Une rhétorique narcissique Le discours de la télévision, une rhétorique des médias centrée sur l'occident
La télévision est un instrument majeur de pouvoir. Elle doit demeurer une arme essentielle de la citoyenneté. Laure Adler
Entre blanc et noir, rien d'autre. Le vocabulaire médiatique à l'ère du marché est calqué sur la vision manichéenne des nouveaux maîtres du monde.
Depuis quelques décennies, la supériorité de la culture
occidentale flotte aux vents des télévisions d'influences et les valeurs des autres civilisations sont ignorées voire dégradées.
Bien souvent, le point de vue non occidental est occulté (les peuples premiers), incompris (l'hindouisme) ou discriminé
(l'islam).
Lors des reportages dans les pays pauvres, la parole autochtones
est ignorée au profit du discours du journaliste occidental. Et ces commentaires, la plupart du temps, sont
partisans et manquent de l'empathie nécessaire pour montrer la vie, la joie et la souffrance telles qu'elles sont véritablement vécues.
La publicité
participe elle aussi à ce discours occidentalocentrique. Elle dévalorise souvent les autres cultures (exit cette pub d'une marque Européenne qui laisse supposer que la grandeur de l'âme indienne est d'espérer la transformation de sa voiture en voiture occidentale).
L'orgueil des médias occidentaux
Ce nouveau chauvinisme médiatique, soutient indirectement la logique de la domination et de la violence. Au lieu de supporter la diplomatie, la conscience et
la paix, cette corporation discrédite sa profession et jette un voile d'absurdité sur le monde.
Le discours manichéen est déjà insupportable dans un combat Ã
égalité, mais quand en plus il fait de l'oppressé un oppresseur, plus aucune âme sensible ne peut comprendre.
Acceptant de servir les intentions des puissants, le langage
journalistique se militarise. Il construit des ennemis et de l'insécurité. Il se range du côté des forces répressives, minimise ou passe sous silence leurs bavures, leurs excès et leurs transgressions.
Torture, vente d'arme...
Depuis peu, le silence des médias a permis, par exemple, de faire admettre la présence d'un certain degré de torture sous franchise occidentale abolissant du coup 2000 ans de travail philosophique pour abolir cette infamie.
La faiblesse médiatique a également contribué à la dégradation progressive des relations entre la police et le monde des banlieues. Le narcissisme et l'élitisme journalistique a oublié la banlieue pendant des décennies. A cause de cette négligence, la violence et l'irrespect entre police et jeunes des quartiers est parvenue à son comble.
La normalisation du pireLa simplicité des termes employés pour qualifier certaines exactions des puissants, finissent par normaliser l'épouvantable. C'est le cas par exemple, lorsque les journalistes parlent du trafic d'armes en Afrique. Ils semblent ne pas imaginer les dégâts causés par chacune de ces armes.
S'ils en avaient conscience, ce qu'ils appellent trafic d'armes avec l'Afrique, deviendrait : Incitation et participation au meurtre de masse par personne vulnérable
interposée.
Ce type de présentation rendrait moralement responsables les constructeurs et les vendeurs d'armes occidentaux de chaque mort africain, tué par une arme issue de l'Occident. La société occidentale exige de chacun de ses citoyens le principe de responsabilité. Si une personne cause la mort d'un de ses semblables, il doit en assumer les conséquences. Et curieusement, ce principe semble faire défaut aux marchands d'armes. En ne montrant pas suffisamment les conséquences, les médias déresponsabilisent leurs auteurs et vulgarisent le crime.
Crime envers la générosité humaine
Ce qu'ils nomment détournement de fonds humanitaires, devrait s'appeler crimes contre les valeurs supérieures de l'humanité, ce type de malversation mettant en péril la générosité et la solidarité humaines, deux valeurs fondamentales de l'humanité. Ce qu'ils appellent détournement de fond public par un homme politique, devrait s'appeler atteinte à la démocratie par personne chargée de la défendre etc.
Nous avons à présent les moyens d'élever notre conscience, de l'effet à sa cause et de l'acte en amont jusqu'à son résultat. En exerçant cette pression, nous pourrons retrouver la morale et l'éthique humaine.
Il
est scandaleux en effet, de responsabiliser avec autant de zèle la population pauvre (elle occupe la plupart des places en prison) en accordant une quasi-impunité aux malfaiteurs de l'élite (par exemple
ceux qui constellent le monde d'armes, de mines et de bombes anti personnelles).
Médias, peuple et pouvoir
Un système absurde et fou
La machine a fabriquer des schizophrénie Une bonne partie des médias ne remplit plus son rôle.
Pire, la télévision bâtit un système
schizophrénique qui
soigne la souffrance tout en alimentant les causes.
- D'un côté, le marché épuise le peuple par la compétition sauvage et effrénée à laquelle il le soumet. Il développe l'insécurité
matérielle, le stress, et les pathologies qui vont avec.
- De l'autre, le média sponsorise ce néo-libéralisme féroce en passant sous silence ses grandes dérives.
- Et d'un troisième, le discours télévisuel prétend
soigner les maux que le marché inflige. Les animateurs prétendent nous faire du bien en bourrant nos esprits d'émissions abrutissantes et déconscientisantes.
- Et au final, le stress engendré par le marché et la télé, empêche l'homme d'atteindre sa conscience pour s'en libérer.
Année 2002
l'impérialisme de la télévision |