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De la guerre

Le monde tel qu'il est

warSi l'humanité nous avait gratifié d'une année seulement sans guerre, d'un mois même, ou d'un jour seulement de paix sur l'ensemble de la planète, nous pourrions penser la guerre comme une erreur de la nature humaine, comme une monstruosité sans logique, une aberration impensable. Seulement, par sa constance et sa continuité, sa permanence et son implicité, nous sommes contraint de la penser comme une composante de notre nature, tout au moins en ce concerne la plus grande partie de notre passé et sans doute un long temps encore de notre avenir.

Quand nous avons la "chance" (mais une chance relative et parcellaire) d'être né dans la petite partie occidentale épargne par les conflits armés, au sens traditionnel du terme, sur son sol depuis plus de 50 ans, la guerre authentique semble une aberration. Elle heurte notre bon sens, notre logique et le sentiment du degré d'évolution que nous avons atteint.

Sa présence conceptuelle, constelle bien sur toute notre scolarité et une grande partie de nos actualités, mais loin des conflits, loin des chaos que ces déchaînements provoquent, le monde épargné, regarde ça comme une curiosité.

Seulement la guerre est là, physique, détruisante, stupéfiante pour tout ceux qui la subisse et elle crible tour à tour, tous les espaces humains comme des bosons de ygse sur une plaque de métal.

L’Europe l'a connu et dernièrement encore, l'Asie avant elle, l'Afrique, l'Amérique, et aujourd'hui c'est principalement sur l'Orient qu'elle jette ses traits les plus violents et ses destructions apocalyptiques. Et même si la guerre ne dure pas, si elle est un état différent de l'état de paix, comme l'écrit G Bouthoul, et donc qu'elle ne dure pas perpétuellement, de façon ininterrompu en chaque point précis ou elle s'accroche, elle est permanente et perpétuelle lorsqu'on observe l'humanité dans sa totalité.

Le négatif et le positif

Il est difficile de réfléchir sur la guerre sans adopté un point de vue noir et blanc, sans en rester aux lieux communs selon lesquels la guerre est un mal et la paix un bien. "La philosophie est désemparée devant le phénomène de la guerre écrit J Freund, dans l'encyclopédie philosophique universelle, toutes les solutions qu'elle à proposée demeurent antinomiques, jusque dans les œuvres d'un même auteur, qu'il se réclame de la métaphysique ou de la science, de l'histoire ou de la théologie. Les philosophes s'accordent avec tout le monde pour réprouver la guerre, mais leur interrogations les conduisent à la justifier directement ou indirectement, comme si elle échappait à l'épistémologie" peut-etre alors faut-il alors bien séparer les deux positions du philosophe, l'homme sensible, politique, philanthrope, humain, et le chercheur froid, englobant, épokhéen. Dire de la guerre qu'elle est (encore) une fatalité et qu'elle engendre aussi des conséquences positives, ne revient pas à la justifier, à la valoriser, à la préférer à la paix, mais simplement à en comprendre l'aspect fatal puisque nous ne parvenons pas "encore" à l'éradiquer, malgré le bon vouloir de la majorité humaine, malgré la bienveillance de la majorité humaine, malgré sa détestation par la majorité humaine et malgré le refus d'y participer que montre de tout temps la majorité humaine.

guerre

Stephen Crane

La guerre est aimable

1

Ne pleure pas jeune fille, la guerre est aimable.

Même si ton bien-aimé a tendu ses bras affolés vers le ciel

Et que son coursier terrifié s’est enfui,

Ne pleure pas.

La guerre est aimable.

   

     Tambours rauques et tonnants de la guerre,

     Petites âmes assoiffées de batailles ;

     Ces hommes étaient nés pour les manoeuvres et pour la mort

     La mystérieuse gloire plane au-dessus de leur tête

     Grand, grand est le dieu des batailles, et son royaume,

     Un champ où git un millier de cadavres.

 

Ne pleure pas enfant ; la guerre est aimable.

Même si ton père est tombé dans la boue des tranchées

Pour y mourir, gorge serrée,  serrant rageusement sa poitrine

Ne pleure pas.

La guerre est aimable.

 

     Drapeaux lumineux et claquant de la guerre

     Aigle auréolé de rouge et d’or ;

     Ces hommes étaient nés pour les manoeuvres et pour la mort

     Vante-leur la vertu du carnage

     Explique-leur la splendeur du massacre

     Et d’un champ où git un millier de cadavres.

 

Mère dont le cœur pend comme un humble bouton

Sur le beau linceul éclatant de ton fils,

Ne pleure pas.

La guerre est aimable.

 

2

« Que dit la mer, petit coquillage ?

Que dit la mer ?

Notre frère est depuis longtemps silencieux

Gardant son message pour les navires

Les navires lourds, les ridicules navires »

 

« La mer vous ordonne de vous lamenter, oh, pins

Chantez tout bas au clair de lune.

Il vous envoie un conte du pays de la mort

D’un lieu où, sans fin, tombe

Une pluie de larmes de femmes

Et où des hommes en robes grises

- Des hommes en robes grises –

Psalmodient la souffrance ignorée. »

 

« Que dit la mer, petit coquillage ?

Que dit la mer ?

Notre frère est depuis longtemps silencieux

Gardant son message pour les navires

Les navires chétifs, les stupides navires. »

 

« La mer vous ordonne d’enseigner, oh, pins

Chantez tout bas au clair de lune.

Enseignez l’or de la patience

Annoncez l’évangile des douces mains

Proclamez la fraternité des coeurs

La mer vous ordonne d’enseigner, oh, pins. »

 

« Et où est la récompense petit coquillage ?

Que dit la mer ?

Notre frère est depuis longtemps silencieux

Gardant son message pour les navires

Les navires chétifs, les stupides navires. »

« La mer se tait, oh, pins

La mer se tait.

Notre frère restera longtemps silencieux

Gardant son message pour les navires

Oh, pins chétifs, pins stupides. »

 

3

Pour la jeune fille

La mer était une prairie bleue

Grouillant de petits êtres d’écume,

Chantant.

 

Pour le marin naufragé

La mer était faite de murs gris et ternes,

- Un vide sans fond –

Sur lesquels, à l’heure du destin

Etait néanmoins inscrite

La haine lugubre de la nature.

………

 

Traduit de l’anglais par Paule Noyart,

In,  Stephen Crane : «  les Cavaliers noirs et autres poèmes »

Editions de La Différence (Orphée), 1993

 

 

War is kind

 

1

Do not weep, maiden, for war is kind.

Because your lover threw wild hands towards the sky

And the affrighted steed ran on alone

Do not weep,

War is kind.

 

     Hoarse, booming drums of the regiment

     Little souls who thirst for fight,

    These men were born to drill and die

    The unexplained glory flies above them

    Great is the battle-god, great, and this kingdom –

   A field where a thousand corpses lie.

 

Do not weep, babe, for war is kind.

Because your father tumbled in the yellow trenches,

Raged ad his breast, gulped and died,

Do not weep,

War is kind.

 

     Swift, blazing flag of the regiment

     Eagle with crest of red and gold,

     These men were born to drill an die

     Point for them the virtue of slaughter

     Make plain to them the excellence of killing

     And a field where a thousand corpses lie.

 

Mother whose heart hung humble as a button

On the bright splendid shroud of your son,

Do not weep,

War is kind.

 

2

“What says the sea, little shell?

“What says the sea?

“Long has our brother been silent to us

“Kept his message for the ship.

“Awkward ships, stupid ships.”

 

“The sea bids you mourn, oh, pines

“Sing low in the moonlight.

“He sends tale of the land of doom

“Of place where endless falls

“A rain of women’s tears

“And men in grey robes

“- Men in grey robes –

“Chant the unknow pain.”

 

“What says the sea, little shell?

“What says the sea?

“Long has our brother been silent to us

“Kept his message for the ships

“Puny ships, silly ships.”

 

“The sea bids you teach, oh, pines

“Sing low in the moonlight.

“Teach the gold of patience

“Cry gospel of gentle hands

“Cry a brotherhood of hearts

“The sea bids you teach, oh, pines”

 

“And where is the reward, little shell?

“What says the sea?

“Long has our brother been silent to us

“Kept his message for the ships

“Puny ships, silly ships.”

“No word says the sea, oh, pines

“No word says the sea.

“Long will your brother be silent to you

“Kept his message for the ships

“Oh, puny pines, silly pines.”

 

3

To the maiden

The sea was blue meadow

Alive with little froth-people

Singing

 

To the sailor, wrecked,

The sea was dead grey walls

Superlative in vacancy

Upon which nevertheless at fatetul time,

Was written

The grim hatred of nature

 

War is kind, 1899


 




Bonne lecture



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