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  • textes philo

Nicolas de Cusa - De la docte ignorance.

Le cardinal Nicolas de Cusa au très révérend Père le cardinal Julien, son maître vénérable.

nicolas de Cues, Théologien et philosophe allemand - fin du Moyen Âge

LE MAXIMUM EST UN.

De cela il résulte très clairement que le maximum absolu est intelligible sans qu'on puisse le saisir, et nommable sans qu'on puisse le nommer, comme nous l'enseignerons d'une façon plus manifeste par la suite. Il n'y a pas d'objet que l'on puisse nommer et qui soit tel qu'il n'y en ait pas un plus grand ou un plus petit, parce que les noms sont attribués par un mouvement de la raison aux choses qui admettent un excédent ou un excès. Et puisque toutes les choses sont de la façon la meilleure qu'elles peuvent, du même coup sans le nombre il ne peut pas y avoir de pluralité des êtres. En effet enlevez le nombre et il n'y aura plus de distinction des choses, d'ordre, de proportion, d'harmonie et même de pluralité des êtres. D'ailleurs si le nombre lui-même était infini, puisque alors il serait grand au maximum et qu'avec lui coïnciderait le minimum, tout ce qui vient avant tomberait pareillement. Il revient en effet au même que le nombre soit infini et qu'il soit au minimum. Si donc, en montant dans l'échelle des nombres on parvient en acte à un maximum, cependant parce que le nombre est fini, on ne parvient pas à un maximum tel qu'il ne puisse pas y en avoir de plus grand, car celui-là serait infini. C'est pourquoi il est manifeste que l'ascension du nombre est, en acte, chose finie et qu'en puissance il arriverait à un autre nombre ; mais dans la descente le nombre se comporterait de la même façon ; par soustraction, on peut toujours en donner un plus petit, comme, pour l'ascension, on pouvait en donner un plus grand par addition, les mêmes conséquences se produisent ; sinon on ne trouverait dans les nombres ni distinction entre les choses, ni ordre, ni pluralité, ni excédent, ni excès ; bien plus, il n'y aurait pas de nombre. C'est pourquoi il est nécessaire que, dans le nombre, on arrive à un minimum, tel qu'il ne puisse pas y en avoir de plus petit : l'unité. Et, parce qu'il ne peut rien y avoir de plus petit que l'unité, elle sera un minimum simple, et celui-ci coïncide, comme on le voit tout de suite, avec le maximum. Or, l'unité ne peut pas être un nombre, parce que le nombre, comme il admet un excédent, ne peut en aucune façon être ni un minimum ni un maximum simple ; mais elle est, parce que minimum, le principe de tout nombre, et, parce que maximum, la fin de tout nombre. L'unité est donc absolue ; rien ne lui est opposé, elle est la maximité absolue elle-même ; elle est le Dieu béni. Cette unité, puisqu'elle est maxima, ne peut pas être multipliée, puisqu'elle est tout ce qui peut être. Donc elle ne peut pas devenir elle-même un nombre. Que l'on voie où le nombre nous a amenés : nous comprenons qu'au Dieu que nous ne saurions nommer, convient très exactement l'unité absolue et que Dieu est un de telle sorte qu'il soit en acte tout ce qui peut être. C'est pourquoi l'unité elle-même ne reçoit ni plus ni moins et on ne saurait la multiplier. Aussi la Déité est-elle l'unité infinie. Donc celui qui a dit : « écoute, Israël : ton Dieu est un» et « vous n'avez qu'un maître et qu'un Père aux cieux» n'aurait rien pu dire de plus vrai ; et celui qui dirait qu'il y a plusieurs dieux, affirmerait très faussement qu'il n'y a ni Dieu ni rien de tout ce qui compose l'univers : on le montrera dans les pages suivantes. En effet, de même que le nombre qui est un être de raison fabriqué par notre faculté de discernement comparative, présuppose nécessairement l'unité, qui est tellement le principe du nombre que, sans elle, il est impossible que le nombre existe ; de même les pluralités des choses, qui descendent de cette unité infinie, sont avec elle dans un rapport tel que sans elle, elles ne pourraient pas être ; en effet comment seraient-elles sans être ? Or, l'unité absolue est entité ; nous le verrons plus loin.>

§6 - Le maximum est la nécessité absolue.

On a montré, dans ce qui précède, que toutes les choses, sauf le seul maximum simple, sont finies et limitées par rapport à lui. Mais le fini, le limité a un commencement et une fin ; or, on ne peut pas dire que le maximum soit plus grand qu'un fini donné et qu'il soit fini, même si, de cette façon, on progresse toujours et jusqu'à l'infini, car dans les excédents et les excès la progression à l'infini ne peut pas se faire en acte, sinon le maximum serait de la nature des objets finis ; donc, le maximum est nécessairement en acte le principe et la fin de tous les objets finis. En outre rien ne pourrait être si le maximum simple n'existait pas ; en effet, comme tout objet qui n'est pas le maximum est fini, il dérive d'un principe ; or, il sera nécessaire qu'il dérive d'un objet autre que lui, autrement si c'était de lui-même, il aurait été, avant même d'être, et il n'est pas possible, comme la règle le montre, que de principe en cause on aille jusqu'à l'infini. Donc, le maximum simple sera ce sans quoi rien ne peut exister. En outre restreignons le maximum à l'être et disons : rien n'est en opposition à l’être au maximum (1), donc ni l’être ni l’être au minimum ; comment donc peut-on comprendre que le maximum puisse ne pas être, quand être au minimum est être au maximum ? De plus on ne peut comprendre d'aucun objet qu'il soit sans l’être. Or, l'être absolu ne peut être autre chose (2) que le maximum absolu. Donc, on ne peut comprendre d'aucun objet qu'il soit sans le maximum. En outre la vérité maxima est le maximum absolu ; or, ce qui est vrai au maximum est que le maximum simple lui-même soit, ou qu'il ne soit pas, ou qu'il soit et ne soit pas, ou que ni il ne soit, ni il ne soit pas ; on ne peut ni dire ni penser davantage ; donc, on peut me dire n'importe laquelle de ces propositions comme vraie au maximum, ma démonstration est faite, car j'ai la vérité maxima, c'est-à-dire le maximum simple. Par suite bien que dans les prémisses on ait exprimé que ce nom être ou n'importe quel autre n'est pas le nom précis du Maximum — et n'est-il pas au-dessus de tout être qu'on puisse nommer ? — cependant on doit lui reconnaître qu'il est au maximum et de façon telle qu'on ne puisse pas le nommer par le nom maximum au-dessus de tout être qu'on puisse nommer.
Pour de telles raisons et une infinité de raisons supérieures analogues la docte ignorance voit que le maximum simple existe nécessairement, de telle sorte qu'il est l'absolue nécessité. Or, il a été prouvé que le maximum simple ne peut être qu'un, donc il est très vrai que le maximum est un.
(1) Nous lisons maxime esse. (2) Nous suivons E et T.

§ 7 - De l'éternité trine et une.

Il n'y eut jamais aucune nation qui ne servît pas Dieu et ne le reconnût pas pour le maximum absolu. Nous savons que Minar dans ses Antiquités a noté : « Les Sisséniens adoraient par-dessus tout l'unité. » Or, le très illustre Pythagore dont l'autorité était inébranlable de son temps, estimait que cette unité est trine. Explorant la vérité de ce jugement, tout en portant plus haut notre esprit, raisonnons conformément aux prémisses. Ce qui précède toute altérité est éternel, personne n'en doute : l'altérité en effet c'est la mutabilité, or, tout ce qui précède naturellement la mutabilité est immuable, donc éternel. Mais l'altérité est composée de l'un et de l'autre, et c'est pourquoi l'altérité, comme le nombre, est postérieure à l'unité. Donc l'unité est, par nature, antérieure à l'altérité, et, puisqu'elle la précède naturellement, l'unité est éternelle.
En outre toute inégalité se compose d'une égalité plus un excédent. Donc l'inégalité est, par nature, postérieure' à l'égalité, ce que l'on peut prouver très solidement par résolution. En effet toute inégalité se résout en une égalité ; car l'égal se trouve entre le plus grand et le plus petit. Si donc on enlève ce qui dépasse on aura l'égal ; et si, au contraire, on a eu un plus petit, qu'on enlève du reste ce qui dépasse et on obtiendra un égal. Et cela on pourra le faire jusqu'à ce que, par des diminutions, l'on soit parvenu à des éléments simples (l). Il est donc évident que toute inégalité se ramène, par des diminutions, à une égalité. Par conséquent l'égalité précède naturellement l'inégalité. Mais inégalité et altérité vont ensemble par nature. En effet où il y a inégalité, au même endroit il y a nécessairement altérité et inversement. C'est en effet entre deux choses au moins, qu'il y aura altérité. Or, ces choses, par rapport à l'une d'elles, feront un double, c'est pourquoi il y aura inégalité. Donc, altérité et inégalité iront ensemble par nature, surtout puisque la dualité est la première altérité et la première inégalité ; mais on a prouvé que l'égalité précède par nature l'inégalité, donc du même coup l'altérité ; c'est pourquoi l'égalité est éternelle.
En outre si, de deux causes, l'une a été antérieure à l'autre, l'effet de la première sera par nature antérieur à l'effet de la seconde ; or, l'unité est soit connexion, soit cause de connexion. C'est pour cela en effet que l'on dit certaines choses « connexes » parce qu'elles sont unies. La dualité, elle, est soit division, soit cause de division. La dualité en effet est la première division. Si donc l'unité est cause de connexion, la dualité est cause de division. Donc, comme l'unité est antérieure par nature à la dualité, ainsi la connexion est antérieure par nature à la division. Mais la division et l'altérité vont ensemble, par nature, et c'est pourquoi la connexion, comme l'unité, est éternelle, puisqu'elle est antérieure à l'altérité. Il a donc été prouvé, puisque l'unité est elle-même éternelle et que l'égalité est éternelle, que, de la même manière, la connexion est éternelle. Mais il ne peut pas y avoir plusieurs éternels. Si en effet il y avait plusieurs éternels, alors, puisque l'unité précède toute pluralité, il y aurait quelque chose, d'antérieur par nature à l'éternité, ce qui est impossible. En outre s'il y avait plusieurs éternels, l'un manquerait à l'autre, aussi aucun d'entre eux ne serait parfait, et il y aurait ainsi un éternel, qui ne serait pas éternel, puisqu'il ne serait pas parfait ; cela étant impossible, il ne se peut pas qu'il y ait plusieurs éternels ; mais parce que l'unité est éternelle, l'égalité est éternelle, et de même !a connexion : donc unité, égalité et connexion, sont une seule chose. Et voici bien cette unité trine que Pythagore, le premier de tous les philosophes, l'honneur de l'Italie et de la Grèce, a enseignée à notre adoration. Mais ajoutons encore quelques mots plus précis sur la génération de l'égalité par l'unité.
(l) l'élément simple c'est celui oui ne comporte pas en lui d'inégalité. c'est l’égalité absolue. V. la suite.

§8 - de la génération éternelle.

Montrons maintenant très rapidement que, par l'unité, est engendrée l'égalité de l'unité, et, de plus, que la connexion procède de l'unité et de l'égalité de l'unité. Unité est synonyme de ontité, du mot grec ου, qui se dit en latin ens, et l'unité est entité. Dieu en effet est l'entité même des choses, car il est le principe de l’essence, et c’est pourquoi il est entité. Or, égalité de l'unité est synonyme d'égalité de l'entité, c'est-à-dire à' égalité de l'essence ou de l'existence. Or, l'égalité de l'essence est ce qui dans une chose n'est pas susceptible de plus et de moins, de trop et de trop peu. En effet si elle est en plus qu'il ne faut dans une chose, c'est un monstre, et si elle est en moins, il n'y a pas non plus de génération de l'égalité par l'unité ; ce qui apparaît clairement, lorsqu'on étudie la nature de la génération : en effet la génération est soit la répétition de l'unité, soit la multiplication de la même nature par le père, par procession dans un fils. A la vérité cette sorte de génération ne se trouve que dans les seules choses caduques ; au contraire la génération de l'unité par l'unité est une répétition unique de l'unité, c'est-à-dire une fois l'unité ; et si je multiplie l'unité deux fois, trois fois ou davantage, l'unité procréera d'elle-même autre chose : un binaire, un ternaire, ou un autre nombre ; mais l'unité répétée une fois seulement engendre l'égalité de l'unité, ce qui ne peut se comprendre autrement que par l'engendrement de l'unité par l'unité, et, en vérité, cette génération est éternelle.

§ 9 - Procession éternelle de la connexion.

De même que la génération de l'unité par l'unité est une répétition unique de l'unité, ainsi la procession de l'une et de l'autre est une répétition de la répétition de cette unité, ou, si on préfère, l'unition de l'unité et de l'égalité de l'unité elle-même. Or, on appelle procession une sorte d'extension de l'un dans l'autre, comme, lorsque deux choses sont égales, une certaine égalité s'étend, pour ainsi dire, de l'une à l'autre pour les unir et les lier d'une façon quelconque ; c'est donc à bon droit que l'on dit de la connexion qu'elle procède de l'unité et de l'égalité de l'unité, et en effet il n'y a pas de connexion d'une chose seule, mais l'unité procède de l'unité dans l'égalité et de l'égalité de l'unité dans l'unition. Aussi est-ce à juste titre qu'on dit qu'elle procède des deux puisqu'elle s'étend, d'une certaine manière, de l'une à l'autre.
Mais nous disons que la connexion n'est engendrée ni par l'unité ni par l'égalité de l'unité parce qu'elle ne naît de l'unité ni par répétition, ni par multiplication et, bien que l'égalité de l'unité naisse de l'unité et que la connexion procède de l'une et de l'autre, c'est une seule et même chose que l'unité, l'égalité de l'unité et la connexion qui procède des deux, comme si on appelait la même chose ceci, cela, le même (hoc, id, idem). Ce qui est appelé cela (id) est rapporté au premier et ce qui est appelé le même (idem) lie l'objet rapporté et l'unit au premier. Si donc sur le pronom id on avait formé le mot idité pour que nous pussions dire unité, idité, identité, idité marquant une relation avec l'unité, et identité désignant une connexion de l'idité et de l'unité, ces termes conviendraient d'assez près à la trinité. Sans doute nos très saints docteurs ont appelé Père l'unité, Fils l'égalité et Esprit-Saint la connexion ; mais ils l'ont fait à cause d'une similitude avec les objets caduques. En effet dans le père et dans le fils il y a une nature commune, qui est unique, et, aussi, par l'effet même de la nature, le fils est égal au père ; car il ne se trouve ni plus ni moins d’humanité dans le fils que dans le père et, entre eux, il y a une certaine connexion. En effet l'amour naturel lie l'un à l'autre et cela à cause de la similitude de la même nature qui est en eux, et qui descend du père dans le fils ; et pour cela même il aime son fils plus qu'un autre homme, parce qu'il lui est conforme en humanité. C'est d'après une telle similitude, si éloignée soit-elle, que l'unité a été appelée Père, l'égalité Fils et la connexion Amour ou Esprit Saint, en considération seulement des créatures, comme nous le montrerons plus bas, quand nous en serons là. Et voici bien, à mon avis, d'après l'enquête pythagoricienne, l'enquête très manifeste sur la trinité dans l'unité et l'unité dans la trinité à jamais adorables.

§ 10 - Comment l'intelligence de la trinité dans

Cherchons maintenant ce que veut dire Martianus, lorsqu'il nous apprend que la philosophie qui voulait s'élever à la compréhension de cette trinité a vomi cercles et sphères. On a montré ci-dessus que le maximum infiniment simple est unique et que la représentation de corps la plus parfaite, comme la sphère, n'en est pas un, ni celle d'une surface, comme le cercle, ni celle de lignes droites, comme le triangle, ni celle de la simple rectitude, comme la ligne droite ; mais lui-même est au-dessus de tout cela, tant et si bien qu'il faut nécessairement vomir ce que l'on atteint grâce aux sens à l'imagination ou à la raison, au moyen des organes naturels, et parvenir à l'intelligence la plus simple et la plus abstraite, où toutes choses sont l'Unité, où la ligne droite est un triangle, le cercle une sphère, l'unité une trinité, et inversement, où l'accident est la substance, le corps l'esprit, le mouvement le repos et ainsi de suite pour tout le reste ; et dès lors que l'on comprend que tout objet dans l'Unité elle-même est l'Unité on comprend que l'Unité elle-même est toutes choses et que, par conséquent, en elle-même, tout objet est toutes choses. Et l'on n'a pas vomi complètement la sphère, le cercle etc., si l'on ne comprend pas que l'unité suprême elle-même est nécessairement trine ; en effet on ne pourra en aucune façon la comprendre tout à fait comme suprême, si on ne la comprend pas comme trine, pour user d'exemples qui conviennent à la chose.
Nous voyons que l'acte d'intelligence, dans son unité, se compose de l'être intelligent, de l'objet intelligible et du fait de comprendre. Si donc de ce point de départ : l'être intelligent, on veut se transporter jusqu'au maximum et dire que le maximum est l'être intelligent au maximum, et si l'on n'ajoute pas que lui-même est l'objet intelligible au maximum, et le fait de comprendre au maximum, on n'a pas une conception exacte de l'unité maxima et parfaite. Si en effet l'unité est l'intellection maxima et parfaite qui, sans ces trois composantes, ne pourra être ni intellection, ni intellection parfaite, il n'a pas une conception exacte de l'unité, celui qui n'atteint pas la trinité de l'unité elle-même. Pas d'unité en effet sans trinité, car le mot exprime indivision, discernement et connexion. L'indivision, en vérité, vient de l'unité, de même le discernement, de même aussi l'union ou connexion ; donc l'unité maxima n'est pas autre chose qu'indivision, discernement et connexion, et, comme elle est indivision, elle est éternité sans commencement, de même que l'éternel ne s'est séparé de rien ; comme elle est discernement elle vient d'une éternité immuable ; et comme elle est connexion ou union elle procède des deux. Donc lorsque je dis : « L'unité est maxima » j'exprime la trinité. En effet, en disant « l'unité », j'exprime le commencement sans commencement ; « maxima », le commencement qui sort du commencement et lorsque je dis, grâce au verbe, qu'il y a là une copulation et une union, j'exprime la procession qui vient des deux termes. Si donc il a été très manifestement prouvé plus haut qu'il n'y a qu'un maximum, parce que minimum, maximum et connexion sont une seule chose, et, ainsi, que l'unité elle-même est à la fois minima, maxima et union, de là résulte comment il est nécessaire à la philosophie de vomir tout ce qu'on obtient par l'imagination et le raisonnement, si elle veut comprendre, par l'intellection simple, que l'unité maxima est trine. Cependant tu t'étonnes de ce que j'ai dit : alors qu'il est nécessaire que celui qui veut appréhender le maximum par l'intellection simple dépasse les différences et les diversités des choses, n'ai-je pas placé la ligne, la superficie, le cercle et la sphère dans le maximum ? Mais ainsi, ma main qui s'efforcera de t'amener à aiguiser ton intelligence, le fera plus facilement avec sûreté ; tu verras que toutes ces idées sont nécessaires et très justes, que, très directement, lorsque, du symbole, tu te seras élevé à la vérité, en portant ton intelligence très haut au-dessus des mots, elles t'amèneront à une étonnante félicité ; car, dans la docte ignorance, tu progresseras sur ce chemin où, autant qu'il est permis à un homme d'un zèle ardent, qui s'est élevé selon les forces de la nature humaine, tu pourras voir le maximum lui-même, unique et suprême, qui dépasse toute compréhension : Dieu, dans son unité et sa trinité à jamais bénies.
(l) A, B, C : la ligne est triangle, cercle et sphère.

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Biographie résumée de Jean Delumeau

Ce théologien allemand, qui finit cardinal, s'efforça de concilier la primauté pontificale avec les thèses conciliaires et travailla à l'union de l'église romaine avec les églises orthodoxes. Mais son nom retient surtout l'attention aujourd'hui en raison de son ouvrage La docte ignorance (1440) qui passa inaperçu en son temps. Or y figuraient des conceptions astronomiques qui annonçaient dès le milieu du XVe siècle la 'nouvelle astronomie qui allait s'imposer plus tard avec Copernic, Kepler et Galilée. (Jean Delumeau, Nicolas de Cues, Célébrations nationales 2001, Min. de la Cult. et de la Commun., Fr.)