évolution De l'image de la mort
du singe, Ã l'homme, Ã l'humain
De l'animal à l'homme, de l'instinct à la conscience
Selon Darwin, et nous adhérons à sa conception, notre lignage biologique côtoie celui des autres grands singes. Comme eux, nous appartenons à l'embranchement des vertébrés, des mammifères et des primates (et enfin, hominidés). Ce cousinage enjoint d'avoir envers eux le plus grand respect (et notre place dans l’écosystème nous met en demeure d'étendre ce respect à toute la création). Pour notre bien et celui de nos frères primates, nous devons nous efforcer de comprendre leur culture, leur ressenti et leur conscience et c'est ce que commence à faire l'éthologie par exemple.
Notre proximité avec la nature est une chose remarquable, mais elle ne doit pas non plus occulter les spécificités du phénomène humain pour comprendre son rôle au sein de la création.
Entre nos origines naturelles et l'humanité actuelle, nous devons admettre certaines évolutions. Une de ces évolutions concerne notre rapport à la mort. Celui-ci a subi une lente et profonde métamorphose psychique.
Entre le singe s'enfuyant au premier danger et le moine s'immolant pour contester, il y a évolution. Entre la terreur de l'animal face à la mort et Socrate acceptant son suicide, il y a évolution.
En attendant de devenir des sagesDe la réaction à l'action, un monde s'est constitué. Le phénomène humain est né. Seulement Socrate n'est pas représentatif de l'ensemble des hommes. Il présage plutôt l'humain à venir. L'homme constructeur, s'il n'est plus tout à fait instinctif devant la mort, redoute malgré tout cette finalité. Hormis quelques sages accomplis, l'humanité ressent négativement la présence de la finitude.
L'inconscient : une zone tampon
Nos nouvelles facultés cérébrales nous
ont permis de prendre conscience de la mort. Elles nous ont accordé la conscience de la mort mais pas la solution à son mystère. Cette dichotomie engendre naturellement de puissantes angoisses. Ces angoisses ruissellent de nos attachements et des mystères engendrés par la mort.
La mort en effet, n'offre aucune possibilité de logique. Nous sommes tous condamnés, finalement, à l'agnosticisme. Autrement dit, condamnés à poursuivre nos recherches. Ce simple mécanisme suffit à démontrer l'époustouflante intelligence du principe créateur.
En tout cas, l'angoisse qu'engendre cette incroyable « inconnue » nous empêche de la regarder véritablement en face. voilà pourquoi, la plus grande partie de sa présence, est prise en charge par notre inconscient, encore une des merveilleuses créations de la création
Pendant la longue élaboration de l'humanité, l'inconscient sert de tampon entre l'homme et sa conscience. Cette zone résout la mort à petit feu, si l'on peut dire. Elle nous la dissimule quand il faut. Elle nous permet de refuser d'y croire lorsque c'est nécessaire. Elle nous l'envoi, durant la vie, par quelques éclairs, histoire de nous habituer progressivement à sa présence.
La grande bienveillance de l'évolution
Sans le travail de l'inconscient, notre rapport psychique à la mort, n'aurait pu évoluer. Être pleinement conscient de notre finitude, aurait été insoutenable à des ego si consistants. Si chez l'animal la crainte de la mort est instinctive, chez l'homme conscient, c'est avant tout l'ego qui répugne de tout perdre.
C'est l’ego qui refuse de quitter son état de « sujet », qui refuse d'en finir avec ses sensations et ses plaisirs, d'abandonner les gens et les objets qu'il aime et qu'il possède. C'est l'ego encore, qui, baigné de conscience et de culture, s'angoisse face aux mystères de
« l'au-delà » et ses possibles tourments.
C'est pourquoi, il est difficile, pour l'homme du commun, de ne pas espérer un « paradis ». De ne pas croire en une résurrection ou en une réincarnation. Bref, en un prolongement de la vie terrestre. C'est pourquoi aussi, il semble impossible d'accepter lucidement l'idée d'un total anéantissement, et d'y faire face. Seul l'ascète, après de nombreux efforts pour maîtriser son esprit, ses pulsions, son ego,
peut parvenir à l'état où le sens même de cette question, perd toute raison d'être.
an 2002
l'extase et la mort
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