La mort et ses peurs
2/Quitter des êtres chers
De l'attachementC'est de ta peur que j'ai peur. William Shakespeare
Une autre des grandes peurs engendrées par l'idée de la mort, et celle de quitter définitivement des êtres chers (cette peur existe dans toutes les civilisations mais semble survoltée par les valeurs du monde industrialisé). Cet attachement est d'autant plus fort que l'idée d'au-delà est faible. Il est donc évidemment devenu plus intense avec la "mort de Dieu" (Nietzsche). Plus puissant dans un monde, nihiliste et matérialiste, ayant distendu son lien avec la spiritualité.
De l'influence et de l'importance de la religion
Pendant longtemps les religions offraient l'idée réconfortante de possibles retrouvailles après la mort. Aujourd'hui, le pragmatisme scientifique a posé une chape de doute sur cette possibilité.
Une propension au doute même si l'homme soit disant athée continue d'utiliser des phrases de réconfort du genre : « je suis sûr qu'il nous voit de là -haut », fréquemment entendu à la télévision
En se détournant du religieux, le monde occidental se retrouve du coup face à un vaste néant. Un néant impensable et insoutenable.
Athée, croyant, l'impossible certitude
Pour l'heure, il est toujours impossible de dire ce qu'il se passe après notre mort. Ni les scientifiques, ni les théologiens ne peuvent affirmer qu'il existe ou qu'il n'existe pas d'au-delà . Personne ne sait ou la mort conduit.
Conduit-elle à une résurrection, à une réincarnation, à un pur esprit, ou à un pur néant ? Malgré les apparences, le choix le plus logique n'est peut-être pas celui du matérialisme nihiliste.
Les regrets affectifs
Se libérer l'esprit. De la confession à la psychologie
Il existe encore des civilisations ayant conservé leurs traditions ancestrales. Des sociétés humaines enseignant la fatalité de la mort dès le plus jeune âge. Sur ce plan, l'Occident aurait sans doute beaucoup à apprendre de ces civilisations (et à offrir bien entendu).
De meilleurs rapports dans les échanges inter culturels, commencent à poindre. Ces échanges ne peuvent pas ne pas se développer et permettront aux générations futures (naturellement plus intelligentes), d'intégrer les apports positifs de l'hindouisme, du bouddhisme ou de l'islam. L’occident finira par accepter les contributions des grandes cultures traditionnelles, aborigènes, africaines et évidemment celles du christianisme et du judaïsme (les apports du christianisme et du judaïsme que la société marchande délaisse un peu).
Des fins sans regrets
Un autre écueil à la mort douce, peut découler des mauvaises relations qui ont pu s'établir entre humains. Être en paix avec son entourage participe sans doute d'une fin paisible. Le prêtre, le rabbin, servaient de médiateur dans ces moments charnières.
Aujourd'hui, l'intelligence émotionnelle, la psychologie et l'éducation, remplacent progressivement ces médiateurs religieux. Le développement constant de ces sciences (et espérons le, un retour de l'allier religieux dépoussiéré de ses archaïsmes), libérera nos futurs descendants de toute forme de regrets inutiles.
Les progrès de l'art de vivre libéreront l'humanité des regrets d'avoir mal vécu. Regret de n'avoir pas tout dit à telle ou telle personne quand il en était temps. Regret de n'avoir pas assez aimé nos proches, nos prochains. Ces regrets persistent car l'humanité n'a pas fini d'élaborer ses moyens affectifs.
Les qualités affectives sont déjà présentes dans la société et sont en évolution. Elles évoluent grâce au développement des sciences sociales, de l'éducation, des médias, de l'art. L'ensemble de ces talents psychologiques, conduit notre espèce vers son idéal relationnel. Vers une communication parfaite où tout sera exprimé (amour, tendresse, mots, gestes, écoute).
Regrets et remords n'auront donc plus lieu d'exister puisque tout aura été exprimé et ressenti en temps voulu. L'esprit humain est ainsi voué à devenir clair et limpide comme celui du sage et du saint. Un esprit pleinement épanoui et en totale conformité avec sa conscience.
égocentrisme et narcissisme
Dévaluer l'ego, pour accepter la mort.
De la toute-puissanceLe sentiment d'être essentiel à la vie des autres, peut également engendrer une difficulté à accepter la mort. Paradoxalement, ce sentiment est aussi un atout pour préserver et prolonger la vie. Il motive notre désir de vouloir durer pour mettre les nôtres à l'abri.
Mais il résulte bien souvent d'un excès d'égocentrisme, d'une difficulté à déléguer les responsabilités, à partager les pouvoirs. Parfois même, d'un excès de narcissisme...
Grâce à d'éminents chercheurs comme Sigmund Freud, les problèmes soulevés par ces pulsions commencent à être connus. Ces énergies primaires sont à l'origine de l'activité humaine mais également de nos plus grands maux. A cause de cela, elles sont destinées à perdre de plus en plus d'ampleur, jusqu'à disparaître tout à fait.
Nous apprendrons à établir des relations horizontales beaucoup plus harmonieuses et à gérer notre égocentrisme.
Autrement dit notre illusion d'être indispensable sera elle aussi "guérit" par la psychologie.
2001
angoisse de quitter les choses
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