé par la volonté humaine.

2001

mal et bien

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blaise pascal philosophe et penseur Français

Toute philosophie pourrait se réduire à rechercher laborieusement cela même que l'on sait naturellement Pascal

 

Le jugement définitif sur les hommes ne peut et ne doit pas être prononcé par l'homme, que le succès ou l'insuccès de notre vie terrestre ne prouve ni notre bon droit ni notre culpabilité.

Léon Chestov