Schématiquement, cette tâche s’accomplit en parallèle sur deux plans. On procède, d’un côté, à un réexamen de l’expérience commune, avant tout de la perception sensible, et cela aux fins de montrer qu’elle ne nous met jamais d’elle-même en présence d’une multiplicité réductible. De l’autre, on médite sur la structure interne du sujet pensant, et cela dans l’intention de faire voir que toutes les limitations qui enserrent son champ d’expérience, sont d’origine extrinsèques et, dans cette mesure, factices irrévocables.
Si l’on parvient à saisir, d’une part, que la multiplicité sensible apparente ne constitue pas une objection décisive au principe de l’unité du brahman ; d’autre part, que la véritable essence du sujet pensant se situe au-delà ou plutôt en-deçà de ses conditionnements physiques, psychiques, sociaux, etc., la voix vient à s’ouvrir qui conduit à un rapprochement et finalement à une fusion identificatrice du « Toi» et du« Cela».
A travers la réalisation intuitive de la vérité du tat tvam asi (et des propositions du même type comme le « Je suis brahman») s’opère le dépassement définitif de l’ignorance métaphysique et se mettent en place les conditions de la délivrance prochaine.
Dans toute cette démarche, le point d’arrivée à certes été indiqué d’avance par la Révélation, comme une sorte de phare vers lequel on se dirige, mais le parcours tout entier a bel et bien été accompli par l’esprit humain réfléchissant sur lui-même et sur les structures de son expérience du monde.
Vrin.
Pré-textes collection animée par François Dagognet et Alexis Philonenko
« Obtenant l'affranchissement de l'esclavage, qui n'est dû qu'à l'ignorance, demeure en tant qu'Être-Conscience-Béatitude (Sat-Chit-Ânanda : Sachchidânanda). Les Écritures [Véda], la raison, les paroles du Guru et l'expérience intérieure sont les moyens qu'il te faut employer à cette fin.