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  • textes philo

Martin Heidegger, Sein und Zeit

Être et temps. Traduit par Emmanuel Martineau.

martin heidegger, Philosophe allemand du XX siècle, À EDMUND HUSSERL
en témoignage de vénération et d'amitié

Note liminaire 1

L'essai Être et Temps a paru pour la première fois au printemps 1927, dans le Jahrbuch
für Phänomenologie und phänomenologische Forschung d'E. Husserl, t. VIII, et, simultanément,
en volume séparé.
Le texte de la présente réimpression - constituant la 9e édition - n'a subi aucun
changement ; néanmoins, les citations et la ponctuation ont fait l'objet d'une révision. À d'infimes écarts près, la pagination du présent volume correspond à celle des éditions antérieures.
Le sous-titre « Première moitié », présent dans ces premières éditions, a été supprimé. Après un quart de siècle, il ne saurait être question d'annexer cette deuxième moitié à la première sans procéder à une refonte de celle-ci. Le chemin qu'elle suivait, néanmoins, demeure aujourd'hui encore un chemin indispensable si la question de l'être doit mettre en mouvement notre Dasein.
Pour un éclaircissement de cette question, qu'il soit permis de renvoyer à notre
Introduction à la métaphysique, parue2 chez le même éditeur, qui reproduit le texte d'un cours professé durant le semestre d'hiver 1935.

INTRODUCTION

L'EXPOSITION de LA QUESTION
DU SENS de L'ÊTRE

CHAPITRE PREMIER.

NÉCESSITÉ, STRUCTURE ET PRIMAUTÉ de LA QUESTION de L'ÊTRE.

PARAGRAPHE 1.

La nécessité d'une répétition expresse de la question de l'être.

La question est aujourd'hui tombée dans l'oubli, quand bien même notre temps
considère comme un progrès de réaffirmer la « métaphysique ». La
question soulevée n'est pourtant pas arbitraire. C'est elle qui a tenu en haleine la recherche de platon et d'Aristote, avant de s'éteindre bien entendu après eux, du moins en tant que question thématique d'une recherche effective. Ce que les deux penseurs avaient conquis s'est maintenu, au prix de diverses déviations et « surcharges », jusque dans la Logique de Hegel.
Et ce qui autrefois avait été arraché aux phénomènes en un suprême effort de la pensée, les résultats fragmentaires de ces premiers assauts sont depuis longtemps trivialisés.
Mais ce n'est pas tout. Car sur la base des premiers essais grecs en vue de
l'interprétation de l'être un dogme s'est élaboré, qui non seulement déclare superflue la question du sens de l'être, mais encore légitime expressément l'omission de la question. On dit : l'« être » est le concept le plus universel et le plus vide. En tant que tel, il répugne à toute tentative de définition. Du reste, ce concept le plus universel, donc indéfinissable, n'a même pas besoin de définition. Chacun l'utilise constamment en comprenant très bien ce qu'il entend par là. Du coup, ce qui, en son retrait, avait jeté et tenu dans l'inquiétude le philosopher antique est devenue une « évidence »* si aveuglante que quiconque persiste à s'en enquérir se voit reprocher une faute de méthode.
Au seuil de cette recherche, nous ne pouvons élucider en détail tous les préjugés qui ne cessent d'entretenir l'indifférence à l'égard d'un questionner de l'être. Ils jettent leurs racines dans l'ontologie antique elle-même. Quant à celle-ci, elle ne saurait à son tour être interprétée de manière satisfaisante - en ce qui concerne le sol où sont nés les concepts ontologiques fondamentaux ainsi que la légitimation adéquate de l'assignation des catégories et de leur énumération complète - qu'au fil conducteur de la question de l'être préalablement clarifiée et résolue. Par conséquent, nous ne discuterons ici les préjugés cités qu'autant qu'il est requis pour faire apercevoir la nécessité d'une répétition de la question du sens de l'être. Ils sont au nombre de trois :
___ L'« être » est le concept « le plus universel » omnibus, quaecumque quis apprehendit » : « Une compréhension de l'être est toujours déjà comprise dans tout ce que l'on saisit de l'étant ».
Mais l'« universalité » de l'« être » n'est pas celle du genre. L'« être » ne délimite pas la région suprême de l'étant pour autant que celui-ci est articulé conceptuellement selon le genre et l'espèce.
L'« universalité » de l'être « transcende » toute universalité générique. Selon la terminologie de l'ontologie médiévale, l'être est un transcendens. L'unité de ce transcendantalement « universel », par opposition à la multiplicité des concepts génériques réals suprêmes, a déjà été reconnue par Aristote comme unité d'analogie. Par cette découverte, Aristote, en dépit de toute sa dépendance à l'égard de la problématique ontologique de Platon, a situé le problème de l'être sur une base fondamentalement nouvelle. Bien sûr, lui non plus n'a point éclairci l'obscurité de ces relations catégoriales. L'ontologie médiévale a discuté multiplement ce problème dans les écoles thomiste et scotiste, sans parvenir à une clarté fondamentale. Et
lorsque finalement Hegel détermine l'« être » comme l'« immédiat indéterminé » et qu'il place cette détermination à la base de toutes les explications catégoriales ultérieures de sa Logique, il se maintient dans la même perspective que l'ontologie antique, à ceci près qu'il abandonne le problème, déjà posé par Aristote, de l'unité de l'être par rapport à la multiplicité des « catégories » réales. Lorsque l'on dit par conséquent, que l' « être » est le concept le plus universel, cela ne peut pas vouloir dire qu'il est le plus clair, celui qui a le moins besoin d'élucidation supplémentaire. Bien plutôt le concept d'« être » est-il le plus obscur.

2. Le concept d'« être » est indéfinissable. C'est ce que l'on concluait de son
universalité1. À bon droit - si « definitio fit per genus proximum et differentiam
specificam ». L'être ne peut en effet être conçu comme étant ; « enti non additur aliqua natura » ; l'être ne peut venir à la déterminité selon que de l'étant lui est attribué. L'être n'est ni dérivable définitionnellement de concepts supérieurs, ni exposable à l'aide de concepts inférieurs. Mais suit-il de là que l'« être » ne puisse plus poser de problème ? Nullement. Tout ce qu'il est permis d'en conclure, c'est ceci : l'« être » n'est pas quelque chose comme de l'étant. Par suite, le mode de détermination de l'étant justifié dans certaines limites - la « définition » de la logique traditionnelle, qui a elle-même ses fondations dans l'ontologie antique - n'est pas applicable à l'être. L'indéfinissabilité de l'être ne dispense point de la question de son sens, mais précisément elle l'exige.

3. L'« être » est le concept « évident ». Dans toute connaissance, dans tout énoncé, dans tout comportement par rapport à l'étant, dans tout comportement par rapport à soi-même, il est fait usage de l'« être », et l'expression est alors « sans plus » compréhensible. Chacun comprend : « le ciel est bleu », « je suis joyeux », etc. Seulement, cette intelligence moyenne ne démontre guère qu'une incompréhension. Ce qu'elle manifeste, c'est qu'il y a a priori, dans tout comportement, dans tout être par rapport à l'étant comme étant, une énigme. Que toujours déjà nous vivions dans une compréhension de l'être et qu'en même temps le sens de l'être soit enveloppé dans l'obscurité, voilà qui prouve la nécessité fondamentale de répéter la question du sens de l'« être ».
Invoquer l'« évidence » dans le domaine des concepts philosophiques ondamentaux, et même à propos du concept d'« être », est un procédé douteux, s'il est vrai que l'« évident », et lui seulement, que « les jugements secrets de la raison commune » (Kant) doivent devenir et rester le thème exprès de l'analytique (« du travail philosophique »).
Toutefois, notre énumération des préjugés a en même temps montré que ce n'est pas seulement la réponse qui manque à la question de l'être, mais encore que la question elle même est obscure et dépourvue d'orientation. Répéter la question de l'être signifie donc :
commencer par élaborer de façon satisfaisante la position de la question.

28 août 1911

ÉDITION NUMÉRIQUE HORS-COMMERCE.

MARTIN HEIDEGGER.

Être et temps.

Traduction par Emmanuel Martineau.

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Heidegger Martin, Philosophe allemand. Auteur d'Etre Temps, une ontologie