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  • textes philo

Pline le Jeune, lettre à Caninius

Le dauphin et l'enfant

Arion, Le cheval immortel de la mythologie grecque doué de paroleJ'ai découvert un sujet de poème.

C'est une histoire, mais qui a tout l'air D'une fable. Il mérite d'être traité par un homme comme vous, qui ait l'esprit agréable, élevé, poétique. J'en ai fait la découverte à table, où chacun contait à l'envie son prodige.

L'auteur passe pour très fidèle, quoi qu'à dire vrai, qu'importe la fidélité à un poète ? Cependant c'est un auteur tel que vous ne refuseriez pas de lui ajouter foi, si vous écriviez l'histoire.

Près de la colonie d'Hippone, qui se trouve en Afrique sur le bord de la mer, on voit un étang navigable d'où sort un canal qui, comme un fleuve, entre dans la mer ou retourne à l'étang même, selon que le flux l'entraîne ou que le reflux le repousse.

La pêche, la navigation, le bain y sont des plaisirs de tous les âges, surtout des enfants que leur inclination porte au divertissement et à l'oisiveté. Entre eux, ils mettent l'honneur et le mérite à quitter de plus loin le rivage ; et celui qui s'en éloigne le plus et qui devance tous les autres, en est le vainqueur...

Dans cette sorte de combat, un enfant plus hardi que ses compagnons s'étant fort éloigné, un dauphin se présente et tantôt le précède, tantôt le suit, tantôt tourne autour de lui. En{in, il charge l'enfant sur son Dos, puis le remet à l'eau ; une autre fois, il le reprend et l'emporte tout tremblant, d'abord en pleine mer, mais peu après il revient à terre et le rend au rivage et à ses compagnons.

Le bruit s'en répand dans sa colonie. Chacun y court, chacun regarde cet enfant comme une merveille.

On ne peut se lasser de l'interroger, de l'entendre, de raconter ce qui s'est passé. Le lendemain, tout le peuple court au rivage. Ils ont tous les yeux fixés sur la mer ou sur ce qu'ils prennent pour elle. Les enfants se mettent à nager, et, parmi eux, celui dont je vous parle, mais avec plus de retenue. Le dauphin revient à la même heure et s'adresse au même enfant. Celui-ci prend la fuite avec les autres.

Le dauphin, comme s'il voulait le rappeler et l'inviter, saute, plonge et fait cent tours différents. Le lendemain, le surlendemain et plusieurs autres jours de suite, même chose arrive, jusqu'à ce que ces gens nourris sur la mer, se font une honte de leur crainte.

Ils approchent le dauphin, ils l'appellent, ils jouent avec lui, ils le touchent : il se laisse faire. Cette épreuve les encourage, surtout l'enfant qui, le premier, s'y était hasardé.

Il nage auprès du dauphin et saute sur son dos. Il est porté et rapporté ; il se croit reconnu et aimé, et aime aussi ; ni l'un ni l'autre n'a peur, ni n'effraye. La confiance de celui-là augmente et, en même temps, la docilité de celui-ci. Les autres enfants mêmes l'accompagnent en nageant et l'animent par leurs cris et par leurs paroles.

Avec ce dauphin il y en avait un autre (et ceci n'est pas moins merveilleux), qui ne servait que de compagnon et de spectateur. Il ne faisait ni ne souffrait rien de semblable, mais il menait et ramenait l'autre, comme les enfants menaient et ramenaient leur camarade. Il est incroyable (et pourtant ce n’est pas moins vrai que tout ce qui vient d'être dit) que ce dauphin, qui jouait avec cet enfant et le portait, avait coutume de venir à "terre, et qu'après s'être, séché sur le sable, lorsqu'il commençait a sentir la chaleur, il se rejetait à la mer"..

Il est certain qu'octavius Avitus, lieutenant du, proconsul, poussé par une vaine superstition, choisit le moment où le dauphin était sur le rivage pour faire répandre sur lui des parfums et que la nouveauté de cette odeur le mit en fuite et le fit se sauver dans la mer. Plusieurs jours s'écoulèrent ensuite sans qu’il parût. Enfin il revint, d'abord languissant et triste ; mais peu après, ayant recouvré ses premières forces, il recommença ses jeux et ses tours ordinaires.

Tous les magistrats des alentours s'empressaient d'accourir à ce spectacle. Leur arrivée et leur séjour engageaient cette ville, qui n'est déjà pas trop riche, à de nouvelles dépenses qui achevaient de l'épuiser.

Ce concours de monde y troublait d'ailleurs et y dérangeait tout. On prit donc le parti de tuer en cachette le dauphin qu'on venait voir.

Avec quels sentiments ne pleurerez-vous point son sort ? Avec quelle expression, avec quelle figure n'enrichirez-vous point, ne relèverez-vous point cette histoire, quoiqu'il ne soit pas besoin de votre art pour l'augmenter ou l'embellir, et qu'il suffise de ne rien ôter à la vérité. Adieu.

 

IX, 33.

 

Traduction de de SACY. Collection Nisard.

 

Boutroux

Extraits de philosophes

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pline le jeune,Caius Plinius Caecilius Secundus, écrivain Romain

Il s'agit d'une lettre écrite par Pline le jeune (né à Côme dans les années 60 après Jésus-Christ), à un consul de la république romaine "Caninius", à propos de l'histoire d'un enfant et d'un dauphin