La mort et ses peurs
Culpabilité et enfer
De l'enfer à la libération psychologiqueLa vocation de l'humanité n'est pas la souffrance mais la joie, elle n'est pas la culpabilité du péché, mais la liberté de la jouissance réfléchie et partagée. Robert Misrahi
C'est dur me semble t-il pour la plupart des hommes, de mourir l'esprit chargé de culpabilité ou de lourds secrets (pour le croyant comme pour l'athée). Dans la plupart des cultures, les actes contraires à l'éthique humaine peuvent être jugés dans l'au-delà . Les monothéisme les disent passibles de l'enfer et les religions asiatiques les menaces d'incessantes renaissances.
Le péché fut une notion de progrèsPendant des millénaires, le sentiment de culpabilité a été un formidable instrument d'humanisation. Il a poli l'âme de l'humanité et a soutenu notre métamorphose d'animal en humain. La peur d'être châtier post-mortem, a empêché (et empêche encore) une quantité de passage à l'acte.
En réduisant « l'acting out », l'homme a abaissé le niveau de violence et d'abus envers autrui et en élevant son niveau de conscience, la sauvagerie des châtiments infligés aux transgressants, à également régressé. La menace d'un châtiment post-mortem a donc été profitable pour l'évolution des mœurs humaines.
Le délinquant nécessaire
De l'enfer périmé.
Sans transgression pas d'humanité
Avouer pour soi-même et pour l'humanité. jmt
La délinquance est une nécessité absolue pour transformer un animal en homme (et l'humanité est l'aboutissement de la transformation d'un animal en humain). Sans délinquant l'humanité n'aurait jamais pu quitter le stade de l'animalité.
Sachant cela, l'idée d'une punition dans l'au-delà devient inadmissible. La notion de péché est basée sur une sorte de pack moral issu du religieux, du philosophe et du laïque. Elle est un mécanisme de l'esprit pour nous obliger à l'action juste et à la confession.
Même si cette notion a eu ses heures de gloire et son importance pour l'évolution du droit, de la loi, et de l'évolution est incontestable, elle a fait son temps et perd de son sens quand on comprends la nécessité fondamentale du délinquant.
Évidemment, en attendant que le droit atteigne sa perfection, le « péché » doit continuer quelque temps à accompagner le droit dans son évolution. Mais ce concept tombe peu à peu en désuétude. Il est progressivement détrôné par la loi et la psychologie.
Vers la fin de la culpabilité
L'intérêt de remplacer la culpabilisation par le droit est évident. C'est une façon de diminuer la souffrance et accéder, par déduction, à une mort sereine et douce. L'esprit déculpabilisé pourra s'en aller sans remords ni regrets. C'est tout l'enjeu de l'évolution de la psychologie et de l'amélioration de la justice.
La déculpabilisation du délinquant doit bien entendu s'accompagner d'une prise de conscience générale. Quand le rôle du transgressant sera parfaitement déchiffré, la relation de la société envers lui, devra changer. Elle passera de la conspuation au respect, de l'abandon à l'éducation, de la négativité à la positivité.
Conjointement, le délinquant devra lui aussi faire un effort de conscience. Si sa présence est nécessaire à l'évolution humaine, sa dévaluation l'est également. Il devra donc lui aussi travailler au progrès de l'homme en diminuant le plus possible ses pulsions transgressantes.
La société deviendra juste, ferme et bienveillante
A l'avenir donc, l'humanité permettra au transgressant de savoir qu'il participe, lui aussi, à la construction de l'humanité. Elle le conduira également à saisir l'erreur qu'il commet en obéissant à des pulsions transgressantes en lui offrant de meilleurs moyens pour construire l'humanité sans être obligé d'être châtier pour cela.
La culpabilité posée par la société sur les épaules du transgressant (en plus des châtiments infligés), est donc vouée à disparaître.
Le transgressant est un ouvrier de Dieu
Il est bien entendu nécessaire pour l'évolution humaine, de considérer que le transgressant est responsable de ses actes. Celui-ci est pourtant mû par une force supérieure à sa raison. Il est motivé par un besoin qui déborde sa conscience.
À l'observation, le délinquant étant fondamental à l'évolution de l'humanité, sa relation à Dieu devient très simple. Il peut être considéré comme un « instrument » qu'utilise le principe créateur pour réaliser sa création. Il est alors naturel de penser que Dieu aime le transgressant comme les autres créatures. Le « transgressant » devient en somme, le fils « négatif » de Dieu. Un acteur « négatif », créé avec l'acteur « positif » pour animer l'humanité de leurs luttes incessantes. Tout deux sont donc dédiés à la construction progressive de « l'humain accompli » devenu alors parfaitement positif.
Il n'y aurait pas d'enfer
En conséquence de quoi, même si l'on transgresse (et en tant qu'homme constructeur, nous sommes tous des transgressants à différentes échelles),
nous ne risquons pas d'être jugé dans l'au-delà . La transgression étant un impératif de notre évolution, elle ne mérite pas une double peine.
la présence de toutes les formes de délinquances au sein de l'humanité est donc parfaitement explicable pendant le passage de l'animal à l'homme, mais Dieu nous enjoint de limiter progressivement et le plus possible cette présence.
La souffrance physique et psychique qu'engendre la transgression (la culpabilité, l'enfermement) est une indication. Le fait que l'homme déteste la souffrance et recherche au contraire le bonheur et le plaisir, en est une autre (comme l'ont très justement remarqué les grands philosophes de l'Antiquité).
Le péché a bien rempli son rôle
L'utilité de la crainte de l'enfer a fait son temps et a rempli son rôle. Nous pouvons aujourd'hui, libérer dieu d'un travail restant à la charge de l'homme. Si l'homme n'est pas jugé dans l'au-delà , il doit l'être dans l'en deçà , autrement dit dans le monde,
le jugement laïque
et la condamnation de l'homme par l'homme, sont donc indispensables.
Indispensables, non seulement pour évoluer vers toujours plus d'humanité mais également pour nous libérer de la peur d'être jugé dans l'au-delà .
Une seule sentence est à craindreL'homme doit être jugé et condamné sur terre pour ses actes anti humains. Sa peine accomplie, il n'a plus à redouter de sentence supplémentaire divine.
Une société bienveillante mettrait donc tout en œuvre pour faire régresser les motifs de la délinquance. Elle combattrait l'injustice sociale, la paupérisation, l'exclusion, les carences éducatives et les valeurs proposées par le marché. Une humanité réellement humaine, ne laisserait aucune transgression sans jugement, sans punition ni explication. Elle éviterait ainsi au transgressant, de porter le poids de cette impunité au moment de sa mort. Une société réellement bienveillante, veillerait également à offrir aux délinquants une punition éducative.
Si comme nous l'avons conclus dans les précédents chapitres, l'évolution conduit l'humanité vers un monde sans transgression, nos descendants ne connaîtront plus l'angoisse du jugement.
2001
l'angoisse du passage
|