Petite histoire du deuil
du singe à l'homme actuel
La gestion de la mort
La mort ne vous concerne ni mort ni vif : vif parce que vous êtes ; mort parce que vous n'êtes plus. Montaigne
Ne sais-tu pas que la source de toutes les misères de l'homme, ce n'est pas la mort, mais la crainte de la mort ? Épictète
Selon Darwin, l'humanité est issue du monde animal.
Nous étions initialement des « primates naturels »,
nous sommes aujourd'hui des hommes constructeurs vivants dans un monde de culture et entre l'époque naturelle et l'humanité actuelle, de nombreuses choses ont changé et disons le ; évoluées. Notre relation à la mort en est un exemple.
La fausse insouciance de nos cousins
L'apparition des rites funéraires est évidemment une étape dans l'évolution de la conscience face à la mort. Mais la façon dont se comportent les autres primates devant leurs défunts, montre également une puissante prise de conscience. Prendre conscience de la mort, ne serait donc pas une spécificité humaine (ni d'ailleurs la culture qui en découle).
Un apprivoisement progressif
Nous connaissons bien peu de choses à propos de l'intimité mentale des autres primates. Nous n'avons pas encore déchiffré leur langage pour comprendre leurs sentiments. À mon sens, l'humanité établira un jour cette communication. Elle en saura alors un peu plus sur les véritables états d'âme de nos cousins par nature.
Nous partageons donc sans doute avec les autres primates, la même source métaphysique. Mais les années de cultures en ont peu à peu changé le cours. L'humanité à progressivement fait évoluer son rapport à la finitude. Elle à découvert le long de son histoire, d'étranges moyens pour apprivoiser sa mort.
De Socrate au moine Zen
Où trouver, Socrate, répliqua-t-il, un bon enchanteur contre ces frayeurs, quand toi, dit-il, tu nous abandonnes ?
— La Grèce est vaste, Cébès, répliqua-t-il, et il s’y trouve des hommes excellents ; nombreuses aussi sont les races des barbares. Il faut fouiller tous ces pays pour chercher cet enchanteur, sans épargner votre argent ni vos peines ; car il n’est rien pour quoi vous puissiez dépenser votre argent plus à propos .Platon Phedon.
Quelques grands éclaireurs par exemple, sont capables d'abréger leur existence et de façon pleinement consciente. Ils peuvent préférer la mort à l’exil pour défendre les valeurs de la cité comme ce fut le cas de Socrate. Ou s'immoler pour contester une injustice insupportable.
D'autres individus, ont passé leur vie à chercher pour nous, les voies de la délivrance. Des sages, des yogis, des moines, des anachorètes, ont travaillé sur les moyens de se libérer de la mort.
De grands spirituels appartenant à toutes les religions ont découvert et expérimenté de sublimes techniques. Des expériences dont nous n'avons pas encore extrait tout le suc.
« La marche en avant du genre humain »
Selon nous donc, la relation de l'homme à la mort progresse au sein du phénomène humain. Ce progrès à un itinéraire. il marche sur la route qui va de l'inconscience à la pleine conscience... De l'instinct affolé, jusqu'au deuil absolu et accompli. Nous tenterons sur cette portion de chapitre, d'habiller cette évolution d'une sorte de généalogie schématique et simpliste.

2001
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