France English Português Contactez nous

facebook petite icone bleue
twitter petite icone
flux rss, icone
mecaniqueuniverselle.net : aller à la page d'accueil
  • philosophie-2

Léon Chestov .. Le bien

chez Tolstoï et Nietzsche

L'art et le Bolchevique

Tolstoï à la suite de Pissarev, Dobrolioukov, parlant de la place de l’art dans la société, de son inutilité s'il ne sert à combler le peuple, à l’éduquer, à lutter contre la misère, influença peut être et dans le mauvais sens, les révolutionnaires russes.

Ces derniers auraient mieux fait d’écouter Léon Chestov, lire ce livre clairvoyant et peut être que le communisme aurait alors eu une autre pratique et une autre fin.

En obligeant l’art russe à devenir social, utilitaire, le bolchevisme le coupait de l'histoire de l’art, il le sortait d’une évolution qui continuerait sa progression en Occident, sans lui.

Les artistes, Chagall, Malevitch, Kandinski etc., ne pouvaient que se sentir mourir face à une telle situation. Un peintre, un écrivain, un poète se passe d’égalité, mais pas de liberté, sans elle il meurt. Les artistes Russes ont donc été contraint de fuir pour survivre. Partir en Occident, là ou la recherche se déroulait.

Plus tard, d’autres artistes allemands, Italiens, espagnols, argentins, cubains etc., reproduisirent le processus.

C'est un des problèmes parmi tant d’autres, qu’engendre les dictatures et nous allons voir pourquoi.

En dictature, ce ne sont pas les meilleurs de l’ensemble qui se hissent aux sommets pour diriger l’évolution, mais les meilleurs d'une seule corporation (les plus compétents du prolétariat pour l’URSS, et les plus obéissants des guerriers dans le cas du nazisme et du fascisme).

Ce n’est pas le cas dans les démocraties libérales et leur système de compétition. Dans ces régimes, ce sont les meilleurs de l’ensemble (élite, bourgeoisie et peuple), qui se hissent au sommet Et donc, CQFD, les meilleurs de l'ensemble de la société, de la totalité sont forcément meilleurs et plus compétent que les meilleurs d'une partie seulement.

En démocratie, les meilleurs de la bourgeoisie, les meilleurs du prolétariat, les meilleurs des guerriers, les meilleurs de l'aristocratie, se hissent en tête et mélangent leurs divers potentiels pour gouverner.

La mono-pensée des dirigeants en dictature, leur absence de culture artistique, les rendent naturellement réactionnaires, hostiles aux avant-gardes que représente naturellement l’art.

La puissante créativité des artistes, leur originalité, leur intelligence imaginative, leur intuition, leur sensibilité et leur capacité à rêver et à ressentir l’avenir, renvoie les dirigeants dictatoriaux à leur manque de culture. A quelques exceptions près, rares ont été les dirigeants soviétiques, nazis, ou fascistes, à posséder quelques notions d’art contemporains. Le plus célèbre d’entre eux, était d’ailleurs un peintre attardé dans l’histoire de l’art, qui avaient toutes les caractéristiques pour détester l'art moderne alors à la pointe de son époque.

Les dominants démocrates libéraux n'y connaissent souvent guère mieux en avant-garde, certains sont probablement aussi choqué de ses provocations, de son esprit contestataire, outrancier etc., mais ils s’y intéressent, l’acceptent et ne se permettent pas de proférer des opinions populistes ou réactionnaires, et ce pour plusieurs raisons :

  • d’une part parce que une grande partie des leaders des gouvernements en démocratie, sont issus de la bourgeoisie comme un bon nombre d’artistes d'avant-garde, et appartiennent donc de fait au même clan Ils ont les mêmes codes (les artistes entrant souvent en dissidence de leur origine sociale).
  • Et d’autre part, parce qu’ils savent que les sociétés avancées, les élites riches accorde intuitivement à l’art contemporain un respect est une valeur inestimable et bien souvent sans comprendre la charge symbolique qu’il y a à valoriser à ce point des créations qui ne sont ni utilitaires, ni fonctionnelles et dont il faut parfois même bien longtemps, pour pouvoir les juger esthétique.

Tolstoï a raison dans le principe en disant - l'art coûte un argent immense, que le peuple ne jouit pas des biens qu’apporte l’art, qu'on pourrait employer les forces de l'argent qui vont vers l’art à l'instruction publique, que l'art ne fait que fournir une « jouissance esthétique » aux riches, qui déjà sans cela sont bien chauffé et bien nourris, que tant qu'il existe de l’indigence, de la misère, de l'extrême pauvreté, l'art pourrait être considéré comme superflu et inutile, que les avant-gardes ne s'intéresse bien souvent pas au social, aux problèmes concrets de ce monde, qu'il semble superficiel, léger, de l’art pour l’art – mais il a tort dans le fond, en n’élevant pas son regard à la complexité des choses.

Il est bien entendu nécessaire de chercher et de trouver les moyens d'aider le peuple à s’élevé, intellectuellement, artistiquement, spirituellement et socialement, mais ce n’est pas sur l’art contemporain qu’il faut prélever ces moyens. Ce n’est pas l’art contemporain qu’il faut détourner de sa vocation pour en faire un art populaire, ce n’est surtout pas l’art d’avant-garde qu’il faut rabaisser au rang de l’utilitaire du populaire.

L’art d'avant-garde est en effet un des moyens indirects, certes, mais fondamental pour tirer la société vers le haut et en faire évoluer en même temps les dirigeants, les élites politiques et naturels, chargés de l’évolution de l’humanité.

Si les avant-gardes ne touche pas les pauvres directement, si elles sont difficilement abordables pour eux, si elles affectent essentiellement une élite qui parfois se gargarise sans les comprendre, comme le pensait Tolstoï, il n’empêche que l’art contemporain fait faire à ces élites de grands bonds de conscience. Il leur permet de comprendre qu'il existe des choses bien plus hautes, bien plus profondes et plus magiques qu’eux, et qui s'appelle l'évolution.

Comme la philosophie qui imagine régulièrement pour les hommes politiques, de nouvelles formes de progrès et de doctrines, l'art contemporain les aident à évoluer de façon subtile. C’est sans doute même, leur meilleur stimulateur de conscience. Le grand élévateur d’intelligence et de cœur de la bourgeoisie et des élites. Par ce biais, elle peut évoluer comme elle aime le faire, sans contrainte, dans l'autosatisfaction et à son gré. Et ça fonctionne.

C'est pourquoi l’élite financière récente, par exemple, a placé inconsciemment les œuvres d’un van Gogh, le plus mystique et le moins vénal de tous les artistes, au sommet de ses objets les plus précieux. Symboliquement parlant c’est éloquent.

Le communisme aurait sans doute survécu et peut-être même fusionné le meilleur de lui-même avec le meilleur du capitalisme pour le bien de l’humanité, s'il avait su laisser les artistes totalement libre, sans leur imposer ni de ligne de conduite ni de limite. S'il avait lu Chestov plutôt que Tolstoï, Pissarev ou Dobrolioubov.

Mais les chefs communismes, comme tout prétendant, vainqueur de l'ancien dominant, sont entrés dans l'arrogance et la surdité de la toute-puissance. Ils furent incapables de comprendre qu’il devait copier du capitalisme certaines choses paraissant anodines et pourtant vitales.

Bien sûr, le capitalisme lui-aussi, anxieux pour ce qu'il risquait de devenir après cette incroyable victoire prolétaire, a tout fait pour empêcher leur réussite, y compris en s’empêchant d'avertir son concurrent quand ils couraient à leur perte.

S'il fallait des artistes pour le peuple, alors il aurait fallu laisser se constituer un métier d’artistes intermédiaires de vulgarisateur comme nous en connaissons aujourd’hui en science. Une corporation d'artistes classiques, pompiers, indépendant des avant-gardes, et destinés à hisser doucement et sans à-coups, le peuple vers l'art.

Dans le même sens, il aurait également fallu que le communisme comprenne qu'il devait laisser libre le spirituel, le religieux. Il devait cohabiter avec le christianisme, et peut-être même fraterniser avec lui, dans la mesure ou, comme l'avait compris de nombreux penseurs ouverts, ces deux là étaient finalement frères.

Chestov me semble-t-il, a écrit « le bien chez Tolstoï et Nietzsche » aux alentours de 1900, donc bien avant la révolution soviétique. Son analyse est fine et montre indirectement tout ce qu'il y a à perdre dans la position radicale de Tolstoï sur l'art, et les communistes aurait été bien inspirés de faire appel à lui et a des Malevitch pour décider des lignes à adopter en ce qui concerne la création artistique.

Chestov aurait pu servir de garde-fous aux révolutionnaires intellectuels de la révolution, avertir les Lénine, les Trotsky etc., du risque qu'ils couraient à suivre les idées de Nekrassov, de Pissarev, de Tolstoï en repoussant l’art jugé par eux, non utilitaire, dans lesquelles Tolstoï rangeait Raphaël, Shakespeare, Dante etc.

Autre chose est l'art destiné au grand public, comme le cinéma, la télévision etc. Ici, quand la création s’adresse à la société et qu’elle la sollicite, à l’inverse de l’avant-garde que le public doit aller chercher, alors oui peut-être, nous pourrions demander aux créateurs d'avoir bien présent à l’esprit, le sens des responsabilités. Nous pourrions réclamer qu’ils tiennent compte des grandes valeurs humaines, du rôle du mimétisme dans l’évolution. Nous pourrions leur demander de saisir le sens de cette évolution, et l'influence de telles ou telles images ou comportements sur la société. Non pas qu'il devrait se conformer à une certaine pratique, mais qu'ils soient simplement conscient des choses comme un scientifique travaillant sur des armes bactériologiques doit intégrer une charte conduite.

Mais peut-être là aussi, la ligne de la liberté est suffisante si la société est suffisamment consciente, éduqué et moralisée. Si l’esprit critique et l’aptitude à écouter les critiques y sont assez développés.

L’écrivain social, le philosophe engagé, peut être pressé de voir se réaliser ses propres créations mentales. C’est humain, comme Tolstoï voulant remplace l'art pour l’art, en art utilitaire pour le peuple. Mais ce désir autocratique, conduit aux aberrations des dictatures et entraîne forcément celui qui le préconise, à devoir faire la dépression de sa toute-puissance lorsqu’il finit par comprendre l'énormité de ses requêtes et qu’elles ne fonctionnent pas. Que la vie, l'évolution ne nous écoute pas, que vouloir changer les hommes, la société, par la persuasion ou la brutalité comme le nazisme et le communisme ont essayé de le faire, ne fonctionne pas et finit en dépression.

Nous le savoir à présent, Dans le cas du nazisme l’exigence dura 20 ans (1925-1945) et la dépression quelques mois, car la brutalité était forte et les intentions très mauvaises. Dans le cas du communisme cela a pris plus de temps (1917-1980). La violence étant plus diffuse, et les intentions bien meilleures, sinon bonnes. Mais tous les deux ont dû faire leur dépression.

Condillac

12345678910


La mort et sa faux

On suppose qu'on aura quelque part le temps de penser à la mort et sur cette fausse assurance, on prend toute sa vie le partie de n'en point penser.

Port Royal