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  • textes philo

Testament de Jean Meslier

Abrégé de la Vie de l’Auteur

Jean Meslier, Philosophe et Prêtre français de l'époque des lumièresJean Meslier Curé d’Etrépigny, natif du village de Mazerni dépendant du Duché de Mazarin, était le fils d’un ouvrier en serge ; élevé à la Campagne, il a néanmoins fait ses études & est parvenu à la Prêtrise.
Étant au Séminaire où il vécut avec beaucoup de régularité, il s’attacha au système de Descartes. Ses mœurs ont paru irréprochables, faisant souvent l’aumône ; d’ailleurs très sobre, tant sur sa bouche que sur les femmes.
MM. Voiry & Delavaux, l'un Curé de Va, & l'autre Curé de Boutzicourt, étaient ses confesseurs, & les seuls qu’il fréquentait.
Il était seulement rigide partisan de la justice, & poussait quelquefois ce zèle un peu trop loin. Le Seigneur de son village nommé le Sr de Trouilly, ayant maltraité quelques Paysans, il ne voulut pas le recommander nommément au Prône : M. de Mailly Archevêque de Reims, devant qui la contestation fut portée, l'y condamna. Mais le Dimanche qui suivit cette décision, ce Curé monta en Chaire & se plaignit de la sentence du Cardinal. « Voici, dit-il, le sort ordinaire des pauvres Curés de Campagne ; les Archevêques, qui sont de grands Seigneurs, les méprisent & ne les écoutent pas. Recommandons donc le Seigneur de ce lieu. Nous prierons Dieu pour Antoine de Touilly ; qu'il le convertisse & lui fasse la grâce de ne point maltraiter le pauvre, & dépouiller l'orphelin. »
Ce Seigneur présent à cette mortifiante recommandation, en porta de nouvelles plaintes au même Archevêque, qui fit venir le Sieur Meslier à Donchery, où il le maltraita de paroles.
Il n’a guère eu depuis d’autres événements dans sa vie ni d’autre bénéfice que celui d'Etrépigny.
Les principaux de ses Livres étaient la Bible, un Moréri, un Montagne & quelques Pères ; & ce n’est que dans la lecture de la Bible & des Pères qu’il puisa ses sentiments. Il en fit trois copies de sa main, l'une desquelles fut portée au Garde des Sceaux de France, sur laquelle on a tiré l'Extrait suivant. Son MS. est adressé à M. Le Roux Procureur & Avocat en Parlement, à Mézières.
Il est écrit à l'autre côté d'un gros papier gris qui sert d'enveloppe, « J'ai vu & reconnu les erreurs, les abus, les vanités, les folies & les méchancetés des hommes ; je les ai haïs & détestés, je ne l'ai osé dire pendant ma vie, mais je le dirai au moins en mourant & après ma mort ; & c'est afin qu'on le sache, que je fais & écris le présent Mémoire, afin qu'il puisse servir de témoignage de vérité à tous ceux qui le verrons & qui le liront si bon leur semble. »
On a aussi trouvé parmi les Livres de ce Curé, un imprimé des Traités de M. de Fénelon Archevêque de Cambray [Edit. de 1718] sur l'Existence de Dieu & sur ses attributs, & les Réflexions du P. Tournemine Jésuite sur l’Athéisme, auxquels Traités il a mis ses notes en marge signées de sa main.
Il avait écrit deux Lettres aux Curés de son voisinage, pour leur faire part de ses sentiments, etc. Il leur dit qu'il a consigné au Greffe  de la Justice de sa Paroisse une Copie de son Écrit en 366 feuillets in-8°. Mais qu'il craint qu’on ne la supprime suivant le mauvais usage établi d'empêcher que les simples ne soient instruits, & ne connaissent la vérité.
Ce Curé a travaillé toute sa vie en secret pour attaquer toutes les opinions qu'il croyait fausses.
Il mourut en 1733 âgé de 55 ans : on a cru que dégoûté de la vie il s'était exprès refusé les aliments nécessaires, parce qu'il ne voulut rien prendre, pas même un verre de vin.
Par son testament, il a donné tout ce qu'il possédait, qui n’était pas considérable, à ses Paroissiens, & il a prié qu'on l’enterrât dans son Jardin.

Introduction

Vous connaissez, mes frères, mon désintéressement ; je ne sacrifie point ma croyance à un vil intérêt. Si j'ai embrassé une profession si directement opposée à mes sentiments, ce n'est point par cupidité : j'ai obéi à mes parents. Je vous aurais plus tôt éclairés si j'avais pu le faire impunément. Vous êtes témoins de ce que j'avance. Je n'ai point avili mon ministère en exigeant des rétributions qui y sont attachées.
J'atteste le Ciel que j'ai aussi souverainement méprisé ceux qui se riaient de la simplicité des peuples aveuglés, lesquels fournissaient pieusement des sommes considérables pour acheter des prières. Combien n'est pas horrible ce monopole ! Je ne blâme pas le mépris que ceux qui s'engraissent de vos sueurs & de vos peines témoignent pour leurs mystères & leurs superstitions ; mais je déteste leur insatiable cupidité & l'indigne plaisir que leurs pareils prennent à se railler de l'ignorance de ceux qu'ils ont soin d'entretenir dans cet état d'aveuglement.
Qu'ils se contentent de rire de leur propre aisance, mais qu'ils ne multiplient pas du moins les erreurs, en abusant de l'aveugle piété de ceux qui par leur simplicité leur procurent une vie si commode. Vous me rendez sans doute, mes frères, la justice qui m'est due. La sensibilité que j'ai témoignée pour vos peines me garantit du moindre de vos soupçons. Combien de fois ne me suis-je point acquitté gratuitement des fonctions de mon ministère ! Combien de fois aussi ma tendresse n'a-t-elle pas été affligée de ne pouvoir vous secourir aussi souvent & aussi abondamment que je l'aurais souhaité ! Ne vous ai-je pas toujours prouvé que je prenais plus de plaisir à donner qu'à recevoir ? J'ai évité avec soin de vous exhorter à la bigoterie ; & je ne vous ai parlé qu'aussi rarement qu'il m'a été possible de nos malheureux dogmes. Il fallait bien que je m'acquittasse, comme Curé, de mon ministère. Mais aussi combien n'ai-je pas souffert en moi-même, lorsque j'ai été forcé de vous prêcher ces pieux mensonges que je détestais dans le cœur ! Quel mépris n'avais-je pas pour mon ministère, & particulièrement pour cette superstitieuse messe, & ces ridicules administrations de sacrements, surtout lorsqu'il fallait les faire avec cette solennité qui attirait votre piété & toute votre bonne foi ! Que de remords ne m'a point excités votre crédulité ! Mille fois sur le point d'éclater publiquement, j'allais dessiller vos yeux ; mais une crainte supérieure à mes forces me contenait soudain, & m'a forcé au silence jusqu'à ma mort.




Thomas More

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