Le criminel dans la société humaine L'indispensable malfaiteur
Pourquoi le hors-la-loi est nécessaire pour l'évolution de la justice, esprit des lois.
Le voyageur qui n'a rien passera en chantant devant les voleurs. Juvenal Satires.
La raison de vivre de la philosophie est de nuire à la bêtise. Nietzsche - Gai savoir
Comme nous venons de le voir dans la page précédente, l'évolution du droit résulte entre autres, du travail conjoint du délinquant et du législateur.
Ainsi, entre le moment ou l'espèce humaine s'est imposée le premier interdit, et le moment ou le droit aura atteint sa perfection, le transgressant (au même titre que le législateur), sera indispensable pour notre évolution.
L'indispensable n'est pas mesurable.
Dans l'absolu, ce qui est indispensable n'a pas d'échelle de valeur.
Deux choses véritablement "indispensables" ont la même importance pour l'évolution de l'humanité. Et si pour les progrès du droit et de la justice, le transgressant a la même « importance fondamentale » que
le juge ou le juriste, il a donc la même valeur ontologique.
Donc, si le transgressant, le juge et le juriste ont la même valeur
fondamentale pour l'évolution de l'humanité, ils ont fondamentalement droit au même respect et à la même attention de la société humaine.
Nécessité de punir le criminel
Le respect sans laxisme
« L'égalité d'attention» ne veut pas dire « exemption de jugement». Tout criminel mérite un respect identique à celui de son juge, mais il doit pour cela accepter une sanction et accomplir une peine en relation avec l'infraction commise.
En effet, c'est aux prix d'une justice juste, ferme et impartiale, une justice hostile à l'impunité, qu'il peut y avoir évolution du droit et donc de l'humanité. Ni laxisme ni dureté
Si une société laisse un délinquant transgresser la loi ou la morale humaine sans être sanctionné (parce qu'il bénéficie de protection ou de négligence) elle empêche l'humanité de comprendre le sens et la logique du monde.
De la même façon, si un système applique la tolérance zéro envers le peuple, sans l'appliquer au dominant, il opère un retour direct vers les lois de la nature et ces deux mécanismes participent à la régression de l'humanité vers ses origines primates. Autrement dit vers la toute puissance du dominant naturel.
Le paradoxe de la transgression
Comprendre cette situation paradoxale d'un transgressant indispensable pour sortir l'humanité de son animalité, et nécessairement condamnable pour permettre à notre espèce d'évoluer vers toujours plus de justice et d'égalité, éclaire toute l'absurdité de la peine de mort.
Elle éclaire également l'injustice du regard
dégradant porté par la société sur le transgressant. L'inhumanité du système carcéral
Elle révèle enfin l'inhumanité des systèmes de punition. Que ce soit le traitements pervers infligés à certains types de délinquants,
ou nos conditions dégradantes d'incarcérations, ces mauvais traitements sont de véritables scandales pour nos sociétés dites évoluées.
L'humiliation et les conditions inhumaines de détentions, sont non seulement contre-productives, mais également injustes si l'on considère l'apport fondamental du délinquant à l'humanité et en particulier au droit.
Tout en veillant à ce qu'il n'y ait pas de crimes impunis, puisque c'est une des conditions de notre évolution, l'humanité doit être la plus compatissante et la plus éducative possible envers le transgressant, car le transgressant est un « ouvrier » à part entière de l'humanité, sans lequel aucune évolution
n'aurait été possible.
Texte datant de 2000
Morale métaphysique preuve
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