Jean-Paul Sartre (extrait)
L'existentialisme est un humanisme
Collection pensées, Nagel
Dieu est mort, n'entendons pas par là qu'il n'existe pas, ni même qu'il n'existe plus... il nous parlait et il se tait... Jean-Paul Sartre
Je voudrais ici défendre l'existentialisme contre un certain nombre de reproches qu'on lui a adressé.
On lui a d'abord reproché d'inviter les gens à demeurer dans un quiétisme du désespoir, parce que toutes les solutions étant fermées, il faudrait considérer que l'action dans ce monde est totalement impossible et d'aboutir finalement à une philosophie contemplative, ce qui d'ailleurs, car la contemplation est un luxe, nous ramène à une philosophie bourgeoise.
[…] La plupart des gens qui utilisent ce mot seraient bien embarrassés pour le justifier, puisqu'aujourd'hui, que c'est devenu une mode, on déclare volontiers qu'un musicien ou qu'un peintre est existentialiste. […] Ce qui rend les choses compliquées, c'est qu'il y a deux espèces d'existentialistes : les premiers, qui sont chrétiens, et parmi lesquels je rangerais Jaspers et Gabriel Marcel, de confession catholique ; et d'autre part, les existentialistes athées parmi lesquels il faut ranger Heidegger, et aussi les existentialistes français et moi-même.
Ce qu'ils ont en commun, c'est simplement le fait qu'ils estiment que l'existence précède l'essence, ou, si vous voulez, qu'il faut partir de la subjectivité.
Que faut-il au juste entendre par là ? Lorsqu'on considère un objet fabriqué, comme par exemple un livre ou un coupe-papier, cet objet a été fabriqué par un artisan qui s'est inspiré d'un concept ; il s'est référé au concept de coupe-papier, également à une technique de production préalable qui fait partie du concept, et qui est au fond une recette. Ainsi, le coupe-papier est à la fois un objet qui se produit d'une certaine manière et qui, d'autre part, à une utilité définie, et on ne peut pas supposer un homme qui produirait un coupe-papier sans savoir à quoi l'objet va servir. Nous dirons donc que, pour le coupe-papier, l'essence - c'est-à -dire l'ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire et de le définir - précède l'existence ; et ainsi la présence, en face de moi, de tels coupe-papier ou de tel livre est déterminé. Nous avons donc là une vision technique du monde, dans laquelle on peut dire que la production précède l'existence. Lorsque nous concevons un dieu créateur, ce dieu est assimilé la plupart du temps un artisan supérieur ; et quelle que soit la doctrine que nous considérions, qu'il s'agisse d'une doctrine comme celles de Descartes ou de la doctrine de Leibniz, nous admettons toujours que la volonté suit plus ou moins l'entendement, ou tout au moins l'accompagne, et que Dieu, lorsqu'il créait, sait précisément ce qu'il crée. […]
L'existence athée, que je représente, est plus cohérent. Il déclara que si Dieu n'existe pas, il y a au moins un être chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c'est l'homme ou, comme le dit Heidegger, la réalité humaine.
Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ?
Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontrent, surgi dans le monde, et qu'il se définit après.
Sartre, mauvaise foi
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