La perversion, son histoire Pourquoi tant de cruauté Une spécificité humaine
l'homme est un animal à demi dompté qui pendant des générations a gouverné les autres par la fourberie, la cruauté
et la violence. Charlie Chaplin
Lorsque nous observons le fonctionnement animal de façon antropocentrique, lorsque nous prenons le "mal" (selon notre conception), comme référence universelle, pour juger le vivant dans son ensemble, des interrogations surgissent.
Pourquoi, entre ce que nous pourrions interpréter comme le "mal" chez les primates naturels (l'abus du faible, le vol de nourriture, l'agressivité, la thésaurisation etc.), et le mal dont est capable l'humain (allant jusqu'au
génocide), le nombre d'actes semble se réduire mais pas la capacité de cruauté ?
Pourquoi le chimpanzé, soumis à une quantité de conflits et d'abus quotidien bien supérieure à l'homme, ignore la torture, le machiavélisme ou l'assassinat de masse pratiqués par l'homme ?
Réponse à la première question :
Si, en moyenne, un individu subit quotidiennement moins de violence et d'abus qu'un primate naturel, c'est d'une part ; parce qu'il est protégé par un bouclier de lois protectrices, empêchant un grand nombre de passages à l'acte; et, d'autre part, parce qu'il est inclus, dés son plus jeune âge, dans un système éducatif dévaluant le mal et l'abus d'autrui, pour valoriser au contraire le bien et la fraternité.
Réponse à la seconde question :
Si la capacité tortionnaire de l'homme, est beaucoup
plus élevé que chez l'animal en général, c'est avant tout une conséquence de la transformation animal-humain.
Cette métamorphose a 3 effets :
Le passage de l'instinct du bien à la morale apprise, qui inclus la perte des interdits instinctifs au profit des interdits enseignés;
Par exemple, lors d'une bagarre entre homme, ce n'est plus un ordre instinctif qui arrête la violence du plus fort aux premières manifestations de soumission de sa victime, mais une éducation morale du type "il est immoral de frapper un homme à terre".
Cette nouvelle conceptualisation a permis une évolution stupéfiante des interdits, mais comporte ses revers. En effet, si l'enseignement moral dispensé par la société humaine, est défaillant, tout les excès sont permis. La nouvelle puissance de notre intelligence, peut se transformer en redoutable instrument de perversion. Si la sophistication de notre esprit, ne se double pas d'une formation à l'empathie ou si, comme nous l'avons vu dans le chapitre l'amour comme barème, cette faculté n'est pas accompagné d'un bon développement affectif, nous pouvons devenir de véritables tortionnaires.
D'autant qu'à présent, la technicité humaine rend encore plus dangereux
nos débordements violents.
Une souffrance à deux têtes. Dur dur de transformer un singe en homme !
Jusqu'à maintenant toute grande philosophie fut la confession de son auteur, une sorte de mémoires involontaires. Friedrich Nietzsche, philosophe Allemand. Par-delà le bien et le mal
La métamorphose d'un psychisme primate en psychisme humain, est un travail long, progressif et inconfortable. Il s'agit de désaccoutumer
peu à peu des attitudes abusantes fortement imprégnées dans le cerveau de notre espèce. Il s'agit de vider l'esprit humain, de certains comportements instinctifs bien ancrés dans le caractère, pour le remplir de conscience, de maîtrise de soi d'aptitude à nous conformer à la loi humaine, à l'éthique, à la morale et aux valeurs universelles.
Cette longue transformation, n'est pas de tout repos. Elle soumet le psychisme de l'homme à d'innombrables et douloureux conflits. Notre tendance à la domination, à la thésaurisation des privilèges, à la prédation, accepte mal
d'être contraint par la conscience ou la peur du gendarme.
Notre incapacité à nous mettre à la place d'autrui (l'empathie) et la puissance de nos pulsions abusantes, débordent bien souvent notre volonté et notre idéal éthique.
Ce mélange nous pousse à commettre des actes qu'inconsciemment ou consciemment nous ne pouvons que regretter (et c'est la même pulsion qui conduit le petit délinquant de banlieue, l'intellectuel ou le journaliste à dérober un objet ou une idée, à son congénère)
De la contradiction entre désir d'être et réalité
Tout cela fait de nous des êtres bien souvent contradictoires, des humains souffrant de pathologies nées du décalage entre ce que nous voudrions être
(notre idéal moral) et ce que nous sommes réellement
capable d'être.
Cette lutte entre nos pulsions primates et les interdits humains,
génère des frustrations et des conflits psychologiques. Lorsqu'à ces tiraillements intérieurs, s'ajoutent des défaillances affectives, une intelligence froide, et une technicité, cela peut conduire à la cruauté, à l'assassinat de masse ou au génocide.
Cette capacité au "mal", caractéristique de l'espèce humaine, prend naissance à la naissance des interdits (donc à la naissance de l'humanité). Elle s'achèvera quand notre morale enseignée, aura supplantée tout à fait la morale naturelle.
Autrement dit ; lorsque les lois humaines seront devenus pour l'homme sa véritable nature (comme l'instinct est la véritable nature animale).
généalogie de la cruauté
L'homme, comme l'animal, est fondamentalement bon. La cruauté dont il fait parfois preuve, nous l'avons vu plus haut, décline du conflit généré par sa métamorphose animal-humain. L'humanité doit relever le défi de l'injustice de la nature. Elle doit rompre la chaîne naturelle du plus fort
contraignant le plus faible. Elle doit faire cesser la fatalité du prédateur condamné par son instinct à interrompre la liberté de sa proie.
L'absence de cruauté dans la nature peut s’interpréter comme une sorte d'économie de moyen. Elle peut également se concevoir comme une sorte de morale instinctive. C'est d'ailleurs la façon dont ici nous la percevons.
Chez l'homme, cette morale instinctive est remplacé par une inhibition consciente et enseignée. C'est ce que nous appelons la loi, la morale, l'éthique, l'éducation. L'humanité doit donc passer d'une morale instinctive à une morale apprise.
Dans cette période charnière, l'instinct inhibiteur disparaît progressivement, tandis que la volonté de bien agir n'est pas encore assez forte pour contenir correctement les pulsions.
Il se joue alors dans l'esprit, une sorte de bataille entre ce que ma morale me demande de faire et ce que mes pulsions exigent (comme le syndrome de Tourette).
De ce conflit résulte parfois l'acte de cruauté. C'est une situation paradoxale de la transformation d'un animal en humain.
Penser le mal impensable, la cruauté
Il y a toujours une raison qui oblige l'homme à faire le mal. Luben Karavelov. Mais bien sûr, le mal le plus
difficilement analysable dans l'humanité, c'est celui qui n'appartient qu'à l'homme et qui déborde toute explication possible; le génocide, la cruauté de masse et pourtant, ce mal absolu aussi, nous devons le penser.
Il à lui aussi un sens et il est lui aussi une des résultantes de cette laborieuse transformation animal humain.
Selon la mecaniqueuniverselle, ce mal extrême, est également constitué des frustrations générées par la difficile compression de nos instincts primates. et par le système pyramidal qui, grâce sa perversité et à la crainte qu'il inspire, dissous les responsabilités, et permet à quelques psychopathes détenant les mécanismes des ordres supérieurs, de décider les pires atrocités, et de les faire commettre.
L'importance fondamentale de la réflexion
Ne pas réfléchir à ce "mal impensable" qu'est la cruauté de masse où le génocide, se priver de chercher à le comprendre et de le maintenir en
mémoire, oblige l'humanité a toujours le voir resurgir.
La cruauté est inhérente à l'homme, parce qu'il est soumis à la dualité entre ce qu'il veut être et ce qu'il est.
Entre l'homme juste qu'il se souhaite, et la réalité de ses pulsions.
La parade est éducative, judiciaire et-psychologique. Détection rapide des psychismes pervers et sadiques et aptitude à les soigner ; justice mondiale juste et intransigeante pour éveiller la crainte du gendarme mondial en cas de génocide; éducation morale, conscience d'autrui, compréhension du sens, etc.
L'humanité doit pouvoir fournir à un individu, l'éducation globale lui permettant de maîtriser ses pulsions pour qu'il ne sombre pas dans la cruauté. Elle doit combattre notre tendance génocidaire en combattant les
justifications (des justification toujours les mêmes
: je n'ai fait qu'obéir, je n'étais qu'un rouage).
Sacraliser le refus de l'ordre inique.
À présent, l'humanité doit franchir un nouveau palier. Selon nous, les dominants doivent saisir l'importance de lâcher certaines de leurs prérogatives.
Nous devrions à présent inclure dans l'éducation de chaque être humain, la possibilité de refuser un ordre cruel. Nous devrions protéger tout homme qui l'applique. Si cette valeur fondamentale avait été institutionnalisée dans l'esprit humain, nous aurions évité les boucheries de 14/18 et de 39/45. Si cette valeur fondamentale était institutionnalisée, les dictateurs ne pourrait plus faire martyriser leur peuple par leur peuple.
L'humanité doit offrir a tout homme à l'intérieur de son éducation, les moyens psychiques de refuser un ordre cruel ou génocidaire. Elle doit offrir à chacun, le droit de refuser d'obéir à un pouvoir lorsqu'il déborde le droit humain et le respect de la personne (même s'il est démocratique). Elle doit soutenir et protéger en priorité, ceux qui refusent d'entrer dans l'engrenage du sordide.
Du devoir de mémoire
L'article de loi 122 - 4 du code pénal qui stipule qu'en
matière de crime contre l'humanité le commandement est présumé toujours illégal, devrait être un des enseignements majeurs de chaque humain.
D'autre part, le devoir de mémoire, la transmission de génération en génération du souvenir des atrocités commises, la valorisation des justes sont des nécessités fondamentales pour l'humanité.
C'est a ce prix seulement que nous pouvons dire, comme le suggère le philosophe Leibniz ; le mal est nécessaire à l'économie générale du monde, en nous permettant de rajouter ; qu'il doit toujours être également le scandale à éradiquer.
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