Pouvoir, violence et télévision Exaltation du goût du pouvoir
De la toute puissance
« La télévision ouvre bien des portes, notamment celles des réfrigérateurs. » Jean-Loup Chiflet
A partir de la chute du communisme, toutes les conditions étaient réunies pour que le libéralisme entre dans une sorte de toute puissance.
Débarrassé de son plus farouche contre-pouvoir, il s'est introduit dans tous les rouages stratégiques de la société au premier rang desquels les médias. A l'aide de ces derniers, il a promu ses qualités et les a proposé comme exemple à suivre.
Le goût exagéré du pouvoir est une de ces valeurs proposées qui en réalité n'est autre qu'une pulsion typique du leadorat narcissique.
De la domination
Déclinant de cette survalorisation de la domination, les mass médias sur valorisent ceux que le marché considère comme des gagnants (les winner's, les grands patrons, les champions, les VIP). Ils les donnent à aduler au nouvelles générations, au détriment des véritables héros de l'humanité (ceux qui défendent dans l'ombre les laissés pour comptes, les maltraités de la société). L'exagération caricaturale des valeurs ultra libérales par les rappeurs, démontre d'ailleurs leur impact.
Évidemment, le goût du pouvoir est une pulsion utile pour l'évolution humaine. Les êtres humains animés par cette passion, sont nécessaires pour mettre en œuvre, motiver, piloter et gérer la progression matérielle de l'humanité.
Ce qui l'est moins en revanche, c'est de donner cette tendance comme exemple à suivre. Cette pulsion en effet, va de pair, la plupart du temps, avec un excès de narcissisme que la psychologie range du côté de la perversion (mais n'oublions pas qu'il faut de tout pour faire ce monde, y compris les qualités du narcissisme).
De la violence
Valoriser l'esprit de domination ou la compétitions féroce, augmente naturellement la proportion d'agressivité et de violence dans l'humanité (pour l'instant les médias refusent de reconnaître l'implication des valeurs qu'ils diffusent dans l'expansion de la violence).
Par ses valeurs contrefaites, le libéralisme façonne de plus en plus de prétendants au pouvoir. Plus il y a de prétendants, plus il y a de combat pour la domination. Plus il y a de combat et de compétitions et plus il y a de violence dans l'ensemble de l'humanité, CQFD.
Médias, valeurs et pulsions
La quête de pouvoir n'est pas une valeur à promouvoir.
Il s'agit d'une pulsion naturelle. Une « qualité » certes pour un nombre restreint d'entre nous, mais qui ne peut faire office de valeur universelle. Surtout dans les périodes ou l'éthique est faible, la spiritualité basse et la morale défaillante.
De l'antiquité au monothéisme.
Le goût du pouvoir, est une pulsion issue de notre nature primitive. Nous la partageons avec l'ensemble des autres primates et en avons encore besoin. Ce n'est donc pas une aberration, mais un état de fait, une logique dans la transformation d'un primate naturel en humain accompli.
Il s'agirait simplement de respecter la cohérence de l'évolution. Sa logique voudrait que nous blâmions les excès de cette pulsion au lieu de l'aduler et la donner en exemple à l'ensemble de la société.
Cette tendance était surtout valorisée dans les sociétés guerrières et polythéistes. Les dieux grecs par exemple s'intéressaient essentiellement aux guerriers téméraires. Ils négligeaient les fragiles et les opprimés de la société. Ce n'est plus le cas à partir des monothéismes. Le Dieu d'Abraham se penche sur les humbles, les hommes ordinaires, le peuple. Il est déjà démocratique et encense les qualités sensibles.
Les récompenses du pouvoir
Le goût du pouvoir n'est pas une vertu mais une servitude. L'individu ne peut faire autrement que s'y consacrer. De plus le pouvoir n'est pas visé pour lui-même mais pour les récompenses qu'il promet. Ces récompenses sont toutes liées aux plaisirs. Le plaisir est nécessaire à l'humanité et sa quête profitable à notre évolution. Mais il s'agit d'une pulsion. Elle ne permet en aucun cas d'accéder au bonheur.
Le bonheur véritable s'acquit au contraire en se libérant des pulsions et donc de la soif du pouvoir.
D'autre part, le chemin conduisant vers les dominations, n'offrent aucun point de vue sur le pourquoi véritable des choses. Arrivé au sommet, la question du sens de l'existence reste entièrement posée.
La construction instinctive
Évidemment, sous un certain d'angle, plus il y a de compétition, plus il y a d'activités et donc plus vite l'humanité se construit.
Mais il s'agit là d'une construction instinctive. Dans ce type d'énergie, une grande partie de l'activité humaine est dilapidée en lutte contre ses congénères (et bien souvent au détriment de la communauté).
Ce principe animal est loin de la véritable efficacité. Il nourrit le narcissisme de quelques minotaures. Il sacrifie une quantité énorme d'êtres humains présent (les plus sensibles) pour construire le futur. Un futur que nous pourrions sans doute déjà élaborer en causant moins de dégât. En utilisant une allure justement plus respectueuse des humains du présent.
A mon sens, le libéralisme sous sa forme excessive n'est sans doute plus adapté à la hauteur de la conscience humaine. Ses outrances limitent la fluidité de l'évolution. Elles conduisent à des crises qu'il faut ensuite réparer. Les inégalités grandissantes, les reculs démocratiques et sociaux engendre un gâchis de potentiel. Ce type d'évolution par l'injustice, le chaos, la violence et la souffrance a fait son temps.
Il n'est plus du tout cohérent avec la hauteur nouvelle et universelle de notre conscience.
Si les médias étaient démocratiques et conscients d'agir pour le bien du peuple, ils valoriseraient les concepts solidaires et symbiotiques.
Mais bon, avant l'heure ce n'est pas l'heure et il suffit sans doute de prendre son mal en patience. L'avenir se hissera naturellement vers ces fonctionnements.
Écrits de 2002
les médias et la richesse
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