‪Rabîndranâth Tagore‬
Rabindranâth Thakur, dit
Cette communion profonde, que Tagore a ressentie en lui, accompagna ses pensées, ses actions, ses convictions tout au long de sa vie. Dans ses réminiscences, il la décrit comme une expérience de grâce reçue un beau
jour à Calcutta en voyant la vie couler autour de lui, bruyante, chaleureuse et palpitante. En 1879, il avait alors 18 ans, Romain
Rolland témoigne que : Pour Tagore, l'humanité
toute entière est un seul Être, dont chacun sent en lui l'Unité.
Au dessus de l'homme individuel, il voit toujours présent le grand être: Dieu Cette sensation du lien profond avec son entourage le dotait d'une capacité aiguë d'observation, de participation, de partage.
Voici un extrait de son œuvre , intitulé Personnalité: Dès l'aube de notre histoire, les poètes et les artistes ont glissé les couleurs et la musique de leurs âmes dans le cadre de l'existence. Et par elle, j'appris avec certitude que la terre et le ciel sont tissés avec les fibres de l'esprit de l'homme qui est en même temps l'esprit universel. Si ce n'était pas vrai, alors la poésie serait trompeuse et la musique une illusion, et le monde muet ferait rentrer le cœur de l'homme dans un silence absolu. Le Grand Maître joue, le souffle lui appartient, mais l'instrument est notre esprit au moyen duquel il fait jaillir des chants de sa création; c'est pour cela que j'ai su que je ne suis pas un simple étranger se reposant dans l'auberge de cette terre sur le chemin de mon parcours de l'existence, mais que je vis dans un monde dont la vie est liée à la mienne.
Ce n'est pas seulement une jubilation euphorique vis-à -vis de cette unité fondamentale car elle lui exigeait une grande vigilance et un sens profond de responsabilité. A partir de 1890, dès lors chargé de la gestion du domaine familiale, il connut les problèmes sociaux des villageois du Bengale. Plus tard, il crée Sriniketan: le centre de réhabilitation rurale sachant que le vrai pouls de l'Inde était dans les villages. En 1905, devant la décision de Lord Curson qui était de diviser le Bengale en deux parties, il manifesta et chanta en protestation dans les rues avec ses frères musulmans. Victime d'un système éducatif anglais trop
rigide, Tagore crée sa première école pour enfants, où l'enfant cohabite en parfaite harmonie avec la
nature. Là -bas, il invita des artistes, des musiciens, des intellectuels, des enseignants du monde entier et réalisa
son rêve, celui de créer une université appelée
Visva Bharati où le Monde se retrouve dans un seul nid.
Pendant cette période, il visita le Japon (en 1916) lors de la montée de l'impérialisme, il en fut scandalisé. Et avec Romain Rolland, Stéphane Zweig, Roniger et bien d'autres, il décida de participer à la création d'un
nouveau groupement de libres esprits d'Europe et d'Asie, en vue d'élaborer la Maison de l'Amitié Mondiale pour avoir ensemble un foyer et des archives internationales et participer à la publication des éditions européo-asiatique.
C'était en 1925. Tagore a toujours possédé l'espoir de vaincre la maladie et la pauvreté du peuple de l'Inde. Il pensait que les remèdes se trouvaient dans les connaissances scientifiques, car selon lui grâce à l'étude scientifique et logique, nous progressons toujours vers la réalisation de l'universel dans son aspect physique. Il s'opposait avec
véhémence à l'aveugle traditionalisme qui paralysait le progrès de l'Inde vers le modernisme. Cette attitude anti-nationaliste fut mal comprise par plusieurs pays et même par des compatriotes. Patriote, ardent défenseur de l'héritage de l'Inde, admirateur de la tolérance et de l'humanité des sages du Moyen-Age comme Kabir, Dadou ou Nanak, Tagore tenait à une vision humaine de la vérité. Il trouva l'écho
de cette conviction dans les chants des Bauls, les chanteurs mystiques du Bengale. En 1930, à Oxford, il donna une conférence sur la Religion de l'homme, d'après lui:je sens que
je viens enfin de trouver ma religion, la religion de l'homme, parmi lequel l'infini est défini comme humain, comme quelque que chose de proche qui demande à être aimé et soutenu.
En 1941, dans l'Inde colonisée, à la veille de la
Seconde Guerre Mondiale, alors que le fascisme claironnait son message de haine,Tagore laissait son dernier message Crépuscule du siècle :
Le Moi affamé de la Nation éclatera dans une violence de furie par sa propre gourmandise éhontée.
Car il a fait du monde sa pâture, et le léchant, le mâchant et l'avalant en grosses bouchées. Il enfle et enfle jusqu'a ce que, au milieu de son orgie impie, la flèche du ciel descend et perce son cœur grossier. Cette lumière ardente et rouge sur l'horizon n'est pas la
lumière ton aube de peine, ma mère patrie. C'est la
lueur du bûcher funéraire qui brûle en cendres la vaste chair l'égoïsme de la Nation morte par ses propres excès.Ton matin attend, derrière la patiente obscurité de l'Orient, doux et silencieux. Sois vigilante, Inde. Apporte tes offrandes d'adoration a cette aurore sacrée. Que le premier hymne de sa bienvenue résonne par ta voix. Chante : viens. paix, fille de la grande souffrance de Dieu. viens avec ton trésor de contentement, le sabre de la fortitude, et la douceur couronnant ton front. N'ayez pas honte, mes frères, de vous tenir devant les orgueilleux et les puissants, avec votre blanche robe de simplicité:
Que votre couronne soit d'humilité; votre liberté, la liberté de l'âme. Bâtissez le trône de Dieu chaque jour sur l'ampleur aride de votre pauvreté, et sachez que ce qui est monstrueux n'est pas grand, que l'orgueil n'est pas éternel. Notre terre a connu beaucoup d'épreuves et a appris beaucoup
de choses parfois très douloureuses. La douleur continue;
les fractionnements, le conflit communautaire nous guettent. Les paroles prononcées par Tagore demandent encore et encore d'être interprétées, réfléchies et vécues
Rabindranath Tagore La corbeille de fruits
J'ai chéri ce monde Et l'ai entouré comme une vrille végétale avec
chaque fibre de mon être ! La lumière et la ténèbre de la lune mêlée au soir Ont flotté parmi ma conscience, en elle se sont fondues, Tant qu'à la fin ma vie et l'univers Sont un ! J'aime la lumière du monde, j'aime la vie en elle-même.
Pourtant ce n'est pas une moindre vérité que je dois mourir. Mes mots, ils cesseront un jour de fleurir parmi l'espace ; Mes yeux, jamais ils ne pourront plus se livrer à la lumière
; Mes oreilles s'entendront plus les messages mystérieux de la nuit, Et mon cœur Il ne viendra plus en hâte au fougueux appel du soleil levant
! Il faudra que je prenne fin Avec mon dernier regard, Avec ma dernière parole !
Ainsi le désir de vivre est une grande vérité, Et l'adieu absolu, une autre grande vérité. Pourtant doit se produire entre eux une harmonie ! Sinon la création N'aurait pu supporter si longtemps souriante L'énormité de la fraude ! Sinon la lumière aurait déjà noirci, comme la fleur dévorée par le ver !
Rabindranath Tagore Tes yeux m'interrogent, tristes, cherchant à pénétrer
ma pensée; de même la lune voudrait connaître l'intérieur de l'océan. J'ai mis à nu devant toi ma vie tout entière, sans en rien omettre ou dissimuler. C'est pourquoi tu ne me connais pas. Si ma vie était une simple pierre colorée, je pourrais la briser en cent morceaux et t'en faire un collier que tu porterais autour du cou. Si elle était simple fleur, ronde, et petite, et parfumée, je pourrais l'arracher de sa tige et la mettre sur tes cheveux. Mais ce n'est qu'un cœur, bien-aimée. Où
sont ses rives, où sont ses racines? Tu ignores les limites de ce royaume sur lequel tu règnes. Si ma vie n'était qu'un instant de plaisir, elle fleurirait en un tranquille sourire que tu pourrais déchiffrer en un moment. Si elle n'était que douleur, elle fondrait en larmes limpides, révélant silencieusement la profondeur de son secret. Ma vie n'est qu'amour, bien-aimée. Mon plaisir et ma peine sont sans fin, ma pauvreté et ma
richesse éternelles. Mon cœur est près de toi comme ta vie même, mais jamais tu ne pourras le connaître tout entier. ... ... ... ... Là où l'esprit est sans crainte et où la tête est haut portée, Là où la connaissance est libre, Là où le monde n'a pas été morcelé entre d'étroites parois mitoyennes, Là où les mots émanent des profondeurs de la
sincérité, Là où l'effort infatigué tend les bras vers la perfection; Là où le clair courant de la raison ne s'est pas mortellement égaré dans l'aride et morne désert de la coutume, Là où l'esprit guidé par toi s'avance dans l'élargissement continu de la pensée et de l'action
- Dans ce paradis de liberté, Mon père, permets que ma patrie s'éveille. ... ... ... ... ... Le même fleuve de vie Qui court à travers mes veines nuit et jour Court à travers le monde Et danse en pulsations rythmées. C'est cette même vie qui pousse à travers La poudre de la terre sa joie En innombrables brins d'herbe,
Et éclate en fougeuses vagues de feuilles et de fleurs.. C'est cette même vie que balancent flux et reflux Dans l'océan-berceau de la naissance et de la mort. Je sens mes membres glorifiés au toucher de cette vie universelle.
Et je m'enorgueillis, Car le grand battement de la vie des âges C'est dans mon sang qu'il danse en ce moment. ... ... ... .... Non, il n'est pas en ton pouvoir de faire éclore le bouton Secoue-le, frappe-le : tu n'auras pas la puissance de l'ouvrir. Tes mains l'abîment ; tu en déchires les pétales et les jettes dans la poussière. Mais aucune couleur n'apparaît, et aucun parfum. Ah ! il ne t'appartient pas de la faire fleurir. Celui qui fait éclore la fleur travaille si simplement. Il y jette un regard, et la sève de vie coule dans ses veines. A son haleine, la fleur déploie ses ailes et se balance au
gré du vent. Comme un désir du cœur, sa couleur éclate, et son parfum trahit un doux secret. Celui qui fait éclore la fleur travaille si simplement. Rabindranath Tagore - La corbeille de fruits
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