Introduction à l'esclavage colonial
Une logique dépassée
L'histoire humaine
Le droit de l'esclavage
vient du mépris qu'une nation conçoit pour
une autre, fondé sur la différence des coutumes. Montesquieu L'histoire de la colonisation, se juxtaposent avec celle de la civilisation humaine. Après s'être distingué génétiquement des autres groupes primates, l'espèce humaine s'est mise à coloniser progressivement tous les espaces terrestres, à conquérir tous les reliefs, tous les climats existants sur notre planète. De l'aridité désertique jusqu'aux glaces arctiques, des altitudes himalayennes aux cités lacustres, des grandes forêts amazoniennes aux vastes plaines de Sibérie ou d'Amérique, l'homme a conquis l'ensemble de son univers s'adaptant à chaque nouvelle géographie.
La poussée démocratique est sans doute pour beaucoup dans la conquête du monde par l'homme, mais le goût de l'aventure et la curiosité de l'inconnu, sans doute aussi.
Parallèlement à la colonisation des espaces vierges, l'agrandissement des sociétés humaines et l'évolution de la capacité à s'affirmer aux dépens de ses congénères dans le cerveau humain, ont conduit l'homme a imaginer, tout d'abord la rafle, la razzia d'individus étrangers pour les soumettre à l'esclavage, puis la colonisation des espaces occupés par d'autres hommes.
L'évolution humaine, encore imparfaite
Utopiquement parlant, la plupart d'entre nous auraient préférés découvrir, dans l'histoire de l'expansion humaine, des rencontres sans abus ni conflit. Apprendre que les grandes vagues de colonisations successives, ont été accomplies sous forme d'entente cordiale, d'échanges commensals, de coopération juste et de symbiose profitable à tous.
Nous aurions aimé avoir affaire à des conquistadors respectueux d'autochtones curieux et accueillants.
Nous aurions préféré voir des Las Casas à la tête des rencontres entre des européens capables d'apprécier les autres cultures et des indiens prêts à entretenir des relations paisibles, justes, réciproques et curieuses d'autrui.
à quelques rares exceptions près, ce ne fut pas le cas.
La plupart du temps, la domination, l'égocentrisme, la
violence et l'esclavage l'emportèrent sur les relations équitables
... Nous allons essayer de disséquer les forces à l'origine du désir de soumettre autrui à son autorité, du désir de le forcer à accomplir des tâches qu'il aurait sans doute réalisé volontairement s'il avait tout simplement été respecté, bien traité, aimé et estimé ?
Pourquoi la pulsion l'emporte la plupart du temps sur la conscience ? Pourquoi le désir d'écraser l'autre, l'enlève presque toujours sur la diplomatie et encore aujourd'hui ?
Esclavage et colonisation
La France abolit l'esclavage en 1794.
Bonaparte le rétablit en 1802 mais le mouvement de libération étaient en marche. La ségrégation malgré sa violence, ne pu contenir la révolte d'Haïti qui proclama son indépendance.
Il fallut pourtant attendre 1848 pour que l'esclavage fût totalement aboli par notre pays (une étude de ce constant décalage entre les lois promulguées et leur application, serait d'ailleurs intéressante à faire).
De l'esclavage à la colonisation
Vint alors la deuxième vague d'expansion coloniale française 1850 1950. Celle-ci servira de base à notre étude. Cette réflexion devrait nous permettre de comprendre pourquoi, lors des colonisations successives, les conduites ségrégationnistes l'emportent pratiquement toujours sur des idées philanthropes,
généreuses et égalitaristes ayant la plupart du temps servi de moteurs à cette colonisation.
Lutter contre l'esclavage, fit d'ailleurs partie des arguments utilisés par la France pour conquérir l'Afrique.
Si les îles avaient cessé d'importer des noirs, la traite n'était pas près de disparaître de l'Afrique […] bien des marchés d'esclaves […]
Demeuraient florissant. Or, l'Europe ne pouvait se résigner à tolérer, selon le mot de Livingstone « cette plaît saignante de l'humanité ». Elle va lancer des explorations pour en déterminer l'étendue, armer des expéditions pour faire la chasse aux négriers, et des colonies naîtront sous le couvert de cette grande besogne charitable.
George Hardy, la politique coloniale et le partage de la Terre au 19e et 20e siècle. Ainsi nous nous demanderons :
Pourquoi l'intention coloniale française du XIXe siècle, issue d'idées plutôt généreuses, s'imposa finalement comme un système ségrégationniste, insupportable à long terme pour les populations autochtones ? Pourquoi la lutte entre deux aspirations coloniales, l'une bienfaitrice et ami, l'autre discriminante et esclavagiste, à tourner à l'avantage de cette dernière ?
Pourquoi ceux qui sont partis avec l'idée d'imposer une colonisation progressiste et favorable aux natifs, ont été submergés par ceux qui : invoquaient le droit pour les puissances civilisées de se substituer aux « races incompétentes » dans l'exploitation des richesses terrestres ?
Ces questions nous conduiront à des interrogations plus universelles et trans-historiques encore :
Pourquoi les états d'esprit aspirant au partage et à l'échange, sont bien souvent dominés par les états d'esprit prédateurs et ségrégationnistes ? Pourquoi les psychismes désirant soigner, éduquer, partager, se retrouvent la plupart du temps submergés par ceux cherchant à corrompre, à soumettre à détruire autrui pour s'installer ?
Pourquoi des êtres humains font preuve de compassion, d'affection pour les populations indigènes et d'autres, ne montrent que mépris, arrogance, et discrimination ?
Ces questions révéleront une évidence : L'ambiance générale des colonisations semblent se jouer sur la victoire entre ces 2 forces antagonistes :
- d'un côté les forces réactionnaires d'oppression, le narcissisme.
- et de l'autre les forces progressistes, égalitaristes et philanthropes... (le peuple étant naturellement obligé de se ranger derrière la force victorieuse et d'en adopter les grands traits de caractère par exemple l'accession au pouvoir d'un Hitler ou d'un Mussolini, a engendré un climat de guerre dans l'esprit du peuple. Celle de De Gaule au contraire un climat de paix).
De la même façon, la
victoire des réactionnaires sur les progressistes, a marqué le ton de la colonisation. Ce mécanisme "d'atmosphère globale imposée par les dominants", ne s'arrête pas au problème de la colonisation. Cette lutte entre ces deux types de caractères, se retrouve dans toutes les grandes aventures
humaines, dans tous les grands systèmes; qu'ils soient religieux ou laïcs.
Autrement dit, notre réflexion cherchera avant tout à déterminer ce qui permet aux forces réactionnaires d'oppression de vaincre les progressistes, pour imposer leur état d'esprit à un système tout entier, comme ce fut le cas de la colonisation.
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