Sankara et la pensée hindoue. Partie 4

L'ignorance metaphysique

Lecture et commentaires sur l'introduction de Michel Hulin.

Introduction
Qu’est-ce que l’ignorance métaphysique ?

On se tromperait fort, Cependant, si l’on prétendait réduire l’ignorance métaphysique à une sorte de mécanisme affectif, simple reflet ou traduction psychique du phénomène primaire de l’individuation biologique. S’il en allait ainsi, en effet, l’avidya ne pourrait jamais être mise en évidence comme telle ni a fortiori surmontée car, exprimant un fait de nature, elle demeurerait à chaque instant immanente à l’ensemble de nos fonctionnements mentaux et ainsi présiderait à toute démarche intellectuelle supposée s’orienter vers sa dénonciation et sa suppression !

De plus, une telle conception, en assimilant implicitement l’intellect à un simple instrument au service des pulsions biologiques, ne rendrait absolument pas compte de ce dernier en tant que pouvoir fondamental de réflexion et de compréhension.

Aussi bien, la spéculation philosophique indienne s’est-elle, de tout temps, orienté dans une autre direction.

À cet égard, on ne soulignera jamais assez le rôle central qu’a joué ici la réflexion sur la nature et la fonction du langage. Très tôt, en effet, À la suite de Panini (Vers 300 av. J.-C.), fondateur de la grammaire et de la linguistique, divers auteurs ont pris conscience que la langue - pour eux avant tout le sanskrit – ne se réduisait nullement à un simple instrument, en lui-même inerte et neutre, d’expression des pensées, mais possédait une structure propre capable d’informer les données de l’expérience perceptive brute et de nous proposer, imposer, un certain découpage du réel.

Vrin.

Pré-textes collection animée par François Dagognet et Alexis Philonenko

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