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Philosophie

selon Jacques Matter

l'école d'atheneextrait du dictionnaire de la conversation 1878 (suite et fin)

[...] Ces progrès et les doctrines qu'ils amènent, c'est l'histoire de la philosophie qui les explique en détail et qui les juge avec impartialité. Socrate a appris à la Grèce mieux qu'un système : il lui apprit une méthode, cette étude de l'intelligence qui légitime l'observation et l'induction, qui conduit à la science par le doute et à l'ignorance par la réflexion. L'innovation était grande, elle fut féconde. La Grèce eut bientôt les plus illustres écoles ; mais le plus célèbre des disciples de Socrate eut encore plus de plaisir à rentrer dans les voies anciennes qu'à marcher dans les nouvelles, à franchir qu'à cultiver le domaine que le maître avait marqué.

Platon aimait à retrouver partout l'antique alliance de la poésie, de la religion et de la philosophie ; il n'y croyait plus, mais il voulut que tout le monde y crût encore. Il fallait l'ascendant de son principal élève pour amener définitivement et maintenir la philosophie dans la voie nouvelle. On y rentra, et ont parcourut rapidement la carrière, passant de l'idéalisme de Platon aux sensualisme d'Aristote, et du probabilité d'un de la seconde académie au scepticisme de la troisième.

La se termina la course de la philosophie grecque. Enésidème et Sexte l'empirique ne firent que résumer le scepticisme, Plotin et Proclus qu'essayer, sur les traces de Platon, de Pythagore et d’Orphée, le retour à cette condition primitive du génie grec ou la philosophie, la religion et la poésie, étroitement unis, formaient un seul ensemble. Le mysticisme veut toujours le point de départ de l'humanité : à ses yeux, histoire de l'homme n'est que celle de sa chute et son retour au sein de dieu. Le mysticisme se relevait puissant au milieu de toutes ces âmes fatiguées par le doute, et les ranimait de son souffle vaporeux, si l'humanité ne trouvait que lui.

Mais une autre doctrine, descendue de plus haut, une religion, une poésie et une philosophie nouvelle, plus pure, plus élevé, plus positive, inspirant plus d'enthousiasme, et engendrant une plus belle vie, une vie éclatante à la fois d'héroïsme et de résignation, était déjà venu remplacer la loi sacerdotale de Moïse, la théologie d'Orphée, la philosophie de Socrate, de Platon et d'Aristote. L'esprit humain laissa la Plotin et Proclus, pour s'attacher à saint Paul et à saint Augustin. Pendant tout le moyen âge, dévoués à ses maîtres, le monde chrétien se contenta d'abrégés ou de traductions d'Aristote, empruntés aux arabes (voyez France histoire de la philosophie) lorsqu'au 15e siècle on revint à Aristote le lui-même, et qu'on y joignit Platon, le monde chrétien rentra dans les doctrines grecques, qu'il avait méprisées pendant 12 siècles, et se débattit pendant 200 ans entre le péripatétisme arabe, latin et grec, le platonisme ancien, nouveau et renouvelé, le mysticisme biblique, alchimique et philosophique, la vieille scolastique d'Albert le Grand, le nouveau rationalisme de Pomponace, et l'empirisme immoral de Machiavel.

De cette crise sortie la philosophie moderne. Dès que le mysticisme platonicienne de Marsile Ficin eut fait son temps, et que La Ramée eut fini sa polémique contre Aristote, Bacon et Descartes donnèrent à l'esprit humain les méthodes et les principes sur lequel depuis deux siècles, il fonde ses doctrines. Le réalisme et l'idéalisme n'ont cessé et ne cesse encore de préoccuper les intelligences sous une forme ou sous une autre. Le réalisme de Bacon est devenu sensualisme dans l'école de Locke et de Condillac, matérialisme dans celle de quelques philosophes du dernier siècle. L'idéalisme moderne de Descartes est devenu un sage spiritualisme dans l'école de Leibniz, un idéalisme absolu dans celle de Berkeley, un criticisme pratique dans celle de Kant.

On a tenté des fusions fondées sur l'unité ou l'identité du moi et de non-moi de la pensée et de la substance, du sujet et de l'objet. De ces tentatives, chimériques dans leurs principes, mais puissantes de déductions, les unes ont produit le panthéisme de Spinoza, les autres l'idéalisme scientifique de Fichte, d'autres encore la philosophie naturelle de Schelling et la science de l'absolu de Hegel. Plus sage que les écoles, un autre, reconnaissant dans le dualisme du moi et du non-moi un de ces faits qu'il y aurait folie à nier, et rendant justice avec l'impartialité de l'érudition aux faits et aux doctrines incontestables des deux systèmes contraires, a rejeté avec énergie les conséquences exagérées de l'un et de l'autre.

L'éclectisme a ouvert aux débats philosophiques une ère nouvelle, une ère de conciliation, de justice et de tolérance (voyez France (histoire de la philosophie). D'autres écoles, au contraire, marchant constamment sur les traces de Locke et de Condillac, condamnent avec énergie, comme autant d'aberrations, toutes les tendances spiritualistes et idéalistes, et ne voient de philosophie véritable que dans les progrès des sciences positives.

Également mécontente de l'une et de l'autre de ces directions, une seule école, conduite par des vues morales et politiques qui ont longtemps mené le monde, présente des doctrines philosophiques essentiellement dominée par la religion, essentiellement favorable à la théocratie.

Enfin, nous voyons aussi quelques représentants du mysticisme et du scepticisme, dont la lutte remonte au berceau de la philosophie moderne, comme au berceau de la philosophie grecque, et dont la nôtre est une simple copie. Cette lutte, dont Montaigne et Hume, d'un côté, Boehme et Saint Martin, de l'autre, ont été dans les derniers siècles, les organes les plus avancés, offre sans nul doute la page la plus piquantes de l'histoire philosophie de cette période.

Le scepticisme et le mysticisme sont, dans l'état normal de la société, des doctrines secondaires, qui exercent sur les nations d'autant moins d'influence que ce sont des systèmes d'élus. Mais ils ont dans d'autres temps une bien grande importance. Le scepticisme a mené le dernier siècle. Dès lors le mysticisme, conformément à la grande loi des réactions, peut mener le notre.

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Le dictionnaire de la conversation 1878

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« Brusquement ma vie s’arrêta… Je n’avais plus de désirs. Je savais qu’il n’y avait rien à désirer. La vérité est que la vie était absurde. J’étais arrivé à l’abîme et je voyais que, devant moi, il n’y avait rien que la mort

Tolstoi