Maurice Blondel
Extrait de "l'Action"
On veut le bonheur
On n'échappe pas à ce qu'on veut, même quand il semble qu'on ne le veuille pas. Tout le mystère de la vie vient de ce désaccord superficiel entre les désirs apparents et la sincère aspiration du vouloir primitif...
Il y a, dans le premier fond de la volonté humaine, une ébauche d'être, qui ne peut plus cessé d'être, mais qui, privé de son achèvement, vaut moins que s'il n'était pas. Et, pour que cette ébauche s'achève il faut qu'elle reçoive la perfection d'une main plus qu'humaine. L'homme ne peut gagner son être qu'en le reniant, en quelque façon, pour le rapporter à son principe et à sa fin véritable.
Renoncer à ce qu'il a de propre et anéantir ce néant qu'il est, c'est recevoir cette vie pleine à laquelle il aspire, mais dont il n'a pas la source en soi.
Pour s'atteindre et se sauver, il faut qu'il se dépasse... Vouloir tout ce que nous voulons, dans l'entière sincérité du coeur, c'est placer l'être et l'action de Dieu en nous. Il en coûte sans doute parce que nous ne sentons pas comment cette volonté est excellemment la nôtre. Mais il faut donner le tout pour le tout ; la vie à un prix divin ; et malgré ses faiblesses orgueilleuses ou sensuelles, l'humanité est assez généreuse pour appartenir d'avantage à qui exigera plus d'elle.
L'action, édition de 1893 page 491
extrait de Manuel de Philosophie, Métaphysique, Jeanne Parain-Vial 1956
mis en ligne le 10/04/2017
Maimonide
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