La pierre philosophale
Le XIXe regarde l'alchimie
Philosophale (Pierre)
Les alchimistes, qui se prétendaient les philosophes par excellence, donnaient ce nom à la transmutation des métaux. Recherchant avec un progrès continuel d'enthousiasme et de déraison la panacée universelle, ils attachèrent leur extravagant espoir aux préparations de la matière la plus parfaite à leurs yeux : c'est alors qu'ils commencèrent à tourmenté l'or d'une myriade de manières pour en faire sortir l'Alkaest, le type de la puissance créatrice ; ils en voulaient connaître la nature première, la composition intime et originel, pour en extraire l'élixir de l'immortalité.
Cependant, quelques-uns de ces fanatiques d'un culte imaginaire, mais à qui il restait assez de bon sens du moins pour reconnaitre la vanité de leurs longs efforts, fatigués enfin de tant d'essais si multipliés et toujours infructueux pour découvrir cet arcade universel, divin, qui les eùt en quelque sorte égalé au créateur, avouèrent que l'or pur est le type de la perfection et de l'indestructibilité. Pour un temps du moins, ils cessèrent de lui demander la panacée universelle ; ils reconnurent qu'il résistait à tous les procédés de décomposition, et qu'il sortirait peut-être toujours victorieux de toutes les épreuves. Mais ramenés à ces idées plus saines, il n'était pas dans la nature de ces hommes, si longtemps nourri de chimères, de se convaincre de l'immutabilité des autres métaux ; il ne voulurent voir dans la nature qu'une seule substance achevée parfaite, ou dépouillée de toute souillure : cette substance était l'or. Toutes les autres substances métalliques alors connu devaient recéler de l'or; mais dans elles ce roi des métaux, comme ils l'appelaient, par un abus de leurs ridicules et emphatique jargon, l'or pur restait caché, enveloppé dans des ingrédients divers, qui en masquaient les propriétés essentielles ; souillures dont le grand art des adeptes consisterait dorénavant à le débarrasser.
Les alchimistes, infatués de cette étrange préconception, commencèrent donc à l'envie de soumettre à toutes les épreuves imaginables les autres métaux : les uns voulaient procéder par voie d'élimination, tandis qu'une autre classe d'illuminés, également fanatiques et dans le culte de l'alchimie, modifiaient l'extravagance de leurs émules par une extravagance plus grande encore. Pour ceux -ci, en admettant, comme les premiers, que l'or est l'unique substance achevée dans la nature, il ne s'agissait plus que de donner aux autres métaux ce qui leur manquait encore, pour atteindre au type de la perfection ; leur art chimérique leur promettait ainsi par ces procédés de hâter le travail de la nature, pour amener ce qu'ils appelaient ridiculement le métal imparfait au summum de la métallisation, pour le mûrir, l'achever, le parfaire, en faire disparaître toute âcreté , à l'aide d'une incubation perfectionnée.
Toutes les sectes de alchimistes, toutes, à l'envi les unes des autres, et avec une ardeur d'enthousiasme, une persévérance dans le traitement jusqu'alors sans exemple, et que peut seule expliquer la soif des richesses, et encore plus l'ambition d'attacher son nom à une espèce de miracles, se mirent à l'oeuvre. Il ne réussirent qu'à créer un langage hiéroglyphique, aussi absurdes dans ses termes qu'ambitieux et hyperbolique. ils poursuivaient le grandes oeuvres, plus généralement caractérisé par le nom de pierre philosophale, aujourd'hui tombé dans le domaine du ridicule, quant elle n'est pas l'expression de l'imposture et du charlatanisme.
Tous les métaux alors connus, à commencé par l'argent, le plus rapproché de l'or par beaucoup de propriété qui leur sont communes, et, d'après les idées respectives des diverses classes d'alchimistes, offrant la substance qui, pour atteindre à la royauté métallique, avait le moins besoin d'épuration ou de sur-composition ; tous les métaux, jusqu'à ceux qui se trouvent placé au plus bas degré de l'échelle des métaux alors mal à propos appelés imparfaits, furent soumis à des traitements bizarres, fatigant et d'une fastidieuse lenteur. Les instruments même employé dans ces expériences laborieuses participèrent à la singularité des idées qui les avaient fait imaginer ; et comme s'il n'avait pas suffi d'être absurde dans les conceptions, on appela à l'aide de la science occulte des pratiques Infectes et dégoûtantes dont la seule mention ferai soulever le coeur. Mais le feu surtout, porté jusqu'aux températures les plus élevés qu'il soit possible de produire dans nos fourneaux, fut l'agent à l'opération duquel les alchimistes demandèrent avec plus de confiance la production de l'alkaest transmutatoire; ils en firent un emploi presque continuel, principalement dans le traitement de l'argent, pour le mûrir et lui donner la dernière teinture de la perfection aurifique.
On ne peut se défendre d'un sentiment d'admiration pour les vues de l'intelligence supérieure, qui permet souvent que les hommes suivent opiniâtrement le sentier de l'erreur, lequel, à leur propre étonnement, les conduit à quelque vérité utile. En effet presque tout ce que nous savons aujourd'hui sur l'or, presque tout ce que nous connaissons des propriétés essentielles d'un grand nombre d'autres métaux utiles dans les arts et la médecine, est dû aux travaux prodigieux auxquels se sont livrés les alchimistes, les chercheurs de la Pierre philosophale.
Pelouze père.
Le dictionnaire de la conversation 1878
On peut lire dans l'histoire de la chimie de M. Ferdinand Hoefer et dans l'alchimie et les alchimistes de M.L Figuier la description, généralement amphigourique où figurée que donne de la pierre philosophale les différents adeptes. Van Helmont dit qu'elle avait la couleur du safran en poudre, et qu'elle était lourde et brillante comme du verre en morceaux. Paracelse la présentait comme un corps solide, d'une couleur de rubis foncé, transparent, flexible est cependant cassant comme du verre. Bérigard de Pise lui attribue la couleur du pavot sauvages et l'oder du sel marin calciné. Raymond Lulle la désigne sous le nom de carbunculus, mots que l'on peut traduire par petits charbons ou par escarboucle. Helvétius lui donne la couleur du soufre. Plus souvent elle est décrite comme une poudre rouge. Kalid, auteur du traité des trois paroles, dit que cette pierre réunit en elle toutes les couleurs, et quelle est blanche, rouge, jaune, bleue de ciel, verte.
Il y avait aussi la petite pierre philosophale, qui changeait les métaux en argent ; mais elle était moins considérée. La grande pierre philosophale était l'objet de toutes les recherches des adeptes du grand art.
Au figuré, il faut qu'il ait trouvé la pierre philosophale, se dit d'un homme qui fait une dépense fort au dessus du revenu qu'il paraît avoir. C'est la pierre philosophale désigne une chose impossible à trouver. Il ne trouvera pas, il n'a pas trouvé la pierre philosophale, s'applique à un homme dont l'esprit est très borné.
Dictionnaire de la conversation
la cabale
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