Le désir humain d'égalité Philosophie d'une quête Du désir d'égalité à la conscience d'être égaux
Le désir est manque d'être, il est hanté en son être le plus intime par l'être dont il est le désir. Jean-Paul Sartre,
L'être et le Néant.
Pour la psychanalyse, le désir est irréductible aux besoins. Il est perçu comme une tension à combler. Quand un désir envahit l'esprit, l'homme cherche à l'assouvir pour anéantir le déséquilibre qu'il engendre. Sous cette forme, le désir est une sorte de moteur primaire. Une force instinctive (l'appétit sexuel, gourmand, vénal etc.), poussant l'individu à l'action. Dans ce cas-là , le ressort est du côté de l'organique.
Le désir sexuel primaire (l'Éros) par exemple, peut très bien se passer d'esprit, de conscience, de raison et d'analyse. Ces facultés sont d'ailleurs parfois plutôt un handicap pour lui.
Désir individuel, désir universel
Mais le désir peut également s'appuyer sur la conscience et être motivé par des sentiments supérieurs comme l'empathie ou la bienveillance.
Le désir anime donc l'humanité à plusieurs niveaux. Il peut inspirer un homme, un groupe d'hommes, une nation, une communauté ou l'humanité toute entière. C'est le cas par exemple des grandes valeurs humaines comme la paix, l'universalité, l’œcuménisme ou l'égalité.
Pour schématiser, on retrouverait donc deux formes de désir :
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Les désirs primaires, issu des instincts basiques et individualistes (copulation, domination, prédation).
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Et les désirs supérieurs, rattachés aux grandes valeurs humaines (universalité, fraternité, égalité, etc.).
Ces deux types de désirs construisent l'humanité. Ils sont donc essentiels à notre évolution même si progressivement, les premiers cèdent la place aux seconds.
Le désir d'être humainement traité
Il y a des désirs fondamentaux. Nous les partageons d'ailleurs avec les autres espèces animales. Tout individu, par exemple, lorsqu'il est maltraité se révolte. Cette réaction est valable pour tout le monde. C'est donc pour ainsi dire, un réflexe physiologique (déjà présent dans la nature sous forme d'instinct). La culture humaine lui a tout de même apporté quelques nouveautés ; non seulement l'être humain refuse d'être maltraité, mais il refuse qu'on maltraite ses congénères (c'est également le cas chez les autres mammifères).
Si l'homme souhaite le mieux pour lui-même, il l'espère également pour toute l'humanité. L'injustice (tout comme l'inégalité) indigne la plupart des êtres humains. La majorité des hommes aspire donc à un traitement juste et égalitaire. Autrement dit, par-delà les différences, les hommes désirent intuitivement une certaine égalité.
Le désir d'unification
Cette tendance instinctive à l'égalité, se devine dans l'évolution générale de l'humanité. Depuis quelques millénaires en effet, l'homme a entrepris un grand travail de rassemblement - de la tribu, au pays, à la nation, à la communauté et jusqu'au village planétaire en train de s'établir.
La mondialisation fait partie des étapes de cette unification. Les hommes se rassemblent et fonctionnent progressivement autour d'une identité commune : l'appartenance à l'humanité.
Sous ces auspices universalistes, le statut d'étranger (l'étranger bien souvent, disposant de moindres privilèges), s'affaiblit au profit de celui de citoyen du monde. Autrement dit, au profit du statut « d'égal ».
écrit de 2000
désir d'unité |